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Algérie: la révolution si loin, si proche
a
17 janvier 2012 16:54
L’Algérie avait l’air d’être prête pour la révolution – mais le soufflé est retombé. Que s’est-il passé?
Quel est le problème de l’Algérie? L’année dernière, la fièvre du Printemps arabe s’est emparée d’un pays après l’autre. Des monarchies comme le Maroc ou la Jordanie ont réussi à diriger la colère populaire contre le gouvernement plutôt que le chef d’État; des États pétroliers comme le Qatar ou le Koweit ont acheté la paix sociale. Mais aucune république autocratique, aussi brutale soit-elle, n’a pu résister à la tempête—excepté l’Algérie. Il s’agit pourtant d’un pays où grèves et manifestations étaient monnaie courante bien avant 2011, où la presse se moquait ouvertement d’un dirigeant affaibli, où forces de sécurité et voyous pro-régime affrontaient les émeutiers au milieu des premiers frémissements du Printemps arabe. Il y a un an, on aurait pu parier que l’Algérie était le pays le plus susceptible de renverser son chef d’État. Il n’en a rien été. En fait, les manifestations ont tourné court. Pourquoi? Pourquoi ailleurs, et pas en Algérie?

L'Algérie, un pays non identifié
Très peu d’Américains visitent l’Algérie, ou l’étudient, ou y connaissent grand-chose. Vous ne saviez probablement pas, par exemple, que l’Algérie est le plus grand pays d’Afrique—plus grand même que le Soudan avant sa division, dont on estime que la taille est à peu près équivalente à celle de l’Europe occidentale. Certes, la plus grande partie est occupée par le désert du Sahara, mais avec 35 millions d’habitants l’Algérie est aussi la deuxième plus grande nation du monde arabe (derrière l’Égypte évidemment). Elle se classe à la quatrième place mondiale en termes de réserves de gaz naturel. Ses fonds souverains se montent à 150 milliards de dollars. Vous commencez à avoir un peu honte de ne pas en savoir plus sur l’Algérie?

Comme la Tunisie et le Maroc, l’Algérie était une colonie française. Mais la France dirigeait l’Algérie comme une extension d’outre-mer de la patrie, dont elle ne voulait, ou ne pouvait, se défaire. L’autorité française en Algérie s’acheva avec l’épouvantable guerre civile de 1954-1962, conflit dont les atrocités sont évoquées dans le célèbre film de Gilles Pontecorvo La bataille d’Alger. La guerre anticoloniale violenta la société algérienne et laissa dans son sillage un héritage de rhétorique et de pose révolutionnaires. L’Algérie devint une autocratie d’avant-garde—le Cuba du Maghreb. L’État s’y drapa dans l’étendard de la révolution.

La démocratie, en vain...
Une chose remarquable se produisit alors: Chadli Benjedid, un président installé par les dirigeants militaires de l’ombre, décida de tenter la démocratie. Après sa réélection en 1988, Benjedid promulgua une nouvelle constitution qu’il soumit à un referendum. Cette constitution éliminait toute référence au socialisme, levait les restrictions sur la liberté d’expression et légalisait les syndicats et les partis politiques. Comme le souligne un des rares experts américains de l’Algérie, John P. Entelis, dans le numéro actuel de The Journal of North African Studies, en quelques mois «le système politique algérien a été fondamentalement bouleversé pour passer d’un État autoritaire à parti unique à un état de droit multipartite et pluraliste.»

Au cours des deux années qui suivirent, l’Algérie se livra à un exercice de démocratie que le monde arabe n’avait encore jamais connu et qu’il n’a plus revu jusqu’à aujourd’hui. Le FIS, un parti islamiste, remporta un nombre énorme de sièges aux élections locales, et le vote ne fut pas annulé. Entelis explique que le FIS adhérait à une branche modérée de l’islam, comme les Frères musulmans égyptiens ou Ennahda en Tunisie (bien que pour certains, le FIS cherchait à discréditer l’État et saper la constitution). Mais en janvier 1992, évoquant la crainte d’une prise du pouvoir par les islamistes, l’armée annula les élections et renversa le régime. L’Occident, que l’islam politique effrayait également, n’émit que de faibles critiques. Le FIS représentait une menace réelle pour l’État algérien laïc; mais l’armée exploita cette peur pour imposer de nouveau son autorité sur l’État, tout comme l’armée turque le ferait l’année suivante à l’arrivée, par les urnes, d’un parti islamiste modéré au pouvoir.

