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Ahmed Chantoufi, prisonnier bloggeur: La 25ème heure
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9 octobre 2006 19:04
[www.lejournal-hebdo.com]
Entre l'ombre et la lumière, il ya les mots.
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9 octobre 2006 20:07
Ahmed Chantoufi, prisonnier bloggeur: La 25ème heure
28-09-2006
Ahmed Chantoufi, 37 ans, est un meurtrier, condamné à mort et attendant son heure. Il est aussi l’un des bloggeurs les plus prolifiques du web marocain.
Ahmed Chantoufi est condamné à mort. Voilà 9 ans que l’homme accumule les écrits, les appels et les blogs sur le web, non pas pour clamer son innocence puisqu’il ne l’est pas, mais pour mettre à nu une justice aveugle aux complices, au contexte, aux conditions des détenus. C’est un homme charmant, à la parole posée et au verbe choisi, qui sait ce qu’il dit et veut qu’on l’écoute. Lui n’est plus le problème, dit-il. Il a commis des crimes et paiera son dû à la société. Bien d’autres ont commis des meurtres mais peu ont été comme lui condamnés à mourir. Il était drogué et soûl, cette nuit de l’été 96 où il a battu à mort deux hommes venus l’agresser chez lui, sans avoir l’intention de les tuer ni même savoir qu’il les avait laissés sans vie.

DESTIN CHOISI ?
Né il y a 37 ans dans la banlieue pauvre de Meknès, Hay Triq Moulay Driss, Ahmed Chentoufi est le 4ème enfant d’une fratrie de six. Une enfance entre l’école et le foot, puis c’est le collège où il est bon élève. Ensuite, «il fallait travailler. C’était alimentaire». Pas de regrets ni de rancœur. Vendeur à la sauvette, petits boulots, il roule sa bosse à Meknès puis du côté de la frontière espagnole, les soirs, entre Fnidek et Sebta. A 18 ans, Ahmed Chentoufi passe le concours de la Marine et devient matelot à la 1ère base navale de Casablanca. Deux ans plus tard, il est promu quartier-maître et devant ses grandes capacités physiques, son aptitude au travail sa discipline et sa bonne conduite, il intègre les commandos spéciaux de plongeurs et démineurs…
Affecté à El Hoceima, il devient vite, grâce à son bagou, le «chargé de mission» des gradés du Nord. «J’étais l’agent immobilier, le passeur d’alcool et de drogue, le gros bras… Leur homme à tout faire», raconte-t-il sans émotion. «Lorsqu’un supérieur voulait une terre, on trouvait un jebli du coin qui entamait une action en justice contre les Eaux et Forêts, par exemple. Une fois le procès gagné à coups de pistons et de pots de vins, on rachetait la terre au gars pour des clopinettes. C’est comme ça que tous les gradés du Nord se sont partagé la côte de Martil et bien plus». Drogue, alcool, corruption, pouvoir… Il quitte l’armée et mène la vie d’un pacha, esclave de ses mandarins. Pour des mésententes répétées, un petit boss du coin lui envoie ses sbires. Deux fois, ils le matraqueront sans avoir raison de sa malsaine ambition. «L’homme est né cupide et envieux de ce que les autres possèdent. Je n’étais pas différent», se définit-il simplement. A la 3ème descente, c’est lui qui les battra à mort avant de fuir. Quelques mois plus tard, il est arrêté par Interpol à Marbella. Depuis 1997, l’ex-caïd local est derrière les barreaux. Il a fait les principaux centres pénitenciaires du Maroc (pas moins de 12 transferts). Ahmed Chentoufi a arrêté de boire, de se droguer. Il a monté des associations de détenus, s’est occupé de création de programmes culturels et de réhabilitation… Un prisonnier modèle, dit-on, ce qui n’est pas du goût de ses geôliers. En effet, il est le détenu le plus prolifique en réclamations, appels au changement et autres contestations, et sans doute l’un des meilleurs connaisseurs du droit. Conditions de détention, exactions commises par les plus puissants dans les prisons, injustices fréquentes, viols entre prisonniers et de jeunes filles livrées de force dans les cellules contre pécules conséquents, dont il dit avoir été témoin à Tanger… Tout est objet de lettres dont une ouverte adressée au ministre de la Justice actuel et une autre qu’il prépare à l’intention du roi. Sans oublier ses blogs sur le Net. Le condamné à mort cherche une raison de vivre et de se racheter «à ma propre conscience». La désillusion et la peur sont à peine perceptibles lorsqu’il conclut : «J’ai perdu l’espoir pour moi-même, mais pas celui d’un avenir meilleur et plus juste».

1969
Naissance de Ahmed Chentoufi à Meknès

1986
Il intègre la Marine, devient matelot puis quartier-maître.

1990
Il quitte l’armée pour une première histoire de drogue

1996
Lors d’une rixe, Ahmed Chentoufi bat deux hommes à mort

2006
Condamné à mort, le taulard devenu modèle attend son heure.


Oumama Draoui


www.dikrayat13ahmed.skyblog.com
 
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