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Aimer et vivre en communauté
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29 décembre 2005 06:12
Le Prophète dit, attribuant ces paroles à Dieu : « Quiconque offense un ami à Moi, Je lui déclare la guerre. Il n'est d'offrande plus agréable à Moi que l'accomplissement par Mon serviteur des obligations que Je lui ai assignées. Mon serviteur, s'il persévère dans les actes surérogatoires (facultatifs), finira par mériter Mon amour. Quand Je l'aurai aimé, Je deviendrai son ouïe avec laquelle il entend, sa puissance de vision avec laquelle il perçoit le monde, sa main avec laquelle il agit et son pied avec lequel il marche. S'il M'invoque Je lui répondrai, s'il se réfugie en Moi Je serai son protecteur. Je n'hésite en rien de ce que Je veux faire sinon à reprendre l'âme de Mon serviteur ; lui n'aime pas mourir et Moi Je n'aime pas qu'il soit contrarié ».
L'amour de Dieu se mérite par l'accomplissement du devoir d'abord, par le déploiement de l'effort ensuite au service de la cause de Dieu qui est celle des hommes, sans compter. La perspective dans laquelle j'ai disposé les dix vertus principales et les soixante-dix-neuf qualités qui les composent se dessine bien. Entendre l'appel de Dieu est le point de départ ; le point f inal est le degré de complétude morale et d'accomplissement spirituel du parfait combattant, ami de Dieu, promis à la félicité éternelle.
Dieu est près de Sa créature, attentif à ses aspirations. Dieu devient ouïe et vision du serviteur aimé ; c'est l'ineffable, c'est l'ihsan transcendant. Pour avoir tenté d'exprimer l'indicible, des bavards comme Hallaj ont semé la méfiance dans l'esprit des légalistes vigilants. Pour certains, les paroles lumineuses de ce hadith qodsi resteront à jamais hermétiques.
Le coeur béni du bon serviteur est inondé d'amour qui rejaillit sur le monde entier et se fixe en un attachement tout particulier au Prophète. Il est dit clairement dans le Coran que l'amour du serviteur pour Dieu doit se traduire par l'imitation confiante du Prophète. Mais l'imitation restreinte et extérieure des gestes du Prophète n'est pas la voie de l'amour, il faut la sympathie du coeur aussi. L'islam gestuel est la terre solide où cultiver les deux vertus cardinales, mais si le coeur est fermé à l'Appel transcendant, l'iman n'afflue pas, la terre n'est pas fertilisée et les vertus ne prospèrent pas. La pierre d'achoppement la plus encombrante sur le chemin d'entente entre les légalistes et les soufis est la mésentente sur la façon d'aimer Dieu et Son Prophète. Les textes et la sunna vécue par les Compagnons sont pourtant clairs là-dessus.
« Trois sentiments, dit le Prophète, font goûter à celui qui les éprouve la douceur de l'iman : aimer Dieu et Son Prophète, aimer son frère uniquement pour l'amour de Dieu et détester revenir à l'infidélité à Dieu comme l'on déteste tomber dans le feu. »
L'iman a un goût, une douceur que l'on peut sentir, retenez-le bien.
Aimer les hommes pour Dieu
Le Prophète rapporte ces paroles qu'il attribue à Dieu : «Mon amour est réservé à ceux qui s'aiment en Moi, à ceux qui se conseillent en Moi, à ceux qui se rendent visite en Moi, à ceux qui se font des dons pour Moi. Ceux qui s'aiment en Moi occuperont (dans la vie dernière) des chaires de lumière, ils seront enviés, tant est élevée leur position, par les Prophètes et les Justes».
S'aimer en Dieu c'est bannir tout calcul terre-à-terre des relations de la communauté. C'est donner son argent et son temps comme preuve de fraternité, c'est visiter, soigner, aider et sourire. Les simples actes de solidarité quotidiens revêtent, aux yeux de Dieu, une grande importance.
S'aimer en Dieu, c'est échapper aux petits sentiments et aux clôtures du tribalisme, du nationalisme étroit, des exclusivismes sectaires et des particularismes de clocher.
Dans la communauté islamique vivante, les fidèles doivent faire assaut d'amour. « De deux hommes, dit le Prophète, qui s'aiment en Dieu, le plus aimé de Dieu est celui qui aime le plus l'autre. »
Fréquenter les moumins et leur rendre hommage
Le Prophète dit : « Chacun a la même intensité de foi que son ami le plus intime. Choisissez donc vos amis avec soin ».
