C’est le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration qui est derrière cette mesure. Il a décidé d’imposer aux femmes portant la burqa et le niqab de montrer leur visage lors de la cérémonie d’assermentation pour obtenir la nationalité canadienne. «Je ne sais pas comment nous pouvons nous assurer qu'une personne prête véritablement serment si son visage est couvert» avait déclaré Jason Kenney lors d’une conférence de presse avant d’ajouter qu’il recevait chaque semaine des plaintes de la part de politiciens et de magistrats travaillant dans les services liés à la citoyenneté qui ne pouvait vérifier si la personne était en train de faire le serment d’allégeance.
Ce n’est pas la toute première affaire qui met les femmes portant le voile intégral sous les projecteurs. La dernière remonte à 2007, rappelle la Press.ca. En 2007, les autorités du pays avaient autorisé les femmes à voter le visage recouvert de voile.
Réactions
Ce qui est surprenant dans cette affaire est que cette décision n’a pas provoqué de rejet unanime de la part de la communauté musulmane du pays. Paradoxalement, elle a été beaucoup plus critiquée chez certains partis politiques canadiens que chez les associations musulmanes elles-mêmes.
A l’instar des partis conservateurs du pays, le congrès musulman du Canada a même applaudi cette décision «pressant Ottawa de pousser la réflexion plus loin et d’interdire le port du niqab et de la burqa dans les espaces publics du pays, rapporte le site canadien d’information Branchez-vous.com. Pour l’organisation, si les femmes portent ces voiles, c’est parce qu’elles sont soit «victimes du chauvinisme masculin» ou victime «d’un lavage de cerveau».
De son côté, le conseil canadien sur les relations américano-islamiques désapprouve cette décision. L’un des dirigeants a qualifié cette mesure d’ «étrange» car peu de femmes portent le niqab ou la burqa dans le pays. Elles seraient en effet seulement 2000 à le porter.
«C'est totalement inutile […] Encore une fois, on essaie de régler un problème qui n'existe pas en pointant du doigt les musulmans», lance le président du Conseil musulman de Montréal, Salam Elmenyawi.
Le Parti libéral du Canada n’a pas non plus accueilli cette mesure avec le sourire. «S’il y a une épidémie de burqas à travers le pays, cela a évité mon attention personnelle» ironise Bobo Rae, le chef intérimaire du parti. Pour lui, il aurait fallu attendre un jugement de la Cour suprême du Canada pour trancher sur cette question insistant sur le fait que «la décision du gouvernement pourrait elle-même se retrouver devant la cour, si quelqu’un décide de la contester.», rapporte canoe.ca
Pas de loi
Pour le moment, aucune loi d’interdiction n’est prévue. Il ne s’agit seulement que d’une nouvelle mesure qui concerne uniquement les cérémonies de naturalisation.
«On n'est pas en mesure d'interdire aux gens de porter ce qu'ils veulent dans leur milieu, mais quand ils reçoivent des services, il faut évidemment démontrer qui vous êtes.», a précisé le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration.