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Grand Angle

Maroc-UE : Pas de commerce sans politique

Le forum de Paris délocalisé à Casablanca a eu lieu hier à l'hôtel Hyatt Regency. Un gratin de personnalités s'est réuni pour discuter des défis économiques et politiques en Méditerranée. Vaste débat où ont été évoquées les difficultés à réaliser une intégration régionale plutôt économique que politique.

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«Il faut se concentrer sur les investissements, les projets communs. Il faut mettre le paquet là dessus et moins politiser tout ça», estime Hubert Vedrine, en référence manifeste, notamment, à l'Union Pour la Mediterranée, ensemble régional initié par Nicolas Sarkozy en 2008, et à son échec. L'ancien ministre français des Affaires étrangères sous le gouvernement de Lionel Jospin était invité, hier, le 1er février, au forum de Paris, délocalisé à Casablanca. Avec lui, plusieurs grands acteurs contemporains du Maghreb ont réfléchi à la façon de réaliser une intégration régionale méditerranéenne plus forte.

La ministre espagnole des Affaires étrangères en 2002 et membre du Parti Popular (PP), comme Hubert Vedrine, pointe particulièrement l'importance des coopérations directes des deux rives de la Méditerranée. «Les investissements de voisinage de l'Europe dans le projet solaire marocain sont considérables. l'Union Européenne a là un rôle très important à jouer notamment grâce à sa position de gros pourvoyeur de fonds dans les grandes instances économiques internationales», explique-t-elle.

Toujours les mêmes erreurs

«J'ai une impression de déjà vu, ces discours me rappellent beaucoup le MENA, Euromed et les tentatives d'intégrations régionales, lance, provocateur, Mustapha Terrab, PDG de l'OCP, mais ils ont tous eu des défauts de fabrication.» 2 points d'achoppements émergent disctinctement pour expliquer ces échecs : la gestion de l'immigration du sud vers le nord de la Mediterranée, et la frontière Maroc-Algérie.

«Le partenariat Euromed [aussi appelé processus de Barcelone et lancé en 1995, ndlr] s'est fondé sur la Déclaration de Barcelone or parmi ses 15 paragraphes un seul était consacré à la sécurité et aucun n'aborde la question de l'immigration, rappelle l'ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères, tout a été pris en otage par la question de l'immigration.» Hubert Vedrine prône une «véritable co-gestion des mouvements migratoires. Je pense que des "quotas" sont inévitables, mais il ne sont pas suffisants. Il faut une co-gestion entre pays de transit, d'arrivée et de départ avec des sommets internationaux réguliers.»

Difficile rupture avec le passé

«L'intégration régionale est impossible sans intégration économique du Maghreb», ajoute le président de l'OCP. La frontière fermée entre le Maroc et l'Algérie coûte plusieurs points de PIB aux deux pays. «L'intégration du Maghreb dépend de l'Algérie : si elle accepte de délier la question du Sahara de l'intégration maghrébine», estime Hubert Védrine. En d'autres termes, si l'Algérie accepte de rouvrir la frontière avec le Maroc sans que la cas du Sahara ne soit nécessairement réglé au préalable. L'espoir est réapparu, dimanche 29 janvier, «La réouverture de la frontière entre l’Algérie et le Maroc est très plausible eu égard au réchauffement des relations bilatérales marquées par la récente visite du ministre marocain des Affaires étrangères», a déclaré Dahou Ould Kablia, ministre algérien de l’Intérieur au journal électronique Tout Sur l’Algérie (TSA).

L'Union européenne doit également se remettre en cause selon Hubet Vedrine. «Il faut réinventer des convergences nord-sud méditerranéennes. L'Union européenne est confrontée à des problèmes complexes, dont la crise de la zone euro, qui l'obligent à sortir de son nombrilisme, mais pas pour tomber dans une approche paternaliste où l'on dispense des aides plutôt que l'on ne met en place des partenariats. «Ce ne sera pas encore pour cette fois-ci, comme l'explique de façon très éloquente Jaloul Ayed, ancien ministre des Finances du gouvernement de transition de Tunisie :  «Le gouvernement tunisien a réalisé un plan de dévloppement sur 5 ans, alors qu'en tant que gouvernement de transition il est seulement destiné à préparer le nouvelle consitution du pays. Il l'a fait parce que le G8 a conditionné son aide financière à ce plan quinquennal.»

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