La décennie noire
La Turquie bénéficia d’une deuxième chance avec l’élection du parti actuellement au pouvoir, l’AKP, en 2002; pas l’Algérie. L’échec du shéma libéral raviva les habitudes algériennes de polarisation révolutionnaire. L’armée chassa les élites du FIS et sa base; le parti vola en éclats, certains membres rejoignant l’État et les autres les rangs du terrorisme. Au cours des six années qui suivirent, les deux camps s’engagèrent dans un massacre mutuel qui fit quelque 200 000 victimes—le pire spasme de violence de toute l’histoire convulsive de l’Algérie. La guerre civile des années 1990 a traumatisé le peuple algérien bien plus profondément que la guerre de décolonisation française. Le soulèvement contre la France avait nourri une image de solidarité nationale; la guerre civile poussa activistes et réformateurs algériens les uns contre les autres, et mit en pièces la légitimité révolutionnaire de l’État.

Le président Abdelaziz Bouteflika, élu pour la première fois en 1999, mit un terme à la guerre. Il promut quelques réformes sociales modérées et toléra une liberté de la presse bien plus grande que celle qui prévalait en Tunisie, par exemple. Il fut reconduit lors d’élections relativement libres en 2004, et son action de modernisation de l’économie et de maîtrise du pouvoir des appareils sécuritaire et des renseignements est reconnue. Il permit aux islamistes, réconciliés avec l’État, d’opérer en plein jour et de se présenter aux élections. Cependant, parce qu’il continuait de consolider la puissance de sa fonction, emprisonnait ses opposants et sapait l’indépendance du parlement et du judiciaire, il en vint à être qualifié «d’autocrate libéral» dans le style de l’égyptien Hosni Moubarak. Et, soumis à un fort taux de chômage et à la hausse des prix, en 2011 les Algériens se sentaient aussi étrangers à l’État que les Égyptiens ou les Tunisiens. La principale différence était qu’ils exprimaient leur frustration plus ouvertement, par des grèves et des critiques publiques du régime, que Bouteflika, comme ses prédécesseurs, tolérait dans certaines limites.

L'étincelle prend mais...
Lorsque le Printemps arabe s’est déclenché en janvier dernier, affirme Entelis, les membres de l’opposition algérienne—activistes des droits de l’homme, islamistes, trotskistes—semblaient prêts à passer outre les profondes suspicions mutuelles qui les éloignaient depuis longtemps et qui avaient été exacerbées par la guerre civile. Il pensait, et les activistes algériens espéraient, que 2011 serait l’accomplissement de 1992. En janvier dernier, à l’époque des manifestations en Tunisie et en Égypte, des émeutes de protestation à Alger contre la hausse des prix de l’alimentation et le chômage firent cinq morts et 800 blessés parmi les manifestants. Des manifestations eurent lieu dans toutes les grandes villes du pays.

Bouteflika réagit avec force, mais fit également preuve d’un esprit de conciliation. En février, le régime leva l’état d’urgence imposé en 1992. En avril, Bouteflika annonça à la télévision des réformes constitutionnelles destinées à «consolider la démocratie», notamment une nouvelle loi électorale. En mai, le gouvernement déclara qu’il allait donner un coup de pouce aux subventions sur la farine, le lait, l’huile alimentaire et le sucre—en plus de l’augmentation de 34% des salaires des fonctionnaires annoncée un peu plus tôt. Il apparut que l’Algérie appartenait à une catégorie à part—plus souple que ses voisins comme la Libye ou l’Égypte, mais aussi assez riche pour, à l’instar de ses voisins du Golfe, apaiser la colère sociale à coups de subsides. Au lieu de prendre de l’ampleur, comme cela a été le cas ailleurs, les protestations en Algérie se sont tassées.

