L’été dernier, le Maroc reconnaissait le Conseil National de Transition libyen comme l’unique représentant légitime du peuple libyen. Aujourd’hui, vendredi 24 février Saâd Dine El Otmani, ministre marocain des Affaires étrangères, participe à une conférence internationale à Tunis. Objectif : faire pression sur le président syrien Bachar al-Assad pour qu’il mette fin à ces attaques contre les rebels.
Les personnalités politiques de 70 pays arabes et occidentaux ont fait le déplacement, aujourd'hui, à Tunis, y compris la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton et le ministre français de la Défense Alain Juppé. Cette conférence intervient deux jours après que le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane ait reçu séparément, mercredi 22 février, deux délégations représentant l’opposition syrienne : l’Instance de la coordination de la révolution syrienne et le Conseil national de transition syrien.
Soutien symbolique
Malgré la demande ferme d’El Otmani, aujourd’hui, d’arrêter immédiatement l'effusion du sang en Syrie, le royaume a-t-il réellement les capacités et un poids diplomatiques suffisant pour influer sur la situation syrienne. «Il est positif que le Maroc apporte son soutien à l’opposition syrienne, nous avons tout de même en Syrie, un chef d’Etat qui massacre son peuple ! Néanmoins le soutien apporté par le Maroc est purement symbolique. Les grands pays comme les Etats-Unis ou la France n’ont même pas réussi à résoudre le conflit, comment voulez-vous qu’un petit pays comme le Maroc le fasse», souligne Jawad Kerdoudi, président de l’Institut Marocain des Relations Internationales.
Bien que le Maroc siège depuis le début janvier au Conseil de sécurité de l’ONU en tant que membre non permanent, cette place au sein de l’ONU ne revêt qu’un caractère prestigieux pour le royaume, pas plus.
Intervention militaire
A ce stade, Jawad Kerdoudi ne voit pas d’autres solutions pour arrêter le conflit syrien qu’une intervention militaire. Cependant, pour qu’il y ait intervention, il faudrait qu’une résolution soit votée à l’ONU. Encore faudrait-il que la Chine et la Russie, pays disposant d'un siège permanent au Conseil de sécurité, ne fassent pas usage de leur droit de véto comme cela a été le cas début février. Les deux pays ont opposé leur véto à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression en Syrie.
Dans le cas où une intervention finirait par être votée, elle se ferait, selon Jawad Kerdoudi, soit par l’OTAN, soit par une alliance entre les Etats-Unis et les pays arabes qui ont les moyens de s’engager militairement comme le Qatar et l’Arabie Saoudite. «Pour intervenir militairement, les Etats-Unis veulent et ont besoin d’avoir le soutien d’un maximum de pays arabes pour avoir une légitimité. Le Maroc ne peut rien faire de plus que de condamner le massacre syrien et d’assister aux réunions internationales», poursuit Jawad Kerdoudi. Selon lui, un tel soutien des pays arabes permettrait également aux Etats-Unis de ne pas être accusés de vouloir porter atteinte à la souveraineté de la Syrie comme cela a été le cas en Irak, lorsque les USA ont envahi le pays, il y a maintenant 9 ans.
En attendant une éventuelle action militaire des militants de l’opposition syrienne ont appelé ce vendredi les pays participants à la conférence internationale en Tunisie à privilégier les actes aux paroles. «Nous leur disons : plus vous parlez sans agir, plus le régime va se venger de nous. Aux pays arabes, nous disons, en particulier, assez de condamnations, nous voulons des actes. Les paroles ne vont pas nourrir les gens, ni soigner les blessés», a déploré un de ces militants à l’AFP aujourd’hui.