Alphabétisation et emploi au Maroc : Les agriculteurs s'en sortent le mieux

Un taux d’alphabétisation de 60 % pour les travailleurs agricoles. Ce qui fait de l’agriculture le secteur le plus alphabétisé au Maroc, selon une étude publiée en mars 2012 par la direction de Lutte contre l’analphabétisme (DLCA) du ministère de l’Education nationale. En d’autres termes, l’agriculture est le secteur d’activité dans lequel les salariés qui requiert le plus de connaissances et de compétences de bases. Les agents des services et l’administration publique sont les moins alphabétisés avec respectivement 27% et 23%.

Il faut dire que le secteur agricole suscite depuis le début de l’année de fortes inquiétudes auprès des professionnels. Suite aux problèmes de gel et de faible pluviométrie. Ces résultats sur l’alphabétisation des professionnels marocains pourraient donner un regard plus optimiste sur l’avenir du secteur. Par contre, ce qui est surprenant, c’est de voir qu’un secteur comme celui des services qui connait un véritable essor depuis peu à l’instar des banques et des télécoms : Attijariwafa Bank, BMCE Bank, Maroc Telecom... qui après avoir conquis le marché national déploient de fortes politiques d’expansion à l’étranger, pour ne citer que ces cas-là.

Faible engagement des entreprises

L’engagement des entreprises dans l’alphabétisation de leurs salariés est même presque absent. Dans un monde qui évolue aussi rapidement, l’actualisation des connaissances devient un levier de performance, de rentabilité et de croissance qui devrait constituer une priorité pour l’entreprise d’aujourd’hui. Les statistiques révèlent que sur l’ensemble des inscrits aux programmes d’alphabétisation entre 2010 et 2011, l’on comptait seulement 0,24% d’entreprises.

Afin de résoudre le problème d’analphabétisme des salariés, Aziz Qadiri, président de la commission Responsabilité sociale des entreprises (RSE), préconise une intervention de l’Etat via l’OFPPT. «Le système des contrats spéciaux doit être revu afin de faire de l’alphabétisation des salariés une priorité pour les entreprises», a-t-il déclaré à Les Echos Quotidien. Le responsable de la DLCA, El Habid Nadir, quant à lui, déplore le risque de «non-retour sur investissement» pour les entreprises qui n’investissent pas dans l’alphabétisation des collaborateurs.

Actuellement, le taux d'analphabétisme au Maroc est estimé à 30% de la population âgée de 10 ans et plus en 2010, laissant le Royaume encore loin des objectifs de la charte nationale pour l'alphabétisation. Ce taux a été évalué à 38.5% en 2006 par l’enquête nationale sur l'analphabétisme, la non scolarisation et la déscolarisation au Maroc, réalisée par le Département de l’Alphabétisation et de l’Education Non Formelle et à 43% par le dernier recensement général de la population et de l’habitat en 2004.