WASHINGTON (Reuters) - Un ingénieur de nationalité américaine a été arrêté sous l'accusation d'avoir transmis durant les années 1980 des secrets militaires à Israël concernant des armes nucléaires, des avions de combat et des systèmes de missiles, a annoncé mardi le département américain de la Justice.
Le suspect, Ben-Ami Kadish, travaillait dans un centre technique militaire du New Jersey et faisait parvenir ses informations au même "officier traitant" israélien que celui auquel avait affaire Jonathan Pollard, qui purge une peine à perpétuité pour espionnage au profit de l'Etat juif. Le cas de Pollard, qui avait plaidé coupable de trahison, en 1986, est l'un des principaux contentieux dans les relations bilatérales entre Israël et leur principal allié, les Etats-Unis. Selon l'accusation, Kadish, natif du Connecticut, aurait espionné durant une période courant approximativement de 1979 à 1985 et ses contacts avec son officier traitant israélien se seraient poursuivis jusqu'au mois dernier. Arrêté dans le New Jersey, Kadish devait être déféré devant la cour fédérale du district de Manhattan dans la journée. De source judiciaire, on précise que l'argent ne semble pas avoir été le mobile de sa trahison de secrets militaires de son pays.
Ben-Ami Kadish a travaillé pendant près de trente ans dans un centre de recherches de l'armée. Il aurait fourni des dizaines de documents, notamment sur les armes nucléaires américaines.
«Ne dis rien. Laisse-les dire ce qu'ils veulent, tu n'as rien fait. Ce qui s'est passé il y a vingt-cinq ans? Tu ne te souviens de rien.» Ces bons conseils donnés par un diplomate israélien à Ben-Ami Kadish, un ancien ingénieur mécanicien de l'armée américaine, n'auront servi à rien. Aujourd'hui âgé de 84 ans, l'homme a fini par avouer avoir remis des documents confidentiels à Israël et a été arrêté, ont annoncé mardi le FBI et le parquet.
De 1963 à 1990, Ben-Ami Kadish travaillait au centre de recherche sur l'armement de l'armée à Dover, dans le New Jersey. Il en aurait profité pour transmettre toute une série de documents relatifs à la défense nationale des Etats-Unis: des informations sur des armes nucléaires, des détails confidentiels sur des chasseurs bombardiers F-15 vendus par les Etats-Unis à des pays tiers, des instructions sur le fonctionnement du système de défense aérienne par les missiles Patriot, classées «top secret»...
Selon la justice, l'agent avait remis de 50 à 100 documents entre 1979 et 1985 qui parvenaient en Israël par l'intermédiaire d'un diplomate du consulat israélien à New York. L'ingénieur déposait les dossiers secrets dans sa maison du New Jersey, où le fonctionnaire israélien, dont l'identité n'a pas été révélée, les photographiait pour les transmettre à l'Etat hébreu.
L'acte d'accusation précise que l'espion était contacté régulièrement par le diplomate qui lui communiquait une liste d'informations qu'Israël voulait obtenir. Le 20 mars, il avait rappelé Kadish pour lui ordonner de «mentir aux autorités américaines», qui avaient commencé à l'interroger sur les documents.
Dans les années 70, le diplomate était lui même employé dans l'industrie aérospatiale israélienne, qui, à l'époque où les dossiers ont été transmis, fabriquait de l'armement pour Israël.