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Grand Angle

Avortement : Etat d’urgence

Nouzha Skalli, ministre de la Santé, évoque la possibilité de légaliser l’avortement dans «les cas extrêmes». Près de 300 000 femmes se font avorter clandestinement chaque année au Maroc au péril de leur vie.

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Si certains considèrent la sortie médiatique de Nouzha Skalli, le 14 octobre, comme une pré-campagne électorale, tous saluent l’ouverture du débat, les élus du parti islamiste Parti Justice et Développement les premiers. Le débat : l’avortement. Selon la ministre marocaine du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, la légalisation partielle de l’avortement ferait partie «d’un agenda gouvernemental au Maroc». En attendant, des centaines de femmes continuent d’avorter clandestinement tous les jours.

«On était encore au lycée quand Aida est tombée en-ceinte. Sa grossesse a duré cinq mois. Entre sa mère infir- mière à qui il fallait cacher sa grossesse, les gynécos voleurs qui avaient des tarifs de fou et les faux amis qui voulaient soit disant l’aider en la poussant à se prostituer pour réunir la somme nécessaire... je peux vous dire que c’était pénible à gérer», raconte Bouchra, la meilleure amie d’Aida. «En fin de compte sa mère a découvert le pot aux roses. C’est elle qui l’a aidée pour l’avorte- ment, même si elle était déjà enceinte de cinq mois. Elle ne s’en est jamais remise. L’horreur !»

800 par jour. Des cas comme celui là sont légion. Selon le professeur Chafik Chraïbi, président de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC), près de 600 avortements sont opérés en milieu médicalisé tous les jours par des gynécologues et même des généralistes, contre 200 de manière tout à fait traditionnelle et clandestine. Au total, le Maroc compterait donc près de 292 000 avortements chaque année, pour 41 millions d’habitant, soit plus que la France, où l’avortement est légal, qui en compte 220 000 chaque année, pour 63 millions d’habitants. 

Au Maroc, les prix d’un avortement  variant  entre  5  000 et 10 000DH, les femmes qui n’en ont pas les moyens se tournent vers les herboristes qui leur vendent des décoctions d’herbes comportant des substances abortives (Sauge, Ase fétide, Harmel). La prise de fenugrec en grande quantité dans les trois premiers mois de la grossesse peut également provoquer un avortement, ou encore un mélange d’aspirine et de Coca Cola. Autant de méthodes extrêmement risquées pour la santé, voire la vie des jeunes femmes.

 D’autres femmes, seules ou avec l’aide de «faiseuses-d’anges», rompent la poche des eaux en introduisant des outils dans l’appareil génital. Ces techniques provoquent des complications graves et hypothèquent la fertilité de la femme qui s’y soumet. «Je reçois tous les jours des cas d’hémorragies importantes, des infections et des intoxications causées par des avortements clandestins. Il faut que ça cesse !», s’alarme le Chafik Chraïbi. Les séquelles psychologiques,  notamment des dépressions, ne sont pas négligeables non plus. Pire, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 13% de la mortalité maternelle (mort de la femme pendant sa grossesse ou après la naissance) au Maroc provient de l’avortement.

«Il nous faut une loi». Le débat est aujourd’hui lancé et la question n’est plus taboue. Pour l’heure, l’article 449 du Code pénal punit de 1 à 5 ans de prison et d’une amende de 200 à 500 DH toute personne ayant provoqué un avortement. L’article 454 punit de 6 mois à 2 ans de prison toute femme s’étant livrée à l’avortement sur elle-même. «On est passé à la vitesse supérieure. Il nous faut une loi, insiste le Pr. Chafik Chraïbi, la prise de position des décideurs politiques est très importante !»

 Pour Nouzha Skalli, une éventuelle légalisation de l’avortement ne serait légitime que dans certains «cas extrêmes [...]. Il n’est pas question d’une légalisation absolue, mais partielle qui permettrait à la mère de mettre un terme à sa grossesse dans certaines conditions, dont la malformation avérée du fœtus, le déséquilibre mental de la mère ou encore sa précarité.» Les cas d’inceste, de viol ou de pédophilie sont également évoqués.

 D’autres politiciens se sont prononcés en faveur, non seulement de l’ouverture du débat, mais également de la légali- sation partielle défendue par Nouzha Skalli, comme Saâd Eddine El Othmani, président du Conseil national du PJD et Yasmina Baddou, ministre de la santé.

 Débat et islam. Selon Bassima Haqaoui, députée du PJD, l’avortement n’est pas une priorité pour le Maroc, car «même (des) pays occidentaux, comme les Etats-Unis, n’ont pas encore résolu la question relative à l’avortement, alors un pays musulman !» Cependant, elle se déclare ouverte au débat, à condition que ce soit «aux oulémas et aux médecins honnêtes d’en discuter, et d’en sortir avec des conclusions, qu’on pourra, à ce moment là seulement, présenter aux politiques pour débattre d’une éventuelle légalisation», conclut Bassima Haqaoui.

 L’avis religieux est très mitigé et varie selon les doctrines. Tout d’abord, il y a un consensus des Oulémas sur l’interdiction de l’avortement après l’insufflation de l’âme qui s’accomplit après 120 jours de grossesse, selon un hadith du prophète. Néanmoins les avis divergent à propos de l’avortement avant ce stade de la grossesse. Les hanafites et les chafiites l’ont permis, alors que les hanbalites et les malékites l’autorisent exclusivement avant les quarante premiers jours. Chez ces derniers, cependant, cette autorisation est conditionnée à deux choses : un rapport médical authentique doit confirmer que la vie de la mère serait en danger si elle n’avortait pas ou si la mort du fœtus dans le ventre de sa mère est confirmée.

Avortement au maroc !!!!
Auteur : Assfarfood
Date : le 02 juillet 2013 à 00h27
Waouf , 300.000 avortements clandestins par an au Maroc, c'est énorme !!!! J'en reviens pas, y a t-il une explication ???
Le libertinage, la prostitution, la misère, l'adultère, l'inceste, ??? Je vous promets, c'est choquant 300.000 !!! En france combien ???
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