La MAP au cœur de polémiques : De l'Espagne à la Mauritanie

Qu’est-ce qui, mercredi 21 décembre, a poussé les autorités mauritaniennes à sommer le chef du bureau de la MAP à Nouakchott de quitter le pays dans les «24 heures» ? Presque une semaine après avoir regagné le Maroc, Abdelhafid Bekkali qui n’a apparemment rien vu venir, dit tout ignorer des raisons de cette expulsion. Face à la presse ce mardi, le journaliste est revenu sur la manière dont il a été «traité comme un refugié», une fois informé que sa «présence n’était plus désirable» à Nouakchott.

Des sources sécuritaires mauritaniennes avaient laissé entendre que «le journaliste se comportait d'une manière non conforme à sa profession et n'avait pas d'accréditation» alors que la partie marocaine indiquait pour sa part qu’il «est victime d'un lobby qui veut régler, au détriment du Maroc, ses comptes au lendemain du réchauffement des relations entre Nouakchott et Alger». Aucune réaction officielle des deux côtés depuis les faits. Seulement du côté de Nouakchott, on a essayé d’en savoir un peu plus.

Journaliste-espion ?

Plusieurs raisons seraient derrière cette expulsion à en croire des sources mauritaniennes. Le journaliste «servait d’interface pour financer une partie de la presse mauritanienne, pro-marocaine», rapporte un confrère mauritanien. Autre élément, Bekkali serait à la base «d’écrits [dans la presse locale, ndlr] contre la récente visite du président mauritanien en Algérie». Mais le plus grand reproche concernerait la transmission de «notes confidentielles» vers Rabat par le journaliste, sur des affaires impliquant des proches du président mauritanien. Ces derniers auraient effectué d’importants mouvements de fonds en direction du Maroc où cet argent aurait été investi dans divers secteurs.

Notes d’informations

C’est la goutte d’eau qui aurait fait déborder le vase, poussant Ould Abdel Aziz à décider en personne de l’expulsion de l’agencier, désormais assimilé à un espion. D’autant plus que ces «notes confidentielles» ne sont, habituellement, pas destinées au public mais à des officiels marocains. «Les correspondants de l’agence dans certaines capitales +sensibles+ comme Paris, Alger, Madrid, Nouakchott…, en plus de leurs papiers, avaient l’habitude de rédiger des notes d’informations dont la lecture est restreinte. Elles sont destinées à des institutions comme les ministères de l’Intérieur et de la Communication», témoigne aujourd’hui un ancien journaliste de la MAP.

Les faits reprochés [officieusement] à Bekkali sont-ils fondés ?  Le principal concerné dégage en touche encore une fois, après avoir été classé en 2010 parmi les agents de renseignements marocains par certains médias. En tout cas, ce nouveau scandale rappelle celui survenu dans le passé avec l’Espagne. Un correspondant de la MAP à Madrid avait alors été expulsé. Les autorités espagnoles le soupçonnaient d'être un agent de la DGED (Direction Générale des Études et de la Documentation, service de renseignement) dont l’actuel patron est d’abord passé par la Maghreb Arabe Presse.