Trois cas de mauvaise gouvernance y ont été exposés. Ils touchent des secteurs ou des institutions de premier plan. On a pu, ainsi, écouter des témoignages sur le manque de transparence chez Maroc Télécom, l'opérateur historique de télécommunications ; sur les dérives au sein du premier investisseur marocain qu’est la Caisse de dépôt et de gestion ainsi que sur le non respect des droits des bénéficiaires des terres collectives et sur la manipulation de celles-ci.
Ces trois exemples sont édifiants car les témoignages sont étayés et s'appuient sur des références précises. Les intervenants ont, ainsi, illustré le non respect des règles de bonne gouvernance. Bonne gouvernance qui, comme il est connu, a pour piliers la responsabilisation des décideurs et son corolaire la reddition de comptes, la transparence et l’accès à l’information, l’état de droit et l’approche participative. Les règles de bonne gouvernance ont pour but de mettre fin à la décision centrale et verticale et de promouvoir l’efficience.
Au-delà de cette conférence, ce qui interpelle c’est la détermination d’un nombre croissant d’individualités prêtes à dénoncer les gabegies, preuves à l’appui, là où elles se trouvent. Ces personnes n’ont plus besoin d’une affiliation à une association, à un parti politique ou un syndicat pour exprimer leurs opinons. Les nouvelles technologies de communication et internet leur ont ouvert un champ de bataille contre les abus de pouvoir et la gabegie.
Cette agora satellitaire fait fonction de «markez» quartier général) de résistance contre ces deux ennemis, nouveaux colonisateurs et vampires du pays.
Société civile et individualités se retrouvent dans cette lutte pour l’intérêt du «Watan» (patrie), pour réclamer des comptes aux décideurs publics qui, souvent, n’ont pas assimilé les règles de bonne gouvernance et affichent avec morgue le mépris du citoyen.
Cette résistance n’est pas sans nous rappelée les «wataniyounes» (résistants) purs et durs du temps du protectorat. Même si ces derniers, à de rares exceptions, se sont dilués dans l’exercice du pouvoir.
Ainsi donc, plus de cinquante ans après l’indépendance du Maroc et au deuxième printemps nord-africain, de nouveaux «wataniyounes » sont là. En faire abstraction serait faire preuve d’un manque de lucidité pour ne pas dire d’un autisme politique. Ceux qui croient continuer à gérer la chose publique comme avant se trompent.
La reddition des comptes pointe son nez chez nous. Enfin !