Un panaché de piques ironiques et une explosion de formules théâtrales, voilà à quoi ont eu le droit les spectateurs qui ont suivi le débat télévisé d’hier soir mardi 6 mars entre le président sortant Nicolas Sarkozy et Laurent Fabius, ancien Premier ministre, dans l’émission Des Paroles et des actes. «Un débat plaisant à regarder, comme un match de foot qui se terminerait par un 7-0. Mieux qu'un 0-0, mais moins bien qu'un 3-2 très serré.», explique un des journalistes de l’Express qui attribue une note de 13/20 au débat. Un autre journaliste de Service France aurait aimé voir un Laurent Fabius «plus tranchant». Pourtant tout était réuni pour rendre ce débat plus captivant à regarder. Depuis son élection à la présidence, il y a 5 ans, c’est la première fois que Nicolas Sarkozy participait à un duel face à un adversaire politique. Par ailleurs, le président sortant est en difficulté dans les sondages, distancé actuellement par François Hollande.
«Trop d'étrangers !»
En plus de défendre son bilan et de lire les phrases soigneusement surlignées en jaune fluo par son équipe pour mieux attaquer Laurent Fabius, le président sortant en a profité pour annoncer plusieurs mesures nouvelles sur le thème de l’immigration, le thème de prédilection de Marine Le Pen. C’est vers 22h15 que le ton est donné. «Nous avons trop d'étrangers sur notre territoire. (…) Notre système d'intégration risque l'embolie, la paralysie. Pour relancer l'intégration sur le quinquennat il faut diviser par deux le nombre de gens que nous accueillons.», lance Nicolas Sarkozy souhaitant ainsi faire passer le nombre d’immigrés admis à séjourner légalement de 180 000 à 100 000. Rappelons que Marine Le Pen souhaite faire passer le nombre d’immigrés légaux de 180 000 à 10 000.
A l’instar de Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy envisage de couper les vivres aux immigrés et surtout ceux qui viennent d’arriver en France pour les décourager de rester. «Je ne veux pas d'une immigration qui serait fondée sur la seule appétence pour des revenus de minima sociaux. Je veux une immigration pour que les étrangers viennent en France parce qu'ils aiment la France», a-t-il déclaré. L’une des mesures proposées est de durcir les conditions d’accès et d’obtention aux prestations sociales et notamment celle du RSA, le Revenu de Solidarité Active versé à des personnes qui travaillent déjà mais dont les revenus sont limités. Ainsi, les immigrés légaux qui souhaitent recevoir le RSA devront avoir résidé en France depuis 10 ans en France et avoir travaillé 5 ans. Ceux qui ne répondront pas à ces critères n’auront pas le droit ni au RSA ni au minimum vieillesse dont le montant s'élève à 742 euros mensuels pour une personne seule.
Par ailleurs, Nicolas Sarkozy souhaite également durcir les conditions concernant le regroupement familial et l’attribution de visas aux conjoints étrangers «fondées sur les revenus, le logement et des examens dans les consulats portant sur la pratique du français et la connaissance des valeurs de la République», précise Rue 89.
Contrairement à Marine Le Pen qui souhaite la supprimer, Nicolas Sarkozy a fait savoir qu’il ne toucherait pas à l’aide médicale d’état accordée aux sans-papiers et également à la Couverture médicale universelle déclarant ne pas vouloir «remettre en cause cette générosité française».
Par ailleurs, Nicolas Sarkozy est revenu sur la polémique de la viande halal en accusant de le FN de vouloir trop souffler sur les braises alors que le Premier ministre François Fillon n'a pas hésité à faire enfler la polémique samedi dernier en suggérant aux juifs et aux musulmans de revenir sur la manière dont ils abattaient les animaux. Il s'est dit également favorable à un étiquetage des viandes.
Incohérences
Ce matin, les autres adversaires politiques de Nicolas Sarkozy ont réagi suite aux mesures proposées concernant l’immigration. Le candidat socialiste François Hollande a parlé ce matin sur Europe 1 «d’incohérences», lui qui, "hier souhaitait l'immigration économique" et "aujourd'hui veut la réduire", rapporte le Point. "Ce qu'il a fait hier soir, c'était humiliant pour des millions de personnes", a déclaré de son côté l’eurodéputé Daniel Cohn-Bendit sur Canal + qui a qualifié le discours de Nicolas Sarkozy de «dangereux».
Extrait de l'émission Des Paroles et des Actes