Un discours «qui va à l’encontre des principes de tolérance, bien propres à la ville et au pays». C’est ce que pense la mairesse de Marrakech, Fatim-Zahra Mansouri, des propos concernant le tourisme dans la ville ocre, tenus par le ministre de la Justice, Mustapha Ramid. En effet, lors de sa visite dans une école coranique de Marrakech le 29 mars dernier, le ministre a affirmé que «des touristes originaires de plusieurs continents viennent à Marrakech pour passer beaucoup de temps à commettre des péchés et s'éloigner de Dieu». Dans sa lettre ouverte à Ramid, Mansouri affirme que personne, même pas le ministre, n'a le droit d'indiquer ceux qui s'éloignent de Dieu et ceux qui ne le font pas. Selon la mairesse, les propos de Ramid sont «blessants pour la ville et ses habitants et indignes d’un responsable gouvernemental». Pour elle, Marrakech regorge de belles réalisations, qui font la fierté du pays, dont M. Ramid pourrait parler.
Retirer les propos
La Fédération nationale du tourisme [FNT], inquiète, considère que les déclarations de Mustapha Ramid peuvent porter préjudice à l’image du Maroc et «influencent les décisions des investisseurs étrangers». A cet effet, elle demande au ministre de retirer ses propos qui, selon elle, «ne s’inscrivent nullement dans cette image que le ministre de la justice pourtant membre du gouvernement, a pu donner à notre pays».
Le ministre du Tourisme demandait récemment de manière implicite à Ramid de s’occuper de ses prérogatives. «La mise en œuvre de la stratégie du tourisme relève de la responsabilité du ministre de tutelle et du chef du gouvernement», avait-il déclaré.
Quoi qu’il en soit, certains professionnels, à l’instar d’Abdellatif Abouricha, responsable communication au Conseil Régional du Tourisme Marrakech, pensent qu’il n’y a pas de souci à se faire. D’après lui, la polémique ne peut influer sur l’activité touristique de la ville : «La ville de Marrakech a réussi à survivre aux attentats terroristes d’Argana, elle survivra à cette polémique», déclarait-il récemment.
Depuis le début de la polémique, le ministre de la Justice ne s’est plus exprimé sur la question.