Le spectre de la guerre civile hante les Algériens
Les Algériens ne se souviennent que trop bien de leur passé. Des despotes comme le syrien Bachar al-Assad avaient averti que les manifestations allaient déchaîner l’extrémisme—avant de provoquer consciencieusement la réaction violente contre laquelle ils mettaient les peuples en garde. Mais en Algérie, le souvenir de désaccords politiques ayant dégénéré en lutte fratricide était encore bien trop récent. Une forme d’islam relativement modérée avait dégénéré en terrorisme; un vestige du FIS, qui avait fini par rejoindre al Qaeda au Maghreb islamique, demeure une menace pour l’État, aussi distante soit-elle. Par conséquent, si la tradition algérienne de manifester permettait un degré d’activisme interdit ailleurs, la crainte qu’un tel mouvement ne dégénère et que l’armée ne réagisse avec une brutalité meurtrière a fait office de garde-fou du mécontentement populaire.

Le régime de Bouteflika est engagé lui-même avec le pouvoir, nom donné par les Algériens à l’appareil de sécurité et de renseignements, dans une lutte pour la suprématie dont l’enjeu ultime est le contrôle des revenus du pétrole et du gaz algériens. Entelis avance que les forces réactionnaires du pouvoir ont récemment pris l’avantage. En outre, l’élite dirigeante algérienne semble plus éloignée que jamais du peuple qui s’agite. Profondément effrayé par l’effet domino du Printemps arabe, le régime s’est rangé aux côtés de Mouammar al-Kadhafi pendant la guerre civile libyenne et a été le dernier pays de la région à reconnaître le Conseil national de transition libyen, ébréchant d’autant plus ses références «révolutionnaires.» Les opposants laïcs et islamistes ont appelé Bouteflika à remplacer son Premier ministre actuel avant les élections législatives de mai prochain. Mais pour Entelis, il n’y aura aucun changement, ni évolutionniste, ni révolutionnaire. L’Algérie a tenté les deux, et les deux ont échoué.

L’histoire de l’Algérie nous met en garde contre la tentation de ranger les événements en catégories. Parce que les mêmes griefs ont donné naissance à des manifestations dans tout le monde arabe, et parce que ces manifestations ont revêtu des formes très similaires d’un pays à l’autre, nous estimons que les résultats seront également les mêmes à chaque fois. Cela ne sera pas le cas, car des histoires différentes ont façonné des cultures politiques distinctes dans chacun de ces pays. L’Algérie nous oblige aussi à reconnaître le poids du passé. L’histoire n’est pas le destin: si l’armée n’avait pas décidé d’intervenir, l’Algérie aurait très bien pu avancer à tâtons jusqu’à la démocratie. La Turquie a pris un chemin, l’Algérie un autre. Mais l’histoire façonne les attentes et les peurs, et conditionne les réactions aux nouveaux événements. Chacun d’entre nous, consciemment ou pas, transporte son passé en lui.
a
21 janvier 2012 13:49
Citation
algertunis a écrit:
L’Algérie avait l’air d’être prête pour la révolution – mais le soufflé est retombé. Que s’est-il passé?
Quel est le problème de l’Algérie? L’année dernière, la fièvre du Printemps arabe s’est emparée d’un pays après l’autre. Des monarchies comme le Maroc ou la Jordanie ont réussi à diriger la colère populaire contre le gouvernement plutôt que le chef d’État; des États pétroliers comme le Qatar ou le Koweit ont acheté la paix sociale. Mais aucune république autocratique, aussi brutale soit-elle, n’a pu résister à la tempête—excepté l’Algérie. Il s’agit pourtant d’un pays où grèves et manifestations étaient monnaie courante bien avant 2011, où la presse se moquait ouvertement d’un dirigeant affaibli, où forces de sécurité et voyous pro-régime affrontaient les émeutiers au milieu des premiers frémissements du Printemps arabe. Il y a un an, on aurait pu parier que l’Algérie était le pays le plus susceptible de renverser son chef d’État. Il n’en a rien été. En fait, les manifestations ont tourné court. Pourquoi? Pourquoi ailleurs, et pas en Algérie?

