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Breve

Des artistes marocains très libéraux

Publié
Hicham Lasri, réalisateur marocain
Temps de lecture: 2'

Qui ne se souvient pas de ce reportage d’Envoyé Spécial, l’émission de M6 où Gad El Maleh se baladait à Derb Ghallef, saluant les vendeurs de DVD piratés. «Avant que je n’imagine mon spectacle il est sorti ici», criait-il en  riant. «Sans le piratage, beaucoup de gens, surtout au Maroc, n’auraient pas accès à mon travail», expliquait-il,  devant les caméras de M6.

Driss Ksikes, aujourd’hui scénariste, est allé plus loin, quand jadis il pouvait exercer en tant que journaliste, dans  les colonnes de l’hebdomadaire marocain Telquel : «pourquoi ne pas se dire que la tolérance de la contrebande  culturelle est un des prix à payer par le Nord pour que les gens du Sud pensent moins à foutre le camp ?». La  culture, ou ce qu’il en subsiste, au Maroc, pourrait-elle être le dernier rempart contre l’immigration clandestine, ou l’émigration des cerveaux ?

Pour Hicham Lasri, jeune réalisateur marocain primé pour son premier long métrage «The End» au festival du film de Tanger, et un peu plus poète que ses confrères, «le piratage, c’est une action culturelle». «Le piratage est une façon de se cultiver en fait, presque de la résistance. Il faut prendre le piratage dans son sens marin, comme une lutte pour la survie», explique Hicham Lasri.

Une position qu’il défend sur les blockbusters étrangers mais pas pour le cinéma marocain. En 2006, il a réalisé sept spots télévisés (coproduits par Ali’N’ productions et la RTM à l’époque), dans le cadre d’une campagne de lutte contre le piratage de produits culturels marocains. Il reconnaît, toutefois, que «le piratage de films marocains est moins violent» : le nombre de copies est moins important que celui des grands films étrangers puisque le nombre de films marocains est moins grand et les sources originales difficiles à trouver.

Hicham Lasri enchaîne : «si on enlève la possibilité aux gens de se procurer des films, des docus, qu’est ce qu’il va leur rester ? Ils vont regarder Al Jazeera ?» Insuffisant. «Il faut créer un marché, rapprocher la culture, créer le culte du  collector au Maroc. Il faut aussi créer des produits spécifiquement adaptés au marché marocain, c’est-à-dire un  produit au dixième du prix». Le pouvoir d’achat revient toujours comme un boomerang.

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