Nabil Kebbab est le premier et le seul nageur algérien à descendre sous la barre des 49 secondes sur 100 m nage libre, mais le champion d’Algérie annonce, lors de cet entretien accordé à TSA, qu’il souffre depuis trois ans de marginalisation de la part des autorités sportives algériennes qu’ils l’ont poussé à prendre sa retraite et mettre un terme à sa carrière sportive.
Nabil Kebbab, est-ce que vous confirmez votre retraite ?
J’ai effectivement décidé de mettre un terme à ma carrière, j’arrête la natation. J’ai pris le temps avant de prendre ma décision et c’est le moment de dire stop, même si ce n’est pas facile pour un athlète de haut niveau de prendre une telle décision, mais j’ai mes raisons.
Peut-on les connaître ?
Le Ministère et la Fédération m’ont mis à l’écart depuis 2013. Tout a commencé après les Jeux olympiques 2012 de Londres. J’ai fait la préparation avec mes propres moyens et le ministre de la Jeunesse et des Sports de l’époque m’avait promis que je serai remboursé par la Fédération algérienne de natation après les JO 2012, mais quand j’ai demandé mon dû, on m’a tout simplement écarté. Je ne sais pas si mon argent a été volé par la Fédération ou c’était juste une raison pour m’écarter.
Puis, il y a eu les Jeux méditerranéens 2013 à Mersin (Turquie). La fédération m’avait contacté à la dernière minute pour que j’y participe, mais j’ai refusé parce que je n’étais pas prêt pour la compétition. En plus de tout ça, ils n’ont même pas pris la peine de m’offrir une bourse pour assurer une bonne préparation. Ils ont même fait preuve d’amateurisme en oubliant d’envoyer une convocation à mon club pour que je puisse participer aux Jeux méditerranéens 2013, mais dans leur têtes, ils étaient certains que j’allais participer. Alors, quand j’ai annoncé ma non-participation, la fédération m’a tout simplement sanctionné sans me faire passer devant le Conseil de discipline ou de me laisser expliquer les raisons pour lesquelles j’ai refusé de participer. J’étais honnête avec eux, je ne voulais pas participer à cette compétition pour salir le drapeau algérien.
Je n’arrive pas à comprendre pourquoi ils m’ont mis à l’écart, alors que je suis le premier nageur algérien à descendre sous la barre des 49 secondes sur 100m nage libre (son record est de 48 sec et 23 centièmes réalisé en 2009). J’ai seulement demandé au président de la Fédération de me rembourser mon argent et de m’expliquer les vraies raisons de ma mise à l’écart.
Qu’est-ce qui s’est passé après ça ?
J’ai continué à nager avec mon club le GSP (Groupement sportif des pétroliers) pendant deux ans, malheureusement je voulais continuer à représenter l’Algérie à l’échelle internationale cette année, mais la Fédération a continué à me marginaliser. Et je ne suis pas le seul dans ce cas, Amel Melih, une jeune nageuse de 21 ans, qualifiée aux Mondiaux de l’été 2015 de natation, a été écartée par notre Fédération alors qu’elle a tout fait pour réaliser les minima.
Pourquoi ?
Elle a tout simplement demandé un soutien financier à la Fédération et leur réponse était simple : Amel Melih a été écartée et ne participera pas aux championnats du monde qui auront lieu en Russie dans une semaine. Le ministère des Sports et les autorités sont au courant de tout ça, mais aucune décision n’a été prise, car la Fédération décide de ce qu’elle veut et personne n’a le droit de contester.
Qui accusez-vous ?
J’accuse la Fédération de natation et le ministère des Sports en deuxième lieu.
Mais il y a des nageurs qui ont bénéficié de bourses à l’étranger, comment expliquez-vous ça ?
Oui. Il y a des athlètes, qui ne sont même pas champions d’Algérie et qui prennent des grosses sommes d’argent qu’aucun athlète auparavant n’en a jamais reçues. Et je sais de quoi je parle. Il y a des nageurs actuellement qui ont bénéficié de bourses à l’étranger avec le triple de la somme que Salim Iles recevait alors que nous savons tous que Salim est champion d’Afrique et le premier nageur algérien à rivaliser avec les plus grands.
Un dernier mot…
Je veux juste que les responsables de la Fédération de natation et du ministère des Sports prennent conscience qu’ils sont en train de « tuer » la natation et le sport algérien en général, car ils mettent des obstacles aux jeunes qui veulent vraiment réussir et qui travaillent très dur pour réaliser leurs rêves.
La mémoire permet d’immuniser le passé pour mieux regarder l’avenir / Le temps est le meilleur moyen qu’a trouvé la nature pour que tout ne se passe pas d’un seul coup.
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