L'Algérie, un pays non identifié
Très peu d’Américains visitent l’Algérie, ou l’étudient, ou y connaissent grand-chose. Vous ne saviez probablement pas, par exemple, que l’Algérie est le plus grand pays d’Afrique—plus grand même que le Soudan avant sa division, dont on estime que la taille est à peu près équivalente à celle de l’Europe occidentale. Certes, la plus grande partie est occupée par le désert du Sahara, mais avec 35 millions d’habitants l’Algérie est aussi la deuxième plus grande nation du monde arabe (derrière l’Égypte évidemment). Elle se classe à la quatrième place mondiale en termes de réserves de gaz naturel. Ses fonds souverains se montent à 150 milliards de dollars. Vous commencez à avoir un peu honte de ne pas en savoir plus sur l’Algérie?

Comme la Tunisie et le Maroc, l’Algérie était une colonie française. Mais la France dirigeait l’Algérie comme une extension d’outre-mer de la patrie, dont elle ne voulait, ou ne pouvait, se défaire. L’autorité française en Algérie s’acheva avec l’épouvantable guerre civile de 1954-1962, conflit dont les atrocités sont évoquées dans le célèbre film de Gilles Pontecorvo La bataille d’Alger. La guerre anticoloniale violenta la société algérienne et laissa dans son sillage un héritage de rhétorique et de pose révolutionnaires. L’Algérie devint une autocratie d’avant-garde—le Cuba du Maghreb. L’État s’y drapa dans l’étendard de la révolution.

La démocratie, en vain...
Une chose remarquable se produisit alors: Chadli Benjedid, un président installé par les dirigeants militaires de l’ombre, décida de tenter la démocratie. Après sa réélection en 1988, Benjedid promulgua une nouvelle constitution qu’il soumit à un referendum. Cette constitution éliminait toute référence au socialisme, levait les restrictions sur la liberté d’expression et légalisait les syndicats et les partis politiques. Comme le souligne un des rares experts américains de l’Algérie, John P. Entelis, dans le numéro actuel de The Journal of North African Studies, en quelques mois «le système politique algérien a été fondamentalement bouleversé pour passer d’un État autoritaire à parti unique à un état de droit multipartite et pluraliste.»

Au cours des deux années qui suivirent, l’Algérie se livra à un exercice de démocratie que le monde arabe n’avait encore jamais connu et qu’il n’a plus revu jusqu’à aujourd’hui. Le FIS, un parti islamiste, remporta un nombre énorme de sièges aux élections locales, et le vote ne fut pas annulé. Entelis explique que le FIS adhérait à une branche modérée de l’islam, comme les Frères musulmans égyptiens ou Ennahda en Tunisie (bien que pour certains, le FIS cherchait à discréditer l’État et saper la constitution). Mais en janvier 1992, évoquant la crainte d’une prise du pouvoir par les islamistes, l’armée annula les élections et renversa le régime. L’Occident, que l’islam politique effrayait également, n’émit que de faibles critiques. Le FIS représentait une menace réelle pour l’État algérien laïc; mais l’armée exploita cette peur pour imposer de nouveau son autorité sur l’État, tout comme l’armée turque le ferait l’année suivante à l’arrivée, par les urnes, d’un parti islamiste modéré au pouvoir.