« Je compare, dit-il encore, le bon et le mauvais Compagnon au colporteur de muse et au forgeron. Le premier, si vous le fréquentez, finira par vous donner ou vous vendre partie de sa marchandise, et de toute façon vous sentirez le parfum. A fréquenter le second, vous ne manquerez pas soit de voir vos vêtements brûler, soit de sentir auprès de lui les mauvaises odeurs. »
Vous voyez comment l'éducation par l'exemple et par la sympathie de l'amitié est conduite à notre entendement par cette allégorie subtile. Fréquenter les personnes saintes, cultiver de bonnes relations avec les meilleurs moralement et spirituellement, respecter les personnes âgées, respecter votre frère, respecter la personne humaine. En Islam, on doit mesurer sur l'étalon moral et spirituel les candidats aux postes de responsabilités éducatives. Tous ceux qui ont des contacts avec la jeunesse et le public : instituteurs, professeurs, journalistes, prédicateurs, doivent être soumis à l'épreuve morale autant et plus qu'à l'examen des connaissances.
L'aménité des relations interpersonnelles et la collaboration des générations sont deux objectifs à atteindre. Il faut extirper la tradition d'indifférence et détourner la jeunesse du modèle néfaste qu'expose et propose la culture étrangère pour les inviter à écouter leurs aînés restés purs. A ceux-ci de savoir gagner la confiance puis la sympathie puis l'engagement des jeunes.
Imiter sympathiquement le Prophète
L'imitation du Prophète pour ce qui est des actes d'adoration est une obligation pour tout mouslim. Ici, il est question de la conduite quotidienne qui révèle la qualité du caractère et l'actualisation de la moralité. Le modèle est aussi modèle du comportement. Pour que dans la communauté les tendances centrifuges des egos en éducation n'aigrissent pas les rapports quotidiens, référence est amicalement faite à un précédent dans la vie du Prophète, à un trait de son caractère. Cela éveille la sympathie davantage que le sermon et l'autorité des textes. Les tablighi, sages parmi les sages, fondent toute leur méthode sur l'imitation sympathique du Prophète. Nul étonnement si, pour ce qui est du sentiment et de la personnalité affective de base, ils rappellent le modèle.
La conduite du Prophète, rapportée dans le plus petit détail par ses contemporains qui surveillaient chacun de ses mouvements et par sa famille, décèle le souverain aise d'un homme à l'ego apaisé et complètement dominé. Il n'était que bonté et avait des égards pour tous. Il n'avait aucun attachement pour les biens terrestres et son respect pour l'homme était grand. Un jour, le cortège funèbre d'un juif vint à passer devant lui, aussitôt il se lève. Ses Compagnons, qui avaient une dent contre leurs voisins peu commodes, l'interrogent sur son geste. « N'est-ce pas aussi une âme humaine ? », répond-il.
Sentir comme le Prophète et se comporter comme lui, c'est se laisser pénétrer d'amour et irradier l'amour. C'est chasser l'égoïsme hautain, l'instinct acquisitif et jouisseur, l'intolérance et les attitudes colériques. C'est aussi être d'une activité inlassable au service de Dieu, donc au service de ses frères. Le Prophète était toujours le premier à secourir ses frères et à se lever pour défendre la communauté. Ami des hommes et soldat toujours prêt pour le combat.

Imiter le comportement familial du Prophète
Le Prophète dans sa famille était un bon père et un bon époux. Il aidait ses épouses à faire le ménage. Il partageait le jeu innocent de sa famille. Pour les enfants, il avait une grande tendresse.
Notre mère Aïcha, épouse du Prophète, fut interrogée sur la conduite du Prophète à la maison. « Il était, dit-elle, au service de sa famille à la maison, mais dès qu'il entend l'appel à la prière, il laisse tout et sort à la mosquée. »
La même épouse bénie raconte qu'un jour, elle voyageait en compagnie du Prophète ; ils organisèrent tous deux une .course à pied qu'elle gagna. Quelque temps après, devenue moins légère, une nouvelle course fut gagnée par le Prophète. « J'ai eu ma revanche sur toi ! », lui dit-il.
Omar Ibn AI Khattab raconte qu'un jour il vit les deux petits-fils du Prophète, Hassan et Houssain, à califourchon sur le dos de l'auguste Envoyé de Dieu. Omar leur dit : « Quel bon cheval vous avez là ! ». « Et quels bons cavaliers ils sont ! », ajouta le Prophète.
