Le nombre des élus qui se sont donnés la peine d’assister, mardi, à la séance du vote est de 186 sur un total de 395 députés, ce qui n'équivaut même pas à la moitié. Pour une fois majorité et opposition se sont mis d’accord sur un point : faire l’école buissonnière. La première force à l’hémicycle compte en effet plus de 217 députés, seuls 138 ont répondu présent. Chez les seconds, les absents était nombreux. Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, n’était pas également de la partie.
Encore une fois, l’absentéisme était la norme, marquant de son empreinte cette législation issue de la constitution du 1er juillet. La seconde partie du projet de loi de finance qui sera votée aujourd’hui, et consacrée aux dépenses, ne devrait pas déroger à la règle. Les chaises vides auront, à coup sûr, la vedette. Et pourtant le règlement interne prévoit des sanctions en cas d’absences injustifiées, telles l’énoncé des noms des absents sans justifications avant l’ouverture de la séance des questions orales et leur publication ensuite dans le Bulletin officiel. Des mesures qui n’ont jamais vu le jour.
Le roi Mohammed VI a soulevé, en octobre 2010, cette question faisant valoir que «la qualité de membre du parlement n’est pas tant un privilège personnel, mais plutôt une charge impliquant le devoir de s’atteler résolument, de façon responsable et engagée, à la recherche de solutions réalistes aux questions pressantes qui préoccupent le peuple». Pire encore, le phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur et c’est pareil pour les caprices des députés. Ils viennent de solliciter des passeports diplomatiques du ministère des Affaires étrangères, un moyen de compenser la perte de l’immunité. Quant aux conseillers, ils ont adressé une lettre au cabinet royal demandant la prorogation du mandat de la Chambre haute du parlement jusqu’en 2018.