Le gouvernement espagnol semble avoir du mal à accepter le succès de la tomate marocaine dans l’espace de l’Union européenne. Ce lundi 14 novembre, la ministre espagnole de l’Agriculture et de l’Environnement a envoyé une missive à la Commission européenne (CE), la pressant de «contrôler» les exportations de tomates marocaines à destination de l’espace communautaire. Pour le gouvernement espagnol, l’UE doit agir de façon «urgente, rapide» et «activer tous les mécanismes de surveillance et de contrôle des prix des tomates marocaines».
En effet, les voisins ibériques reprochent aux exportateurs marocains de pratiquer des «prix inférieurs à la normale». La 100 kg de tomates qui, en principe, doivent être vendus à 46,1 euros, seraient écoulés à un prix inférieur, assure le département espagnol de l’Agriculture. Dans sa lettre envoyée hier à la CE, le ministère espagnol dit constater ces irrégularités depuis le début de la campagne, lancée début octobre.
Et ce n’est pas tout, les espagnols accusent également le Maroc de «dépasser» le quota mensuel d’exportation convenu dans le cadre de l’accord agricole. 14 000 tonnes ont été enregistrées au lieu des 10 600 accordées, indique la ministre de l’Agriculture espagnole qui appelle l’UE à instaurer «une surveillance en ligne des quantités importées quotidiennement».
L’UE insensible ?
Mais «ce n’est pas à l’UE d’effectuer ces contrôles à vos frontières», a sèchement répondu le commissaire européen à l’Agriculture, Dacian Ciolos qui a refusé de statuer sur la plainte des Espagnols. Pour le responsable européen, c’est aux états que revient la responsabilité des contrôles sur les exportations. Le gouvernement espagnol n’a donc pas eu gain de cause, même s’il attire l’attention sur l’impact négatif des fortes exportations marocaines sur la production de ses agriculteurs.
Ces derniers, soutenus par certains de leurs camarades français ainsi que les députés Verts au Parlement européen, déploient toute leur énergie pour faire barrage aux tomates marocaines dont les exportations ont connu une hausse historique l’année dernière.
Ces exportations avaient atteint 70 479 tonnes, dépassant très largement les quelques 31 300 tonnes prévues dans le cadre des accords Maroc-UE. Un record qui risque fort d’être réédité en 2011. D’où la levée de boucliers du gouvernement espagnol.