D’après Reuters, citant ce mardi 13 mars un haut responsable gouvernemental, le gouvernement marocain, devrait revoir à la baisse ses prévisions de croissance du PIB pour cette année : elles passeraient de 4,2% à 3,5%. Pire, une autre source du gouvernement contactée par l’agence de presse parle même de prévisions de croissance de seulement 2,5% si la pluie ne tombe pas en mars et en avril. Des prévisions catastrophiques et contradictoires qui interviennent 5 jours seulement après que le gouvernement Benkirane ait fait adopter le projet de loi de finances pour l’année 2012, à l'assemblée national. La loi de finance prévoit un taux de croissance de 4,2%.
«Cela fait 40 ans qu’on ne fait rien. Quand il y a des sécheresses on bouge et quand il pleut, on ne fait rien», déplore Najib Akesbi, économiste et professeur à l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II de Rabat. Pour lui, il est important que le nouveau gouvernement mette en place une véritable stratégie anti-sécheresse pour permettre au PIB national de moins dépendre du PIB agricole et des pluies. Une stratégie dans laquelle il faudrait mettre en place un nouveau modèle de production. Par exemple, des variétés de blé moins fragiles qui résistent mieux à la sécheresse, pourraient être privilégiées, alors que les céréales représentant au total 70% de la campagne agricole marocaine.
En attendant que le nouveau gouvernement s’attèle à cette nouvelle stratégie, si le Maroc ne peut produire assez de blé pour subvenir à ses propres besoins, il devra en importer encore davantage de l’étranger. De quoi faire exploser le déficit de sa balance des paiements. En 2011, les importations de céréales ont énormément augmenté. «D’après les statistiques de l’Office des Changes, les achats du blé à l’étranger se sont élevés à 3,77 millions de tonnes, en hausse de plus de 16%», rappelle Le Matin. Le coût total de la facture : 11 milliards de DH. Soit une augmentation de 48% par rapport à 2010. La hausse possible du prix du kilo de farine lié à l'augmentation de la demande intérieure viendra également allourdir les dépenses liées à la caisse compensation, mise en place pour stabiliser les prix des denrées les plus nécessaires.
Caisse de compensation alourdie
De plus, les prix internationaux du pétrole et du gaz ne baissent pas. Le baril tourne actuellement autour des 106 dollars à New York alors que la loi de finance, encore une fois très optimiste, se base sur un baril à 95 dollars. La caisse de compensation continuera à être mise à contribution. «2012 pourrait enregistrer un nouveau record en termes de charges de compensation : 53 milliards de DH, c’est un minimum auquel il faudra s’attendre, de l’avis de nombre de professionnels», s’alarme la Vie Eco. De quoi aggraver encore le déficit budgétaire. En 2011, le déficit budgétaire a atteint les 56 milliards de dirhams atteignant 7% du PIB.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, le tourisme pourrait également dégrader les prévisions de croissance du pays. «Le ralentissement de l'activité touristique liée à la crise en Europe pourrait également peser», prévoit Reuters, alors que le tourisme représente 7,5% du PIB et qu'il est la deuxième source de devises du pays.