La décennie noire
La Turquie bénéficia d’une deuxième chance avec l’élection du parti actuellement au pouvoir, l’AKP, en 2002; pas l’Algérie. L’échec du shéma libéral raviva les habitudes algériennes de polarisation révolutionnaire. L’armée chassa les élites du FIS et sa base; le parti vola en éclats, certains membres rejoignant l’État et les autres les rangs du terrorisme. Au cours des six années qui suivirent, les deux camps s’engagèrent dans un massacre mutuel qui fit quelque 200 000 victimes—le pire spasme de violence de toute l’histoire convulsive de l’Algérie. La guerre civile des années 1990 a traumatisé le peuple algérien bien plus profondément que la guerre de décolonisation française. Le soulèvement contre la France avait nourri une image de solidarité nationale; la guerre civile poussa activistes et réformateurs algériens les uns contre les autres, et mit en pièces la légitimité révolutionnaire de l’État.

Le président Abdelaziz Bouteflika, élu pour la première fois en 1999, mit un terme à la guerre. Il promut quelques réformes sociales modérées et toléra une liberté de la presse bien plus grande que celle qui prévalait en Tunisie, par exemple. Il fut reconduit lors d’élections relativement libres en 2004, et son action de modernisation de l’économie et de maîtrise du pouvoir des appareils sécuritaire et des renseignements est reconnue. Il permit aux islamistes, réconciliés avec l’État, d’opérer en plein jour et de se présenter aux élections. Cependant, parce qu’il continuait de consolider la puissance de sa fonction, emprisonnait ses opposants et sapait l’indépendance du parlement et du judiciaire, il en vint à être qualifié «d’autocrate libéral» dans le style de l’égyptien Hosni Moubarak. Et, soumis à un fort taux de chômage et à la hausse des prix, en 2011 les Algériens se sentaient aussi étrangers à l’État que les Égyptiens ou les Tunisiens. La principale différence était qu’ils exprimaient leur frustration plus ouvertement, par des grèves et des critiques publiques du régime, que Bouteflika, comme ses prédécesseurs, tolérait dans certaines limites.

L'étincelle prend mais...
Lorsque le Printemps arabe s’est déclenché en janvier dernier, affirme Entelis, les membres de l’opposition algérienne—activistes des droits de l’homme, islamistes, trotskistes—semblaient prêts à passer outre les profondes suspicions mutuelles qui les éloignaient depuis longtemps et qui avaient été exacerbées par la guerre civile. Il pensait, et les activistes algériens espéraient, que 2011 serait l’accomplissement de 1992. En janvier dernier, à l’époque des manifestations en Tunisie et en Égypte, des émeutes de protestation à Alger contre la hausse des prix de l’alimentation et le chômage firent cinq morts et 800 blessés parmi les manifestants. Des manifestations eurent lieu dans toutes les grandes villes du pays.

Bouteflika réagit avec force, mais fit également preuve d’un esprit de conciliation. En février, le régime leva l’état d’urgence imposé en 1992. En avril, Bouteflika annonça à la télévision des réformes constitutionnelles destinées à «consolider la démocratie», notamment une nouvelle loi électorale. En mai, le gouvernement déclara qu’il allait donner un coup de pouce aux subventions sur la farine, le lait, l’huile alimentaire et le sucre—en plus de l’augmentation de 34% des salaires des fonctionnaires annoncée un peu plus tôt. Il apparut que l’Algérie appartenait à une catégorie à part—plus souple que ses voisins comme la Libye ou l’Égypte, mais aussi assez riche pour, à l’instar de ses voisins du Golfe, apaiser la colère sociale à coups de subsides. Au lieu de prendre de l’ampleur, comme cela a été le cas ailleurs, les protestations en Algérie se sont tassées.

Le spectre de la guerre civile hante les Algériens
Les Algériens ne se souviennent que trop bien de leur passé. Des despotes comme le syrien Bachar al-Assad avaient averti que les manifestations allaient déchaîner l’extrémisme—avant de provoquer consciencieusement la réaction violente contre laquelle ils mettaient les peuples en garde. Mais en Algérie, le souvenir de désaccords politiques ayant dégénéré en lutte fratricide était encore bien trop récent. Une forme d’islam relativement modérée avait dégénéré en terrorisme; un vestige du FIS, qui avait fini par rejoindre al Qaeda au Maghreb islamique, demeure une menace pour l’État, aussi distante soit-elle. Par conséquent, si la tradition algérienne de manifester permettait un degré d’activisme interdit ailleurs, la crainte qu’un tel mouvement ne dégénère et que l’armée ne réagisse avec une brutalité meurtrière a fait office de garde-fou du mécontentement populaire.