Ainsi, cet homme qui a bouleversé le monde, qui a bâti une société sans pareille, qui a rudement guerroyé et qui était entouré du respect d'hommes rigoureux et austères était un homme plein de douceur. Aucune solennité, aucun protocole, aucun mensonge, aucune fatuité. Prophète et chef d'Etat ensemble, il se laissait attendrir par un caprice d'enfant et jouait parfaitement le rôle de l'époux tendre et du père bon compagnon.
Imiter sympathiquement les compagnons
S'identifier aux Compagnons et suivre leur trace, c'est coller au modèle. Dans la diversité de leur caractère et la différence de leurs capacités, ces hommes simples, portés par l'iman aux sommets de l'accomplissement humain sont dignes d'être imités, non d'être relégués dans les nuées du mythe. Ils ont eu à choisir la voie difficile et à faire le pas décisif qui sépare la jahiliya de l'Islam. Il est indubitable que le choix et le pas que chacun de nous doit faire seront plus faciles si la sympathie, ravivée dans notre souvenir, est mise au service d'un projet, d'une volonté actuelle de nous donner, comme eux, à Dieu et, partant, de changer comme ils l'ont fait la face du monde et la trajectoire de l'histoire.
Nous devons rechercher le secret de l'éducation qu'ils ont reçue et qui leur fit abandonner leurs anciennes habitudes, leurs anciens sentiments et leurs anciennes idées. Il nous sera très utile de méditer la transformation de ces hommes bruts en sages et en agents de cette grandiose, épopée. Notre horizon culturel est encombré par les images importées des personnalités de l'histoire humaine. Les vertus humaines, partout où elles se manifestent, sont toujours appréciables, mais les vertus imaniques des Compagnons, après celles des Prophètes, sont seules dignes de notre admiration et de notre émulation.
Leur conduite et leurs exploits, ainsi que leurs bévues et leurs erreurs, nous ont été abondamment rapportés. L'oeil de sympathie verra le fruit d'une éducation, l'oeil critique mirera la disproportion entre la grandeur de la tâche accomplie et la modestie de leurs moyens et mettra en parallèle l'immensité relative des moyens dont nous disposons et la nullité jusqu'ici des résultats.
De grandes leçons peuvent être tirées de l'exemple de la marche vers l'Exode, des efforts de perfectionnement pour mater l'ego et vivre en Communauté, du combat perpétuel et dur sur les deux fronts de la stratégie psychologique et de la stratégie de guerre. Le cortège de l'Histoire ne s'est pas arrêté à l'époque des Prophètes, nous pouvons toujours espérer redevenir dignes héritiers de ces nobles figures. Les bons exemples éveillent les bonnes vocations.

Imiter le comportement familial des compagnons
Ce quadruple renvoi à l'imitation se justifie par l'importance que nous attachons à la réjuvénation de notre personnalité, aliénée, par le greffage sympathique, par l'identification affective avec ces modèles forts que furent les premiers fidèles dans leurs vertus personnelles et familiales. L'institution sociale et éducative la plus importante étant la famille, il est important d'évoquer abondamment le modèle fort à notre temps où la famille se disloque et avec elle le berceau où naît et fait ses premiers pas la personnalité de l'être humain. Pour rétablir l'innéité dans sa vigueur, la famille, milieu naturel de la transmission des valeurs, doit être entourée de tous les soins.
Les militants communistes chez nous, forts d'une longue expérience de subversion, concentrent leurs efforts sur la famille pour la détruire et dégager la jeunesse de son influence bénéfique. Une fois les régimes révolutionnaires établis, la famille est méthodiquement pulvérisée. La rupture avec le passé, l'éclosion de la nouvelle personnalité loyale seulement au Parti et de la société collectivisée sont inaugurées dans la délation des parents et dans la méfiance mutuelle semée entre amis et voisins.
