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Grand Angle

Minarets en Suisse : L’interdiction vue comme une « discrimination » dans le monde

Les réactions continuent à fuser après le vote massif et surprenant ce dimanche des Suisses pour l’interdiction de la construction de nouveaux minarets dans le pays. A l’unanimité, tous les messages pointent une discrimination.
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Dans un communiqué envoyé à notre rédaction, le Conseil National des Marocains de France (CNMF) dénonce ce referendum qui est « à la fois xénophobe, islamophobe et discriminatoire ». Pour le CNMF, la Confédération helvétique a tout simplement violé ses engagements et ses obligations en vertu du Droit international, notamment l’article 18 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme de 1948. Le dit article stipule que « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites. »

La Haut commissaire des Nations-Unies pour les Droits de l'homme, Navi Pillay (Navanethem Pillay son vrai nom) a dénoncé ce mardi, dans un communiqué cité par l’AFP, le caractère discriminatoire cette censure. L’interdiction de la construction de minarets en Suisse « est discriminatoire, divise profondément (…) et risque de mettre la Suisse en contradiction avec ses engagements internationaux », a-t-elle dit. « Je n'ai aucune hésitation à condamner les campagnes attisant la peur de l'étranger dans de nombreux pays, dont la Suisse, qui permettent de tels résultats », a ajouté la Sud-africaine, d’origine tamoule indienne.

Auparavant, la rapporteur spéciale de l'ONU pour la liberté de religion, Asma Jahangir, s'est apeurée lundi de l'interdiction des minarets en Suisse. « J'ai de profondes inquiétudes quant aux conséquences négatives du résultat de cette votation sur la liberté de religion ou de conviction des membres de la communauté musulmane en Suisse », avait alors déclaré Asma Jahangir dans un communiqué.

Le Conseil de l'Europe (CE) a également réagi le lundi, par la voix de son secrétaire général Thorbjorn Jagland. Dans des propos rapportés par Associated press, le CE que le résultat du vote suisse touchait à « la liberté d'expression, à la liberté de religion et à l'interdiction de toute discrimination, qui sont garanties par la Convention européenne des droits de l'Homme ». Or la Suisse a ratifié ce texte en 1974. Ainsi, « si la Cour européenne des droits de l'Homme était saisie d'une requête, ce serait à elle de décider si l'interdiction de construire de nouveaux minarets est compatible avec la Convention », avait ajouté Thorbjorn Jagland.

Même constat au sein de la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI). Sur son site internet, l’ECRI écrit que « ce vote aboutira à une discrimination envers les musulmans et portera atteinte à leur liberté de religion ». L’agence européenne avait déjà exprimé ses regrets qu’ «une initiative violant les droits de l’homme puisse être soumise à votation » dans son rapport sur la Suisse, publié le 15 septembre 2009. Elle avait alors ajouté qu’ «elle espérait vivement qu’elle sera rejetée ». Hélas ! L’ECRI appelle ainsi les autorités helvétiques « à examiner attentivement les conséquences de ce vote et de faire ce qui est en leur pouvoir afin de trouver une solution qui soit conforme au droit international des droits de l'homme ».

Le vote du dimanche entraînera des modifications dans la Constitution fédérale de la Confédération suisse du 18 avril 1999. Pourtant le préambule de ladite Constitution, proclame « au nom de Dieu Tout-Puissant », la résolution du peuple et des cantons suisses « à renouveler leur alliance pour renforcer la liberté, la démocratie, l’indépendance et la paix dans un esprit de solidarité et d’ouverture au monde ». De même, les Suisses sont « déterminés à vivre ensemble leurs diversités dans le respect de l’autre et l’équité, (…), sachant que seul est libre qui use de sa liberté et que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres. ». Il semblerait qu’ils aient jetés aux oubliettes, ce premier texte de la Confédération.

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