La troisième édition de Mediterranean Delight Festival (la deuxième organisée au Maroc), verra, du 10 au 14 mai prochains à Marrakech, la participation de plusieurs danseuses orientales de différentes nationalités et confessions, dont des juives originaires de l’Etat hébreu. Choix qui n’a pas été très bien accueilli au Maroc et qui vient s'ajouter à une piètre appréciation de l'édition précédente…
Les Marrakchis, tour à tour, critiquent, débattent, refusent l’idée ou l’acceptent. Quoi qu’il en soit, ce festival ne laisse personne sans avis. Les voix hostiles à ce festival s’élèvent donc au niveau des citoyens marocains, mais aussi et surtout au niveau du gouvernement islamiste nouvellement élu.
«Israël, un Etat fasciste !»
Ce qui est pour le moins incontestable, c’est que d’après les témoignages collectés, nombreux sont ceux qui refusent catégoriquement de dissocier l’art de la politique. Parmi ceux-ci, il y a lieu de mentionner Sion Assidon. Pour le militant associatif marocain de parents juifs, «Il n’y a rien qui puisse être séparé de la politique. Inviter des danseuses qui représentent un Etat fasciste, à savoir Israël, c’est passer un message lâche et inhumain à la fois». Et de continuer : «Si certains parlent de tourisme intellectuel en faisant allusion à l’ouverture du Maroc aux autres civilisations et religions, moi je parlerai de terrorisme intellectuel en montrant du doigt le fait de vouloir passer l’éponge sur l’Apartheid israélien et de recevoir des danseuses de ce pays précis, sur un tapis rouge lors d’un festival qui n’est pas le bienvenue au Maroc».
Cependant, il existe des danseuses et chorégraphes marocaines expatriées qui réclament le droit de danser dans leur Maroc natal, histoire d’exprimer leur passion pour la danse orientale. Hakima Aroussi est une professeur de danse charki en Espagne. Selon ses dires : «Je suis une fervente défenseuse de la cause palestinienne. Cependant, l’art sert entre autres à rompre avec les différends politiques et interreligieux. Autrement dit, je ne peux pas boycotter un festival dans mon propre pays seulement parce qu’il verra la participation d’une ou de plusieurs danseuses originaires d’Israël».
L’organisatrice s'explique mais ne s'excuse pas...
Contactée par nos soins, Simona Guzman, organisatrice du festival en question s’explique mais ne s’excuse pas : «J’ai des origines marocaines et l’envie de renouer avec le pays de mes ancêtres m’a toujours animé. Partant de ce principe, je sens que j’offre un service à mon pays en faisant bouger son tourisme, les transports, hôtellerie et la scène culturelle», jette-t-elle d’emblée, avant d’enchaîner : «la danse orientale n’a ni religion ni frontières. De même, il est choquant de vouloir empêcher un artiste de participer à un festival à cause de son appartenance ethnique ou religieuse. J’espère qu’un jour la politique apprendra des choses des messages de paix relayées par l’art».
Pour mettre un terme aux rumeurs qui présagent l’annulation de ce festival, Simona rétorque : «ce festival aura lieu, comme prévu et il verra la participation de danseuses provenant de part et d’autre. Qu’elles soient musulmanes, chrétiennes ou juives, elles viendront exprimer leur amour pour la danse orientale dans un pays à la fois exotique, tolérant et à l’avenir prometteur».