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‘Alî Jum‘a
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15 juin 2008 21:37
Mufti et Soufi. Les fatwas de ‘Alî Jum‘a

Par Tayeb Chouiref
lundi 2 juin 2008

La richesse et l’évolution complexe des différentes tendances interprétatives qui traversent l’Islam depuis ses débuts rendent impossibles les simplifications grossières. Certains analystes, plus ou moins bien intentionnés, reprennent pourtant à leur compte des clichés sur l’Islam qui, pour être superficiels, n’en sont pas moins dotés d’une surprenante résilience.

C’est le cas de la supposée opposition radicale entre un islam spirituel et mystique, et un islam dit ‘‘juridique et casuistique’’. En un mot, l’opposition entre le Mufti et le Soufi serait irréductible et insurmontable. C’est ainsi qu’un livre récent et intitulé Soufi ou mufti ? Quel avenir pour l’islam ? entend enfermer les musulmans dans une impasse qui n’existe que dans l’esprit de son auteur[1]. C’est oublier un peu vite – ou feindre d’ignorer – qu’il y a toujours eu des autorités de la Loi qui furent en même temps des maîtres de la Voie. Dès le 3ème siècle de l’Hégire, Junayd (m. 911), considéré comme l’une des autorités les plus importantes du soufisme, déclarait : « Notre science s’enracine dans le Livre et l’enseignement prophétique et quiconque n’est pas de ceux qui ont mémorisé le Coran, transcrit le Hadith et maîtrisé les sciences du fiqh, ne saurait être suivi. »

Le célèbre Ghazâlî (m. 1111) a réussi une synthèse harmonieuse entre les aspects juridiques et spirituels de l’Islam, entre le fiqh et le soufisme, dans sa fameuse ‘‘somme spirituelle’’ intitulée Ihyâ’ ‘ulûm al-Dîn. Il a ainsi durablement marqué toute la pensée musulmane. Quelques siècles plus tard, Suyûtî (m. 1505), l’un des auteurs les plus féconds parmi les savants musulmans, prononça de nombreuses fatwas sur des sujets relatifs au soufisme dans son recueil intitulé al-Hâwî lil-fatâwî. Il inaugurait ainsi une longue liste de muftis qui furent aussi de grands Soufis. Il fut, par exemple, suivi dans cette voie par Ibn Hajar al-Haytamî (m. 1566) dans son recueil de fatwas al-Fatâwâ al-hadîthiyya.

Plus près de nous, le Cheikh al-Azhar ‘Abd al-Halîm Mahmûd (m. 1978) prononça 43 fatwas éclaircissant les aspects les plus importants du soufisme[2]. Par ses éditions d’ouvrages classiques et les études sur la mystique musulmane qu’il publia, il fut l’un des acteurs du renouveau du soufisme en Egypte et dans bien d’autres pays. Enfin, un digne héritier de tous ces muftis soufis est ‘Alî Jum‘a, l’actuel mufti d’Egypte. Il est connu pour son combat sans concession contre l’excision dans un pays qui la pratique encore largement, et pour avoir affirmé clairement que l’apostasie ne mérite aucun châtiment terrestre dès lors que l’ordre public n’est pas menacé.

‘Alî Jum‘a est né le 3 mars 1952, il occupe la charge de Grand-mufti d’Egypte depuis 2003. Ce spécialiste des fondements du Droit en Islam (usûl al-fiqh) est aussi un homme de spiritualité et un fin connaisseur de la mystique musulmane. Outre de nombreux ouvrages sur les usûl al-fiqh, il vient de publier un recueil de cent fatwas dont beaucoup concernent des thèmes relatifs à la mystique : al-Bayân limâ yachghal al-adhdân[3]. Littéralement, le titre de l’ouvrage signifie : l’éclaircissement concernant les questions qui occupent les esprits. Ce titre suggère nettement la volonté de répondre aux difficultés que rencontre l’Islam contemporain. Près d’un tiers des fatwas concernent le soufisme (30 sur 100). C’est dire que pour ‘Alî Jum‘a les aspects mystiques de l’Islam doivent être pris en compte dès lors que l’on souhaite apporter des réponses aux interrogations qui traversent le monde musulman.

Source : [oumma.com]
 
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