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Grand Angle

France : Le vote des banlieues peut-il faire la différence en 2012 ?

Plus qu’un mois et demi avant de s’inscrire sur les listes électorales en France pour pouvoir voter lors des Présidentielles d’avril 2012. Cette échéance motive le collectif AC LE FEU qui double ses efforts pour encourager les populations, et notamment les jeunes vivant dans les banlieues à faire entendre leur voix et dénoncer leur condition de vie. Hier, l’association a lancé une campagne d’inscription sur les listes électorales à Clichy-sous-Bois.

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«Moi personnellement je voterai à gauche, chacun fait ce qu’il veut évidemment, mais mon cœur est à gauche, je vote gauche depuis toujours, l’important c’est d’aller voter et prendre conscience que c’est un bien précieux, qu’il y a des gens qui sont morts pour le droit de vote et qu’aujourd’hui, on ne peut pas se permettre de déconner avec ces choses-là», déclarait hier le comédien franco-marocain Jamel Debouze aux journalistes à Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis.

Il était l’un des invités d’une rencontre organisée par le collectif AC LE FEU à l’Espace 93 pour encourager les jeunes des banlieues à aller voter pour l’élection présidentielle de 2012 et surtout d’éviter une forte abstention. Pour faire de cette campagne d’inscription sur les listes un succès, l’Association a également invité le rappeur la Fouine, le chanteur Grand Corps Malade ou encore le comédien Yvan Le Bolloch. Résultat : 400 jeunes ont fait le déplacement pour les écouter et les applaudir. Etait-ce pour approcher les stars ou parce qu’ils se sentent concernés par les élections présidentielles de 2012 ? Nul ne sait.

Les émeutes de 2005 : véritable déclencheur

C’est en 2005 que l’Association Collectif Liberté Egalité Fraternité fait son apparition. Elle est créée, juste après les émeutes de l’automne de cette même année dans les banlieues. Des émeutes qui ont éclaté suite à la mort de deux jeunes Bouna Traoré et Zyed Benna qui s’étaient réfugiés dans un transformateur EDF à Clichy-sous-bois. Ils tentaient de fuir à des policiers et finirent morts, électrocutés. Très vite, les jeunes du quartier accusent les policiers d’être derrière cette tragédie et s’ensuivent de violents affrontements entre les forces de l’ordre et les jeunes des banlieues. L'état d'urgence sera même déclaré.

«On n’a pas envie de subir !»

Depuis six ans, le président du collectif Mohamed Mechmach, infatiguable, mène toujours le même combat : faire que le vote des banlieues puissent peser dans les élections de 2012 : Juste avant, les élections présidentielles de 2007, l’association avait mené un tour de France durant lequel elle a réussi à collecter plus de 20 000 doléances de personnes de quartiers populaires de 120 villes visitées. Ces propositions ont ensuite atterri sur le bureau des députés et des sénateurs. Le défi que s’était lancé l’association a été un énorme succès : montrer que les gens des banlieues ont également une voix pour s'exprimer et voter.

 «Aujourd’hui la question des quartiers populaires n’est même pas évoquée dans les programmes politiques, ça nous inquiète, on a pas du tout envie de subir encore une fois quoique ce soit, on a envie d’être acteur et auteur et on a surtout envie de montrer qu’il n’y a pas de désert politique dans ces quartiers-là, que la banlieue fera l’élection aussi», déclare Mohamed Mechmach à la presse.

Des inscriptions devant les caméras de télévision

Après deux heures de débats à l’Espace 93, une dizaine de ces personnes se sont dirigées vers la mairie pour s’inscrire sur les listes électorales, des inscriptions ultra médiatisées. Des journalistes radio et télé ont fait spécialement le déplacement par dizaines pour filmer ces jeunes en train de s’inscrire sur les listes. Mais la grande question qui se pose est la suivante : ces jeunes iront-ils voter le jour J ? C’est une autre histoire. L’une de ces jeunes explique à 20 minutes pourquoi elle s’est inscrite à la mairie : «Je ne m'intéresse pas trop à la politique, mais mes parents n'ont pas l'occasion de voter car ils ne sont pas Français. Du coup c'est important pour moi.». Un autre jeune déclare au micro d’un journaliste de l’Agence France Presse : «D’abord, je suis venu m’inscrire sur les listes électorales, après dans un deuxième temps, on verra ce que nous propose les différents partis, s’il y en a qui me conviennent plus que d’autres, je viendrais voter».

Sortie des lycées

Pour encourager les jeunes à aller s’inscrire, le collectif AClefeu n’hésite pas à distribuer des tracts à la sortie des lycées. Là encore, le désintérêt politique est bien présent chez les jeunes. Le journal français l’Humanité a suivi l’un des membres du collectif devant le Lycée Albert-Nobel de Clichy-sous-Bois, le même établissement où travaille comme surveillant, le frère de l’une des victimes électrocutées dans un transformateur EDF en 2005. Pour un lycéen en terminale, six ans après, impossible d’oublier la tragédie surtout depuis le non-lieu prononcé en avril dernier. Pour rappel, la Cour de justice avait blanchi les policiers mis en cause dans l’affaire, créant ainsi la colère du collectif AClefeu.

« Comment voulez-vous que l’on ait envie d’aller voter après ça ? » lance le futur bachelier au journal l’Humanité avant d’aller déjeuner avec ses amis.

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