Nouvelle philosophie du pouvoir ou «comédie» ? Le comportement des nouveaux venus au gouvernement sous la bannière du PJD ne laisse guère indifférent. Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement Mustapha El Khalfi préfère continuer d’emprunter les transports publics, au lieu de s’engouffrer tous les matins dans une rutilante Audi ou Mercedes de l’Etat. Mustapaha Ramid de la Justice et des Libertés va garder sa voiture personnelle. D’autres ministres du PJD continuent d’habiter dans leurs appartements et vont prochainement s’atteler à la déclaration de leur patrimoine. Pour sa part, le chef d’orchestre, Abdelilah Benkirane, a donné l’exemple de «l’humilité» en priant sur une simple natte vendredi dernier au milieu de la foule, lors de la prière rogatoire à la mosquée Hassan à Rabat.
Autant de gestes «proches du peuples» qui ne manquent pas d’inspirer certains éditorialistes de la presse marocaine. Le journal arabophone «Al Ahdath Al Maghribia» saluent les «talents de comédiens» des ministres islamistes, alors qu’un autre quotidien arabophone «Assabah» fustige ces «mesures sans aucun rapport avec la gestion des affaires de l'Etat, mais qui dévoilent un nouveau comportement de marketing politique». Pour Mustapha El Khalfi, joint par Yabiladi.com, il ne s’agit là que de «la communication direct» et ces actes ne sont que «de petits signes qui reflètent le changement» à venir.
L’épreuve du pouvoir…
«Nous sommes conscients des attentes concernant la bonne gouvernance, la gestion social etc. Ce sont ces attentes qui constituent la priorité du gouvernement et non ces petites actions symboliques», ajoute le porte-parole du gouvernement, qui reste convaincu de la nécessité de «créer des modèles en se basant sur notre histoire».
Le chef de l’Etat ferait peut-être partie de ces modèles qui inspirent ses nouveaux ministres. Lui qui, au volant de sa voiture, s’arrête au feu rouge ou fuit le protocole pour aller visiter en cachette un orphelinat et prend tout son temps pour des photos souvenirs lors de ses visites, au milieu de ses administrés. Autant d’exemples de «modestie» très populaires et non populistes qui méritent d’être rapprochés avec le nouveau style de Benkirane et de ses lieutenants. Selon El Khalfi, ce n’est que le début de l’aventure, «mais il faut rester prudent». Le défi colossal est donc de continuer dans cette logique, sans aucune «comédie», tout en répondant aux attentes des Marocains et faire du royaume un vrai modèle en termes de bonne gouvernance. Un pari que les pays scandinaves ont déjà réussi depuis longtemps.
L'exemple suèdois