Le régime de Bouteflika est engagé lui-même avec le pouvoir, nom donné par les Algériens à l’appareil de sécurité et de renseignements, dans une lutte pour la suprématie dont l’enjeu ultime est le contrôle des revenus du pétrole et du gaz algériens. Entelis avance que les forces réactionnaires du pouvoir ont récemment pris l’avantage. En outre, l’élite dirigeante algérienne semble plus éloignée que jamais du peuple qui s’agite. Profondément effrayé par l’effet domino du Printemps arabe, le régime s’est rangé aux côtés de Mouammar al-Kadhafi pendant la guerre civile libyenne et a été le dernier pays de la région à reconnaître le Conseil national de transition libyen, ébréchant d’autant plus ses références «révolutionnaires.» Les opposants laïcs et islamistes ont appelé Bouteflika à remplacer son Premier ministre actuel avant les élections législatives de mai prochain. Mais pour Entelis, il n’y aura aucun changement, ni évolutionniste, ni révolutionnaire. L’Algérie a tenté les deux, et les deux ont échoué.

L’histoire de l’Algérie nous met en garde contre la tentation de ranger les événements en catégories. Parce que les mêmes griefs ont donné naissance à des manifestations dans tout le monde arabe, et parce que ces manifestations ont revêtu des formes très similaires d’un pays à l’autre, nous estimons que les résultats seront également les mêmes à chaque fois. Cela ne sera pas le cas, car des histoires différentes ont façonné des cultures politiques distinctes dans chacun de ces pays. L’Algérie nous oblige aussi à reconnaître le poids du passé. L’histoire n’est pas le destin: si l’armée n’avait pas décidé d’intervenir, l’Algérie aurait très bien pu avancer à tâtons jusqu’à la démocratie. La Turquie a pris un chemin, l’Algérie un autre. Mais l’histoire façonne les attentes et les peurs, et conditionne les réactions aux nouveaux événements. Chacun d’entre nous, consciemment ou pas, transporte son passé en lui.


Ton point de vue sur la question est très intéressant même s'il ne suscite pas de grand intérêt, ce qui est bien dommage.
21 janvier 2012 14:00
salam

nos pays respectifs seront malheureusement toujours prisonniers de leurs gouvernements quand bien meme ils changent

Rever de deomcratie est un luxe que nous ne nous permettrons jamais.

l'histoire de l'algerie est douloureuse certes mais je pense que malheureusement elle ne pourra jamais avancer dans le bon sens tant que ceux qui la gouverne mepriseront son peuple !!

en meme temps s'il y a bien quelquechose qui nous rassemble tous c'est les dictatures !!

Hier je lisais un article sur SFR INFO concernant l'algerie et sa dette de la securité sociale qui s'eleverait a 600 millions d'euros bref vrai ou pas !! les gens m'ont choqués avec les commentaires ...
[b][color=#FF0000][center]Se tromper une fois est une erreur Se tromper deux fois est un choix[/center][/color][/b]
T
21 janvier 2012 17:55
SoltanaM tu te trompes.....

La Démocratie c'est bien pour les pays Occidentaux,mais pas pour nos pays respectifs (comme tu dis)

Instaure une démocratie au Maghreb,et tout les mois tu auras droit a une guerre civile ou a chaque fois une nouvelle faction se battra pour le pouvoir,et tuera pour l'obtenir.

Ce qu'il faut aux pays du Maghreb,c'est des hommes forts mais justes qui dirigeront et construiront le pays d'une main de fer.