L'un des objectifs les plus nobles de la rénovation est de restaurer la famille dans sa transparence communautaire. Les longs siècles de désordre que nous n'avons pas encore fini de traverser ont introduit dans nos moeurs des coutumes qui n'ont rien à voir avec l'Islam. Comme préambule à la mise en place d'un cadre institutionnel et éthique sain, il faut remettre en question les injustices et le laisser-aller qui sévissent dans notre société. A la femme ont été ravis les droits que l'Islam lui octroie. Les critiques occidentaux, qui ne veulent pas voir leur situation de polygamie de fait sauvage et admettre au moins que la polygamie tolérée en Islam est moins hypocrite, ont raison quand ils stigmatisent l'asservissement de la femme. Cet asservissement est désordre et déni de la Loi. Cela ne veut pas dire que la liberté animale que la civilisation perverse accorde à la femme pour que l'homme en fasse son jouet soit autre chose qu'un avilissement plus ignoble de la moitié de la société. En Islam la femme a sa dignité, sa personnalité juridique et morale et un rôle éminent dans la communauté : celui de gardienne de l'innéité, celui d'éducatrice. Ce rôle noble ne contredit pas le rôle de la femme comme productrice. La production de l'homme, que l'Occident confie, après la naissance biologique, aux mains mercenaires des crèches et des garderies d'enfants, est à nos yeux infiniment plus importante et mérite un travail qualifié que seule la mère peut achever. Cette réserve faite, rien n'empêche la femme en Islam d'accomplir, après satisfaction à son devoir de mère et d'épouse, un travail économiquement plus immédiat, d'avoir une carrière, de faire partie de l'Appel et de l'Etat. Tout l'y invite au contraire et à s'instruire à l'égal de l'homme. La pudeur, la réserve et la pureté des moeurs constituent les traits de cette rigueur éthique, de cette rectitude que la communauté première possédait au plus haut point et qu'il faut instaurer dans nos sociétés à rénover. La femme et l'homme sont tenus de respecter le code de conduite, tout doit être conçu en vue de favoriser la pureté; pas de vins, pas de films pornos ou indécents, pas d'exhibitionnisme, pas de fréquentations dites libres, pas de maisons closes. La Loi est rigoureuse là-dessus.
Les devoirs et les bonnes dispositions qui font la solidarité de la famille sont relâchés dans nos sociétés de désordre. La revendication du plaisir égoïste est en train d'aplatir la famille, chez nous, aux dimensions du bestialisme jahilyen, surtout dans les couches aisées en contact avec l'Occident et en sympathie avec ses valeurs. L'idéal de pureté qu'incarne le modèle contribuera, s'il est intériorisé, à purger notre imagination et nos moeurs de la sexualité dépravée qu'y ont déposée les romans et les films d'Occident et qu'ont favorisée :
1) la misère de la femme qui se trouve obligée pour vivre et faire vivre sa famille de vendre son corps ;
2) l'instinct déréglé de l'homme qui abdique sa responsabilité et préfère chercher dans la débauche une satisfaction fugitive et dégradante ;
3) le relâchement général propre aux sociétés en décadence.
L'Occident d'aujourd'hui, comme celui d'hier à Rome, vit ses derniers jours; la débauche et le luxe. le mariage homosexuel voté par les parlements, la famille détruite ou en train de l'être ; il faut que nous nous arrachions à ce courant qui nous entraîne.
Au moment où la pornographie devient culture, il nous faut donner à l'humanité l'exemple de la vertu, de la pudeur et de l'exact équilibre des rapports homme/femme que Dieu a prescrit. Dans les familles modèles, les hommes et les femmes ont fait ensemble l'Exode, ont rompu ensemble avec le passé. La femme était mère et conseillère de son mari, elle était partenaire dans les travaux de la maison et des champs, elle était guerrière à côté de son mari, combattante de la foi dans sa sphère vitale. L'amour régissait les rapports, non la passion de la chair. Le couple était attaché par les liens intimes que tisse l'engagement commun à la fidélité, à une cause et non cet « amour » volatile auquel la civilisation occidentale voue un culte sans bornes.

Faire honneur aux parents et aux amis
L'Islam donne au lien de parenté une grande place. Le devoir d'honorer père et mère vient immédiatement après le devoir d'adorer Dieu sans lui associer de fausses divinités. Le Coran insiste beaucoup là-dessus, le hadith aussi. La mère surtout est désignée à notre piété. C'est que la naissance à la foi vient tout naturellement par le même canal que la naissance du corps. L'un des problèmes de la renaissance islamique est que les parents qui ont reçu une éducation islamique sont peu nombreux et que l'Islam est déconsidéré aux yeux d'une jeunesse droguée par les idées occidentales au moyen desquelles et en fonction desquelles elle critique l'Islam de façade en place. Cette déconsidération est en régression depuis les événements d'Iran. L'Islam reprend le visage de la justice et de la dignité redonnée aux peuples opprimes. Peu à peu, le message passe entre la génération restée fidèle à l'Islam et les jeunesses jusqu'ici globalement hostiles.
