Comme leur confères bloqués à Sète, les marins de la Comanav-Comarit à Algésiras connaissent des moments difficiles. La ligne Tanger-Algésiras n'est plus desservie par la compagnie depuis début janvier. Bloqués à Algésiras, les marins voient se dégrader davantage leur situation au fil des jours. Manque de vivres et de combustible, pas de salaires depuis plusieurs mois, non versement des cotisations sociales...
Cependant, contrairement aux hommes de mer actuellement au port français, les marins à Algésiras s’adressent aux médias. Ils ont tenu une conférence de presse récemment avec le soutien des Espagnols. Ils en ont ras-le-bol et veulent rentrer chez eux. Ce sont des hommes qui ont généralement laissé femmes et enfants au Maroc. Ces derniers vivent, parfois, dans des conditions déplorables.
Une centaine de marins sont ainsi au port d’Algésiras où quatre ferries au total son stationnés : le Banasa, le Boughaz, l’Al Mansour et l’Ibn Batouta, mis sous saisie conservatoire en janvier dernier pour des raisons d’impayés. Pour les syndicats, les autorités marocaines doivent réagir. Les syndicats espagnols ont déjà fait «des demandes d'assistance aux autorités marocaines, ainsi qu’aux ambassades et consulats à Paris, Madrid et Montpellier». Selon eux, le gouvernement marocain devrait apporter une solution convenable à ce problème. Les solutions humanitaires, même si elles permettent de survivre, ne fonctionnent que temporairement. Ces hommes ont besoin de percevoir leurs salaires. Plusieurs d’entre eux n'ont pas été payés depuis deux et quatre mois.
Bientôt un concurrent aux opérateurs marocains ?
Aucune solution n'a été officiellement annoncée ni par le gouvernement marocain, ni par le comité de sauvetage, ni par l’entreprise elle-même. A Sète comme à Algésiras, les marins sont contraints de rester à bord des ferries, sinon ils peuvent être accusés d'avoir abandonné leur poste et risquent de perdre tous leurs droits au sein de la société Comanav-Comarit.
La Comarit serait au bord de la faillite et le plan de sauvetage qui a été mis en place n’a toujours pas porté ses fruits. Pourtant, les bateaux sont potentiellement vendables depuis près de trois semaines. D’après les informations reçues de la part d’un MRE, la compagnie italienne GNV (Grandi Navi Veloci) semblerait vouloir reprendre l'exploitation des lignes entre Sète et le Maroc. Elle aurait, selon lui, déposé une demande d’autorisation au ministère deTtransport marocain depuis plusieurs jours sans recevoir de réponse. Nous avons tenté de joindre le ministère des Transport sans succès.
Parallèlement, un inspecteur de la marine française aurait annoncé, aux marins bloqués à Sète, que des Français seraient prêts à acheter la Comarit, selon un marin du ferry Marrakech à Sète. Autour de cette affaire, beaucoup de choses se disent de manière officieuse sans que la situation de des équipages qui croupissent dans les ports de Sète et Algésiras ne s'améliorent.
Le ministre français des Transports, Thierry Mariani, demandait à son homologue marocain le 9 février dernier de trouver une solution rapide. Le Maroc avait promis une réaction rapide, mais presque deux semaines se sont déjà écoulées et rien ne se passe. L’opinion publique marocaine, les MRE, les marins de la Comarit, les médias, l’Espagne et la France, attendent tous de connaître l’issue de cette situation qui risque de passer d’un problème commercial à un conflit «humanitaire», selon la Fédération internationale du transport.