Des Hommes a la Saddam ou Hassan 2

Car quant il y'a autant de différence de culture, de religion, de séparatiste qui se déteste cordialement comme au Maghreb, il faut forcément un pouvoir très fort pour calmer tout ce petit monde là, et parfois,faut savoir etre brutal voir assassins.
Nech zie Al hoceima.........Tamassint*
M
21 janvier 2012 20:51
La réponse à la "stabilité" Algérienne se trouve dans le premier paragraphe de l'article oû il est écrit: "Des états pétroiliers comme le Qatar et le Koweit ont acheté la paix sociale" Eh bien mes amis,l'Algérie,état pétrolier,a fait la même chose en arrosant tous les secteurs à coups de millions,avec un effet rétroactif de....janvier 2008.Il ya même des travailleurs qui n'ont jamlais vu ou tenu de telles sommes entre leurs mains.Tant que le pétrole coule à flots,ce pouvoir a de beaux jours devant lui en achetant tout le monde.Mais attention aux périodes de..... vaches maigres !!!!!! Le réveil risque d'être brutal !
N
22 janvier 2012 01:21
Peut-être que les Algériens ne savent pas utiliser facebook....grinning smiley
N
22 janvier 2012 05:19
Peut etre que certains trouvent ca dommage que ca n'ai pas eclaté mais moi je trouve ca bien mieux parce que au final une revolution c'est bien quand apres on est capable de se mettre daccord sur un nouveau regime qui contente la grande majorité or la dans les pays arabes je vois pas vraiment quel pays ca a servi ces revolutions. Et la facon dont les occidentaux essaient de profiter de la situation moi je trouve ca grave et je suis bien heureuse que l'Algerie se soit abstenue. =)
o
22 janvier 2012 19:09
Pour moi la meilleure chose pour le maroc est que l'algerie reste tranquille.
De point de vue economique et geo-politique. Car l;algerie si ca explose
ca sera Qaddafi + Bachar a la puissance 10. Les x caporaux ne badinent
pas. D'ailleurs ils ont deja declare la couleur. Pour eux tout est commande
de l'exterieur. Et quand on ajoute les 200,000+ morts, egorges, terrorises,
et des milliers de mercenaires a Tindouf on ne peut s'attendre qu'au pire.

Les algeriens savent tout cela. Ils ne sont pas con. Donc ils observent et
ils esperent que Bouteftef ne se represente pas pour un 4eme mandat.
Mais s'il se represente, les algeriens vont voter pour lui avec un suffrage
de 99,999999999%. Pour les algeriens qui ne peuvent pas faire 10km
sans passer par plusieurs barrages et qui ne peuvent pas aller se promener
dans leur forets et qui ne peuvent pas marcher dans les rues sans se
faire dechiqueter par des armes blanches ou exploses par des bombes
artisnales , qui ne peuvent pas manifester (etat d'urgence) ...

Pour ces algeriens le regime dit "progressiste" est capable de tout. Vaut mieux se cacher
et faire semblant que rien ne se passe.

Savez vous que 90% du gouvernement ont entre l'age de 70 ans et 80 ans? crying( crying( crying( crying(
22 janvier 2012 19:57
Tamassint tu me fais vomir
[b][color=#FF0000][center]Se tromper une fois est une erreur Se tromper deux fois est un choix[/center][/color][/b]
r
22 janvier 2012 20:56
mr ouldabbas je sait pas ton metier mais chaque jour qui passe je m'aperçoit que t'a raté ta vocation tu aurais été une idole au cirque de moscou ou chez pinder
T
22 janvier 2012 21:05
Citation
SoltanaMM a écrit:
Tamassint tu me fais vomir

Ben Merci hein

C'est super sympa de ta part....

Ca me touche!

Enormément

Mdr

Je te fais vomir?

Enfin,néanmoins c'est flatteur de savoir que je déclenche quand meme chez toi un sentiment.........Meme si c'est le vomis.
Nech zie Al hoceima.........Tamassint*
 
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