Le rapport intitulé «AMI International 2011 World Naval Market Forecast Highlights Continued Growth, Continuity in the MENA Region» a été publié en novembre dernier mais est passé totalement inaperçu dans la presse marocaine. Le document souligne que les pays de la région MENA n’ont cessé de multiplier les investissements pour acquérir des navires afin de protéger leurs eaux territoriales, et ce depuis 2008.
Les jeunes...touchés, coulés
Pour les 20 prochaines années, les 14 pays de la région vont investir 45 milliards de dollars américains, prévoit le rapport. Ces prévisions sont 20% plus élevées que celles faites en 2008. Des prévisions effarantes surtout lorsque l’on sait que le taux de chômage moyen des jeunes 15 à 24 ans de la région tourne autour des 25 % contre 14% au niveau mondial. En plein Printemps Arabe, les pays de la région préfèrent jouer à la bataille navale plutôt que de ce concentrer sur les solutions pour l'emploi des jeunes.
Dans ce rapport, le Maroc arrive à la sixième position avec un budget prévu de 2,47 milliards de dollars pour l’achat de 31 navires au total. La toute dernière frégate baptisée Sultan Moulay Ismail, qui a été livrée au Maroc remonte à neuf jours seulement, le 10 mars dernier. Ce bateau a été construit au chantier naval de Damen Schelde Naval Shipbuilding, à Flessingue, au sud-ouest des Pays-Bas. Elle fait parti d’un lot de trois frégates commandées aux néerlandais. La première avait été livrée à la Marine royale en septembre 2011.
Des frégates pour surveiller l'immigration clandestine ?
Mais les Pays-Bas ne sont pas le seul pays vers lequel se tourne le Maroc pour commander des navires de guerre, il y a aussi la France. Le premier a été livré par la DCNS à Lorient, en juin 2011. Il s'agit du patrouilleur Bir Anzarane. Et en 2013, le royaume recevra, son plus grand navire de combat, le Mohammed VI, une frégate de 6000 tonnes et 140 mètres de long. Objectif : mieux surveiller le détroit de Gibraltar et plus largement la Méditerranée occidentale notamment contre l’immigration clandestine et les trafics de drogue. En plus de ces navires de guerre, il faut ajouter les 24 avions militaires F-16 commandés aux Américains. L’été dernier, le pays a reçu les 4 premiers exemplaires.
De quoi impressionner, voir inquiéter le voisin algérien qui cherche lui aussi à prendre part à cette course de l’armement, mais qui préfère s'approvisionner chez les Russes et acheter des Soukhoï Su-30. Sur le plan naval et dans le rapport, l’Algérie est classée à la quatrième position. 2,780 milliards de dollars sont dédiés ces 20 prochaines années à l’achat de 26 bateaux. Sans oublier que le pays voisin possède déjà 4 sous-marins de type Kilo de fabrication russe.