L’homme d’affaires français très redouté, Maurice Bidermann est actuellement dans le collimateur de la justice des deux côtés de la méditerranée. Le fisc marocain n’en peut plus d’être mené en bateau. Il a adressé une demande aux autorités européennes pour un contrôle de cet homme d’affaires qui est censé résider à Casablanca. «Notre administration a sollicité l'aide de la DGI (Direction générale des impôts) française, luxembourgeoise, belge et britannique pour appréhender les revenus réalisés, dans ces pays respectifs, par M. Bidermann. C'était aussi l'occasion pour les informer de la situation fiscale réelle de ce contribuable qui a choisi le Maroc comme domicile fiscal sans y déclarer tous ses revenus de source étrangère», indique la demande.
Paris serait sa réelle ville de résidence
Selon des révélations faites par Claude Richard, son ancien avocat qui semble bien le connaitre, Maurice Bidermann serait en réalité un résident parisien. Les deux hommes sont actuellement devant la justice car M.Richard accuse son ancien client de blanchiment. Déjà en 2011, la Cour d’appel de Paris émettait des doutes sur sa véritable ville de résidence. D’après les juges, M.Bidermann avait présenté un certificat d’immatriculation au lieu d’une carte de résidence ou de séjour. Ce qui n’était nullement rassurant, puisque le mis en cause n’avait pas payé d’impôt en France depuis 1984, il aurait pu justifier sa domiciliation à l’étranger avec des documents plus probants qu’un certificat d’immatriculation.
L’homme d’affaire est inscrit sur les listes électorales au 11 bis rue Saint Dominique, au cœur du très chic 7e arrondissement parisien. Il paraitrait qu’il s’agit de l’adresse de son épouse, Danielle. Celle-ci avait fait l’objet d’un contrôle interrompu sans que jamais nul n’en connaisse l’issue.
La faute à Bercy ?
Connu pour sa louche implication dans le scandale politico-financier ELF et généreux donateur de l'UMP, M.Bidermann avait été condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis, assortie d’une amende d’un million d’Euro. Une somme qu’il n’a jamais versé car il se déclarait «ruiné». Pourtant, selon les documents bancaires consultés par L’AFP, l’homme d’affaires disposerait de nombreuses entreprises dans plusieurs pays européens et est membre du Premier Cercle des donateurs de l’UMP, qui donnent au moins 3500 euros par an, selon l’élu socialiste Christian Eckert. Il avait contribué à la campagne de M.Sarkozy en 2007 et participé à la fête de son élection.
Vendredi dernier à l’Assemblé générale, M.Eckert a accusé la ministre du Budget Valérie Pécresse et ses services de couvrir l’homme d'affaires, selon Libération. «Je voudrais, Madame la ministre, vous interpeller sur la situation par exemple de Mr Bidermann (...) Voilà quelqu'un qui roule en carrosse en France, qui est domicilié fiscalement, au Maroc, qui fait beaucoup d'affaires, dans tous les sens du mot, qui est membre du Premier Cercle des donateurs de l'UMP (...) On a là des affaires qui concernent plusieurs centaines de millions d'euros (...) et sous couvert du niveau fiscal, eh bien on ne sait pas où on en est. Sur cette situation pensez-vous, Mme la ministre, que vos services et vous-même ont fait leur boulot?».
Pour la ministre française du Budget et porte-parole du gouvernement Valérie Pécresse, c’est clair : «le ministre du Budget est tenu au secret fiscal. Je vous l’oppose parce que c’est un droit de la personne. Comme je ne peux pas révéler votre feuille d’impôts, je ne peux pas parler de la situation fiscale d’un contribuable nommément désigné», a-t-elle déclaré. Les autorités marocaines de leur côté, sont déterminées à clouer l’homme qui s’est joué de la fiscalité marocaine pendant de nombreuses années.