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Grand Angle

Diaspo #129 : La cuisine marocaine chez les stars de Beverly Hills, avec Chef Ben

Derrière «Tagine Beverly Hills», devenu une référence pour les plats marocains en Californie, l’histoire du Marocain Abdessamad Benameur, alias Chef Ben. Autodidacte, spontanée et plein d’énergie et d’amour, ce fils de Larache nous détaille ses secrets et ses liens avec le Maroc. 

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Chef Ben avec l'actrice américaine Meryl Streep. / DR
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«Je n’ai jamais pensé que je deviendrai un chef connu et célèbre». Pourtant, Abdessamad Benameur alias Chef Ben, est une référence en Californie, devenu ami de plusieurs stars américaines.

Né à Larache au sein d’une famille dont les parents sont originaires de l’ancienne Lixus et de Tanger, son père était un mécanicien spécialisé chez Volkswagen dans la base américaine à Kénitra. Il grandit ainsi dans cette ville, «fascinée par les Américains et les Etats-Unis» à l’époque.

Mais avec le départ des Américains, la situation devient difficile pour sa famille. «Je commençais ainsi à me rendre dans le nord du pays pour travailler. J’ai grandi dans une famille qui n’avait pas beaucoup de moyens mais qui était heureuse», nous déclare le chef depuis son restaurant en Californie.

Abdessamad Benameur était aussi un «élève sportif». «J’ai même joué en première division du Kénitra Athlétic Club (KAC) de handball et ma vie était partagée entre les études et le sport», se rappelle-t-il. Après son baccalauréat, une première émigration l’amène en France, qu’il quitte peu de temps après. Il comptait se rendre en Suède ou en Norvège lorsqu’un ami propose les Etats-Unis.

«J’ai obtenu mon visa d’étudiant à l’âge de 22 ans. Aux Etats-Unis, j’ai certes passé des moments difficiles au début, mais je n’ai jamais laissé tomber.»

Abdessamad Benameur

Avec «30 dollars en poche», il ne pouvait s’inscrire à l’école. Il choisit ainsi «le long chemin en commençant à travailler». «Mon premier job était chez McDonald’s», ironise le restaurateur. Chef Ben enchaîne ensuite les emplois dans la restauration, car il «aime rencontrer les gens». Cela lui permet aussi d’apprendre, tout seul, la langue de Shakespeare. Dans le pays de l’Oncle Sam, Abdessamad Benameur tente même d’ouvrir un petit commerce qu’il appelle «Café Paris», même s’il n’avait «aucune connaissance en Business» à l’époque. 

Ces différents emplois lui permettent toutefois de ressortir avec une idée : «rendre la cuisine marocaine moderne de façon à ce que l’on puisse la consommer chaque jour», sans s’en lasser.

Chef Abdessamad Benameur alias Chef Ben. / DRChef Abdessamad Benameur alias Chef Ben. / DR 

Le chef qui ne connaissait pas Ryan Gosling

Ayant commencé à cuisiner dans le cadre des fêtes de célébrités, son chemin croise celui de l’acteur canadien Ryan Gosling. «Il venait de finir son film ‘’N'oublie jamais’’ (The Notebook) et organisait une fête chez lui. J’ai cuisiné pour lui et il a été impressionné par mes plats», se rappelle notre interlocuteur. La star hollywoodienne vient ainsi le voir et le présente à ses 150 invités, tous des célébrités. «J’étais rouge de timidité», nous confie-t-il.

Le courant passera tellement bien entre les deux hommes qu’ils décideront d’ouvrir ensemble un restaurant. Un endroit contruit à l’image de ce salon, sombre, calme et chaleureux dont disposait la famille du Marocain et qu'il décrit à son ami acteur. «Tagine Beverly Hills» voit ainsi le jour le 20 mai 2004 et devient l’un des meilleurs restaurants» de cette ville du comté de Los Angeles. «A l’ouverture, il y avait beaucoup de stars américaines, comme Naoumi Watts, des réalisateurs, Demi Moore, Bruce Willis, Salma Hayek, Cameron Diaz», se remémore-t-il.  

«C’est un petit coin, avec dix tables, un menu varié selon la saison, de l’amour et de grands cœurs. Telle est la source de notre succès. C’est le travail et l’effort d’une personne qui la définisse.»

Abdessamad Benameur

Pour lui «Tagine» est un projet qui permet de «construire des ponts avec les personnes». «Nous n’essayons pas de faire beaucoup mais juste ce qui est assez», explique-t-il.

Chef Ben avec RedOne et Douzi. / DRChef Ben avec Ryan Gosling. / DR

Le secret de ce succès ? «Simplicité et légèreté. Nous aimons tous manger et savourer de bons plats mais ceux qui viennent me voir sont des épicuriens qui veulent savourer et passer une bonne expérience», répond le Marocain plein d’anecdotes.

D’ailleurs, il nous confie que c‘est seulement au moment où Ryan Gosling et lui décident d’acheter un local pour «Tagine», que le Canadien lui a indiqué qu’il était acteur. «C’était pour moi marrant, car tout le monde ici se présente en tant qu’acteur.» Ce n’est qu’après avoir vu une «vingtaine de filles crier et courir pour prendre des photos avec l’acteur» qu’il finit par saisir la renommée de son nouveau business partner. «C’était tellement surprenant que je pensais qu’il y avait une bagarre derrière nous», ironise Chef Ben.

Un «Tagine Beverly Hills» à Casablanca dès mars

Lorsque nous l’interrogeons sur la particularité de ses plats, Abdessamad Benameur, qui considère les clients comme «ses invités», confie qu’il va au marché pour «ramener des produits frais et bons comme faisaient nos parents». «Un morceau de poisson est comme une mariée. Il faut lui mettre du maquillage donc des épices sans trop en faire», explique-t-il encore.

Chef Ben Avec la chorégraphe et chanteuse américaine Paula Abdul. / DRChef Ben Avec la chorégraphe et chanteuse américaine Paula Abdul. / DR

Chef Ben est aussi un visiteur assidu de son pays. «Je suis du genre à visiter le Maroc assez souvent. Mais depuis le décès de ma mère, je m’y rends un peu moins régulièrement», déclare-t-il. Mais à chaque visite du pays natal, il revient à Kénitra pour «manger des saucisses à la marocaine», ses préférées.

«J’ai vécu au Maroc beaucoup de choses et j’en garde des souvenirs familiaux impérissables. Aux Etats-Unis, nous sommes les ambassadeurs de notre pays.»

Abdessamad Benameur

Preuve qu’il n’a jamais perdu le contact avec le Maroc, Chef Ben ouvrira, le mois prochain, un «Tagine Beverly Hills à Casablanca avec Palmeraie Berrada», annonce-t-il. «J’espère que les Marocains du pays qui ne peuvent pas se déplacer aux Etats-Unis, pourront me visiter là-bas. C’était en tout cas important pour moi que mon premier restaurant en dehors des Etats-Unis soit au Maroc», conclut-il en annonçant d’autres projets futurs, au Canada et en Afrique.

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