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Grand Angle

Maroc : Les factures d’eau et d’électricité au cœur du malaise social

Des manifestations ont eu lieu à Marrakech et des pétitions ont été signées à Oujda, en mars. Les factures d’eau et d’électricité ont affiché des montants record cet été et les usagers se révoltent. Les prix au m3 et au kWh n’ont pas augmenté, mais avec un pouvoir d’achat réduit, les factures deviennent insoutenables.

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Des pétitions ont été signées, à Oujda, contre la hausse des factures d’électricité, rapporte le portail d'Oujda, le 6 mars 2012. A Marrakech, mi-mars, des manifestations se sont déroulées devant la régie autonome de distribution d’eau et d’électricité de Marrakech, pour demander la baisse des factures. Au plus fort des manifestations du Mouvement du 20 février, il y a un an, les slogans tels que «Lydec dégage», interpellant la Lyonnaise des eaux, gestionnaire pour la Ville de Casablanca du service d’eau et d’électricité, avaient fleuri.

Le mécontentement social cristallisé sur les factures d’eau et d’électricité est tel que «le gouvernement actuel a proposé de retirer la taxe sur l’audiovisuel de la facture d’eau et d’électricité», souligne Mehdi Lahlou, président de l’association Maroc pour l'Association Contrat Mondial de l’Eau (ACME-Maroc) et professeur d’économie à l’Institut de statistiques et d’économie appliquée. Cette taxe est prélevée automatiquement pour tous les foyers et varie, selon les villes et les consommations d’électricité, entre 10 et 15DH environ.

Les prix ont-ils flambé ?

Malgré la contestation, un constat : les prix de l’eau et de l’électricité n’ont pas augmenté à Oujda et Marrakech, depuis 2006. C’est la hausse de la consommation qui est en cause. «La mécontentement a débuté il y a plusieurs mois. Ce sont les factures des mois d’été qui posaient problèmes car la consommation augmente fortement en cette période», explique Amine Berrada, responsable relations publiques à la Régie autonome de distribution de l'eau et de l'électricité de Marrakech (Radeema), où des mesures ont été prises. Même situation à Oujda selon le portail d'Oujda. «Le prix du raccordement a été diminué de 6000 à 1500DH et pour certains foyers qui vivent à plusieurs dans une seule maison nous avons décidé de poser un compteur par famille pour éviter que le montant total de la facture grimpe dans les tranches de consommation les plus chères», explique Amine Berrada.

«Il faut arrêter de croire que les prix de l’eau et l’électricité augmentent sur la seule décision de l’opérateur. Il n’y a pas de libertés des prix, ce sont des prix administrés», insiste Claude de Miras, chercheur à l’Institut de Recherche et Développement. «Les prix du m3 et du kWh sont décidés au niveau du ministère des Affaires économiques générales délégué auprès du Premier ministre, la régie n’a de marge d’action que sur les prix périphériques», explique Amine Berrada.

Pourtant le sentiment d’injustice est bel et bien là, accompagné d’un mécontentement constant. «Ce qui a pu se produire c’est que ces factures sont devenus insupportables dans un contexte de chômage élevé», explique Mehdi Lahlou. «Les augmentations de prix de tous les produits de base ont été gelés début 2011 avec le Printemps arabe et le Mouvement du 20 février», indique-t-il, mais en 2012, l’inflation devrait doubler pour s’établir à 2,5% contre 1,3% d’inflation sous-jacente (hors prix contrôlés) cette année. Lorsqu’une famille vit avec un salaire unique au SMIG, soit 2154DH par mois, une facture d’eau et électricité peut rapidement s’élever à près du quart de ses revenus.

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