Menu

Grand Angle

Coaching : J’y vais ou j’y vais pas ?

Envie de changer de look, de perdre du poids, de donner à son enfant une éducation exemplaire? Pas de panique, un coach est là pour chaque situation. En ligne ou en live, le coach propose ses services pour vous faciliter la vie mais est-ce vraiment efficace et nécessaire ?

Publié
DR
Temps de lecture: 4'

Voir un coach n’est plus réservé aux stars, c’est un privilège que presque toutes et tous peuvent s’offrir, à présent, et ce ne sont pas les offres qui manquent. Que ce soit pour apprendre à mieux manger, bien dormir, se maquiller ou encore avoir un bambin irréprochable, les coachs pro- posent leurs services entre 300 à 2500 DH. Pendant environ 1h30 de consultation, le coach redonne confiance en soi et surtout revient sur nos habitudes pour les corriger afin d’atteindre notre objectif : vivre mieux.

Pour Salma Sentissi, éducatrice en hygiène de vie au Maroc, consulter un coach c’est se donner les moyens «d’accueillir la vie avec plus de sérénité en vue d’améliorer son quotidien». Elle explique que «lorsque l’on fait appel à un coach, c’est parce que l’on ressent momentanément un mal-être dans sa vie». Mais pour elle, «le coach ne doit pas être une béquille ou un gourou» car, s’il est vrai que l’individu peut tout attendre de son coach, il doit garder à l’esprit que c’est lui qui est au cœur du changement, tout vient de lui. «Ce qu’il ne faut pas oublier c’est surtout comment l’être synthétise ces conseils et les applique dans sa vie», précise Salma Sentissi Le coach l’est donc pas «un sauveur mais un accompagnateur temporaire qui a un pour rôles de vous amener à présenter conscience de votre situation, vous conseiller de mettre en place de nouvelles «Réformes de vie» et de vous responsabiliser.

Le bonheur ici-bas

Bien que la tendance des coachs soit assez répandue et que les offres pullulent, décider de faire appel à un coach n’est pas forcément un réflexe. Celui qui s’y décide le fait bien souvent parce qu’il se sent mal ou qu’il a épuisé les moyens plus traditionnels. C’est le cas de Kamel, jeune quadragénaire et ingénieur informatique à Paris. Il a longtemps souffert de problèmes digestifs. Il a, à plusieurs reprises, consulté des médecins spécialisés et faisait parfois dans l’automédication. Il se privait de toute sorte de nourriture, se fai- sait vomir, pensant se faire du bien jusqu’au jour où il a décidé de voir un naturopathe, un coach pour apprendre à mieux manger ! «Je me privais et me faisais du mal, ma santé enprenait un coup et mon naturopathe m’a tout de suite mis en garde. Il m’a prescrit un régime alimentaire bio et sain, qui m’a permis de manger mieux sans me priver. Aujourd’hui, je me sens mieux et ne souffre plus de problèmes digestifs. J’avais seulement besoin de conseils avisés pour trouver mon équilibre», explique-t-il. 

Faire appel à un coach est symptomatique de la société dans laquelle nous vivons. Le temps file, le stress s’accumule et donne le sentiment d’avoir besoin, de confier à un coach la responsabilité de nous orienter et de nous redonner confiance en nous. Baptiste Rappin, professeur-chercheur à l’université de Metz, dans son article Mode et management : Le cas du coaching, revient sur les origines du coaching. Inspiré des méthodes du management en entreprise, le coaching correspond à une forme d’organisation de la vie à l’aune du «rythme effréné de notre époque» auquel la méthode managériale répond assez bien. Selon Baptiste Rappin, l’individu vise avant tout «le bonheur ici-bas».

 Néanmoins, certains voient en cette tendance, une nouvelle forme d’addiction et vont jusqu’à parler du profit des coachs face à des personnes en détresse ou qui, faute de temps, font appel à eux pour les aider à mieux s’organiser.

Déceptions

Elle était tellement débordée qu’elle était prête à faire confiance à un professionnel. Leila, Parisienne de 32 ans, travaille dans le management, au sein d’une entreprise d’informatique. Elle a contacté un coach parental pour apprendre à équilibrer sa vie familiale et professionnelle.

 Elle avait du mal avec l’éducation de sa petite fille de 5 ans, un problème d’autorité qu’elle a voulu résoudre en s’adressant à une personne compétente. «Par manque de temps, je me suis orientée vers un coach en ligne qui semblait être très populaire. Dans mon entourage, personne n’avait jamais fait appel à un coach. J’ai bénéfi- cié de quelques séances d’1h30 à 45 euros, mais au bout de la quatrième, j’avais le sentiment que ce coach se contentait de lire des manuels. Je n’avais pas le sentiment qu’il me conseillait vraiment ni que c’était person- nalisé. Ce qu’il disait je l’avais déjà lu dans des livres de psychologie de l’enfant ou entendu dans des émissions.» La jeune maman active a été déçue par cette expérience.

Hasna, jeune Lyonnaise de 27 ans, a eu besoin d’un relooking et a donc fait appel à un coach en image. Chargée de recrutement, elle possède un métier qui implique beaucoup de relationnel. Pour être convaincante, elle avait besoin d’être sûre d’elle et de son apparence. «Je paraissais très jeune et j’avais envie d’une image qui donne l’impression que j’ai de l’expérience et que je suis une pro !» Le résultat a été en deçà de ce que souhaitait la jeune working girl qui a pourtant déboursé plus de 700 euros pour la prestation du coach. «Après le relooking, j’avais un style trop sévère. Je paraissais dix ans de plus et j’ai eu droit à une coupe de cheveux horrible !»

Pour Pierre Le Coz, auteur de L’empire des coachs, «les coachs font recette auprès de l’homme post-moderne», et c’est selon lui «un processus d’infantilisation généralisé des consciences» où l’individu perd tout sens critique et se laisse guider par un professionnel censé gonfler sa propre estime. L’illusion serait donc entretenue en partant du principe «qu’un autre sait de moi ce que j’ignore et qui me serait tellement important pour réaliser mon être». Pour Salma Sentissi, il existe certes des professionnels qui manquent de déontologie mais il ne faut pas généraliser. De plus, le coaching peut ne pas fonctionner dans certains cas ; il n’est pas la solution miracle.

Le coaching est donc bien accessible à toutes les bourses mais il requiert de la vigilance. Avant de contacter un coach assurez-vous qu’il a de bonnes références en demandant son parcours professionnel ainsi que se tarifs pour éviter toute mauvaise surprise. Effet de mode ou pas, il répond à un besoin contemporain. Il appartient à chacun de faire la part des choses tout en gardant à l’esprit que tout vient de soi. Il n’y a pas de recettes miracles, seulement de bons conseils à savoir appliquer !

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com