Rien ne va plus entre le personnel navigant de la Royal Air Maroc et la direction générale de la compagnie. Cet après midi (mercredi 26 octobre), environ 120 employés de la compagnie dirigée par Driss Benhimma étaient venus se faire entendre devant le Parlement à Rabat. Ils dénoncent, affirment-ils, «les intimidations» dont ils font l’objet de la part du top management de la compagnie nationale, qui a mis en place un vaste programme de départ volontaire.
En effet, la RAM doit se séparer de quelques centaines de ses employés avant la fin 2012 (400 selon les manifestants alors que la direction parle à présent de 200). «Pour parvenir à ses objectifs chiffrés, la direction générale a opté pour l’intimidation des agents afin de les obliger à partir», confie Othman El Bouazizi, président de l’Association du personnel naviguant commercial marocain à la RAM. «Les agents sont convoqués un à un pour se voir accusés de manquements qu’ils auraient commis depuis des années, c'est-à-dire, des retards, absences… avant d’être poussés à partir en départ volontaire»
«Situation arbitraire et abusive»
Face au refus du personnel de céder, la direction de la RAM aurait décidé de les mettre en congés forcés, ajoute la même source. «Des agents qui étaient forcés de partir en congés durant ce mois d’octobre, sont toujours programmés à le rester pour novembre», indique le président du personnel navigant marocain. «Mêmes les femmes mariées ont peur de tomber enceinte, au risque de perdre leur emploi. C’est une situation arbitraire et abusive», s’indigne Othmane El Bouazizi. A en croire notre interlocuteur, la RAM se tourne à présent vers d’autres nationalités, subsahariennes notamment, pour alléger ses charges sociales. «Nous n’avons rien contre ces derniers, mais la RAM nous met à la porte pour les prendre, dans le seul but de sous-traiter ce travail qui est pourtant régi par des normes internationales», indique El Bouazizi.
Opération volontaire
Pour fustiger cette situation, les agents de la RAM ont décidé de se tourner vers les parlementaires. Leurs doléances, indiquent-ils, ont été reçues par les députés Miloudi Moukharik, et Lahcen Daoudi du PJD. Les parlementaires leur ont promis de soumettre une question orale à ce propos (certainement dans le prochain Parlement, si toutefois ils sont réélus !)
La direction de la compagnie indique pour sa part avoir «enregistré le départ volontaire de 110 hôtesses et stewards». Une opération «largement volontaire» répond-on. Le top management dit «recevoir le personnel pour lui expliquer tous les avantages liés au plan de départ et qui sont très incitatives». Ces séances «d’explications» seraient-elles synonymes «d’intimidations» comme l’affirme le président de l’Association du personnel naviguant commercial marocain ? Chaque partie tire la couverture de son côté.