D'autre part, l'Islam traditionnel hérité est peuplé de superstitions et d'hérésies. Une éducation sage cherchera à éduquer parents et jeunesse par l'effet mutuel d'une osmose où l'affection naturelle n'aura pas trop de difficultés à devenir amour. De l'amour. sentiment humain, on doit passer aux sentiments imaniques qui lient Dieu à Son serviteur et. dans le même mouvement, celui-ci à ses semblables. Les amitiés particulières au-dedans de la Communauté sont à encourager : le compagnonnage est, en matière d'iman, le moyen le plus direct pour faire son apprentissage de vertus et son ressourcement par la sympathie (j'emploie ce mot dans le sens fort de son origine : sentir avec ).
L'iman s'apprend ; ce que je peux sentir, j'en ai d'abord une idée en observant mes amis ; la sympathie vient par contagion, Ce que je dois faire et comment je dois le faire, je l'apprends d'abord par mimétisme. Amour et sagesse doivent s'apprendre à bonne école.
Les soufis ont gardé le secret de l'éducation par imprégnation sympathique. La fréquentation d'un maître, d'un cheikh, est la condition première pour entreprendre le voyage au sommet. Un feu nourri d'anathème, de critique, de sarcasme se déverse sur les soufis vivants confondus avec les professionnels, les charlatans, les faux marabouts et les nécromanciens, Les légalistes, qui ont le vent en poupe, continuent une guerre contre les confréries, vives ou mortes, qui a été commencée, voici quelque deux siècles, en Arabie.
Aux valeurs de l'amitié, ils substituent celles de la méfiance. Il est superflu de dire davantage le rôle dévastateur que peut jouer un juriste superficiel, financé par des instances qui ont intérêt à diviser pour régner, dans les rangs des hommes d'Appel.
Il reste que la rencontre d'un fidèle, l'amitié nouée avec lui sont la seule porte d'entrée aux sphères de l'iman et de l'ihsan. C'est pour cette raison que je place au premier rang la vertu d'amitié et de Communauté.
Se marier et pratiquer la continence
Le mariage est un devoir que la Communauté doit encourager. Se marier en Islam n'a pas pour seul but de mener une vie autonome dans l'intimité du couple, c'est surtout le moyen d'accéder à une responsabilité et à une respectabilité mises en évidence par un statut moral et juridique qu décourage le célibat. Le mariage islamique fait du devoir marital un acte hautement considéré, mais la continence est la vertu de rigueur vis-à-vis des autres femmes. Il faut baisser les yeux, il faut éviter de parler en privé à une femme étrangère. Tout à fait le contraire du laxisme bestial que les jahilyens nous ont appris. La moindre incartade est sévèrement réprouvée. Ce qui peut paraître d'une austérité insupportable aux efféminés et aux excités d'aujourd'hui est l'état normal des relations entre les deux sexes dans la Communauté islamique. La femme a de la pudeur, une conscience alerte de son honneur, l'homme observe Dieu et non pas les jambes des femmes qui doivent être couvertes strictement. Mais de là à réduire la femme en esclavage, il y a un abîme. Les coutumes décadentes sont responsables du tort fait à la femme. Celle-ci est un être à pleine dignité ; comme l'homme, elle doit rendre compte de ses actes devant Dieu. Comme l'homme, elle est appelée à s'élever moralement et spirituellement pour mériter un devenir meilleur.
Les abus du mâle, que ce soit en société islamique ou ailleurs, reposent sur sa supériorité physique ; la phallocratie n'est pas une invention du désordre de notre histoire. L'Islam accorde à la femme mariée, comme à la jeune fille et à la veuve, toutes les garanties de sécurité et de dignité. Son père ou son plus proche parent sont obligés de la prendre en charge si elle n'a pas de mari. Celui-ci doit seul, de par la Loi, assurer les dépenses du ménage même si sa femme est riche. La Loi assigne au mari le devoir de diriger la vie conjugale et familiale et de subvenir aux besoins de sa nichée. A la femme le devoir non moins capital de préserver la vie conjugale et familiale des aléas de l'inconstance et de l'instabilité ; deux caractéristiques de la famille dissolue d'aujourd'hui.
La vie de famille en Islam est faite d'affection vraie, sous-tendue de décence, de responsabilité, de pudeur et de chasteté. Les règles de la bonne conduite conjugale sont abondamment exposées dans le Coran et le hadith. C'est dire l'importance que l'Islam accorde à cette institution vitale dans la vie de la Communauté.

