Elle permet aux Marocains d’avoir un accès facile à plusieurs produits alimentaires et énergétiques, mais la Caisse de Compensation est en train de vider les caisses de l’Etat. En 2011, les montants alloués aux subventions des prix se sont établis à 52 MMDH, rapporte La Vie Eco dans sa livraison de ce vendredi 23 décembre. Un montant qui équivaut à 23% du budget de l’Etat, loin devant les 31,95 MMDH atteints en 2008, ou les 27,19 de 2010. Les subventions destinées aux produits énergétiques (gaz butane, gasoil, fioul…) engloutissent à elles seules 41 MMDH, soit 90% des charges de compensation.
De cette enveloppe colossale, les classes les plus démunies (20% des bénéficiaires) n’ont droit qu’à 7% des subventions, contre 49% pour les classes moyennes (51%). Quant aux 42% restants, ce sont les classes aisées et les entreprises (20%) qui s’en accaparent. Une distribution loin d’être équitable et qui fait l’objet de nombreuses critiques, aussi bien chez les économistes que les acteurs politiques, notamment ceux en charge de diriger le prochain gouvernement.
Les recettes du PJD…
Durant la campagne électorale, le PJD, au-delà de ses critiques acerbes sur la répartition des montants de compensation, promettait de la réformer une fois au pouvoir. Selon les économistes de Benkirane, cette réforme passe avant tout par l’efficacité économique et la transparence, en plus d’une taxe de solidarité (prévu par le projet de loi des finances 2012) qui vise à taxer davantage les riches au profit des pauvres. L’appel à la Zakat est également préconisé, ainsi qu’une réforme du fonds des habbous pour prendre en charge les aides directes octroyées aux familles nécessiteuses. En somme, une armada de mesures qui n’entendent qu’à être mises en pratique.
… dans un contexte difficile
Toutefois, «la marge de manœuvre est étroite» prévient Omar El Kettani, professeur d’Economie à l’Université Mohammed V de Rabat. Bien qu’il reconnaisse une possible réussite du prochain gouvernement dans ce chantier de réforme, l’économiste attire l’attention sur contexte actuel de crise, doublé des attentes élevées des ménages. Ce qui risque de compliquer la tâche à la prochaine équipe. La réalisation des promesses des Pjdistes exigera du temps.
«Cette réforme appelle à trois types de mesures, dans le court, moyen et long termes». Dans un premier temps, pense El Kettani, le gouvernement doit s’atteler à restaurer les équilibres financiers et budgétaires. Autrement dit, réduire le train de vie de l’Etat à travers «une politique d’austérité en révisant les salaires et avantages des haut-fonctionnaires». Ce qui, reconnait-il, exige «beaucoup de courage» de la part des nouveaux hommes au pouvoir. La seconde phase, consistera à «lutter contre la corruption» pour enfin mettre en branle «les mesures de lutte contre le chômage dans le plus ou moins long terme». Une stratégie, conclut-il, qui ne peut être réussie que dans le cadre d’un projet de réforme global et non partiel».