Assumer son devoir familial
Il n'est pas dans la nature humaine de se sacrifier indéfiniment pour les autres. La quotidienneté des rapports familiaux donne l'occasion aux revendications peu généreuses ou égoïstes de se manifester et menacer l'équilibre et l'harmonie du couple. Les deux partenaires peuvent différer grandement quant aux dispositions conséquentes du comportement imanique. C'est pourquoi la Loi définit, dans le détail, les devoirs et les droits de chacun des deux époux. Sur cette base juridique peuvent s'épanouir la compréhension et la concorde. Le devoir assumé de bon coeur et accepté aplanit les difficultés du jour. Dieu est jaloux de voir Sa Loi transgressée, les petits ennuis quotidiens disparaissent à l'évocation du courroux divin. Ce côté de la règle et du strict est le complément nécessaire de l'amour et l'étai principal de la sagesse.

Honorer son voisin et son hôte
Le bon voisinage et le respect de l'intimité du voisin sont vivement conseillés. Notre voisin comme notre parent ont titre à notre sollicitude et à un traitement spécial. L'entretenir et cultiver son amitié est un devoir. Le passant, ami ou inconnu, doit trouver, partout chez ses frères, abri et nourriture. L'hospitalité est une vertu institutionnalisée en Islam. En Islam idéal, car nos sociétés en régression ont oublié, comme tant d'autres, cette pratique fraternelle. Le devoir d'hospitalité est un devoir moral que les consciences vives remplissent très volontiers.
Le Prophète dit : « L'ange Gabriel est venu me recommander de bien traiter le voisin, avec une telle insistance qu'à un moment donné je crus qu'il allait lui donner droit d'héritage ! ».
Le Prophète dit encore à propos de l'hospitalité : « Quiconque a foi en Dieu et en la vie dernière doit honorer ses hôtes, faire des dons à sa parenté et se taire tant qu'il n'a rien d'utile à dire ».

Etre au service de ses frères
La mentalité égoïste conçoit les relations humaines sous l'angle de l'intérêt. Il est un calcul beaucoup plus intéressant -, celui qui consiste à accumuler les bonnes oeuvres en vue d'un meilleur-être moral et spirituel. Dans la vie dernière, il y a récompense, il y a l'agrément de Dieu. Chaque fois que je me montre généreux et que je pense à mon frère avant de penser à moi-même, j'avance en vertu et m'exerce à dépasser l'ego.
« Le musulman, dit le Prophète, est frère de chaque autre musulman ; il doit s'abstenir de lui causer du tort ou de l'abandonner s'il se trouve en difficulté. Quiconque s'occupe au service de son frère, Dieu s'occupera de ses propres affaires. Quiconque allège les peines de son frère, Dieu allégera ses propres peines au jour du jugement, Quiconque épargne son frère, Dieu l'épargnera au jour du jugement. »

Etre bon et de bon caractère
Les douze affluents de cette première vertu principale cités jusqu'ici découlent du sentiment généreux et ouvert envers autrui, sentiment traduit par des attitudes d'affection, de respect et de don. Avant tout autre chose, l'iman se déverse en nous au contact sympathique avec les moumins.
Que ce soit nos père et mère ou les autres membres de la communauté que nous fréquentions, nous sommes imprégnés, un peu plus chaque fois, d'amour et de sagesse. Un compagnon privilégié par des dons exceptionnels peut nous hisser par l'exemple et par le flux d'amour qui émane de son coeur aux sommets vraiment.
La complétude morale et spirituelle se réalise par la qualité des compagnons mais aussi par le succès que nous remportons sur nous-même, sur l'ennemi interne : l'ego conseillé par Satan. Etre bon et avoir bon caractère, cela dépend assurément des aptitudes humaines innées, mais le rôle de l'acquis éducatif est important. L'on peut, en soumettant l'ego à une interrogation sans relâche et en lui imposant une ascèse de tous les instants, dans les règles de l'iman, l'amener à composition. Tel est le prix de l'amour et la rançon de la sagesse. Ce treizième affluent conditionne la qualité et le débit des autres.
Oussama Ibn Charîk, un Compagnon, rapporte ceci : « Nous étions, dit-il, tout un groupe autour du messager de Dieu, que Dieu répande sur lui Sa Grâce. Nous étions assis immobiles comme si des oiseaux perchaient sur nos têtes ; personne n'osait parler, Survient un autre groupe d'hommes qui questionnent le Prophète : Quels hommes, dirent-ils, Dieu aime-t-il le plus ? - Ceux, répondit-il, dont le caractère et le comportement sont les meilleurs ».

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