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Grand Angle

Mohamed El Yassine, un passioné qui consacre sa vie au cheval

Pour mieux saisir la place du cheval, aujourd'hui, au Maroc, il faut s'adresser aux passionnés. Direction Dar Bouazza, à 25 kilomètres de Casablanca, à la rencontre de Mohamed El Yassine, propriétaire d'une ferme équestre de trois hectares accueillant une quarantaine de chevaux et de poneys. Il prépare pour le Salon du cheval d'El Jadida un spectacle équestre pour enfant avec des poneys.

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Mohamed est fou amoureux des chevaux depuis sa plus tendre enfance. Le virus lui a été transmis par son père qui était, lui-même, cavalier durant le protectorat. El-Yassine père a fait parti du régiment des Spahis, une unité de l'armée française créée en 1914 par le Général Lyautey, une unité regroupant également des Algériens et des Tunisiens.

Les spahis (mot turc signifiant soldat) ont combattu à cheval auprès des soldats français durant les première et seconde Guerres Mondiales. Envoyés très souvent à l'avant, beaucoup tomberont sous les canons ennemis. La bataille la plus connue et la plus sanglante est celle de la Horgne, en 1940, entre les forces françaises et allemandes. Durant plus de 10 heures d'une lutte acharnée, les spahis à cheval ont résisté aux chars allemands. Au final, 700 soldats seront tués dont 250 parmi les spahis marocains ainsi que 150 de leurs chevaux.

Après l'armée française, le père de Mohamed devient vétérinaire à Meknès. «Pour me récompenser de mes résultats scolaires, il m'a inscrit dans un club équestre à l'âge de 14 ans où j'ai appris à monter. Ensuite j'ai eu mon bac mais je n'ai pas voulu faire d'études supérieures. Je voulais vivre de ma passion : le cheval. J'ai donc suivi différentes formations pour devenir enseignant et moniteur», explique Mohamed, nostalgique.

Dans les années 80, Mohamed El Yassine est l'un des premiers passionnés au Maroc à se lancer dans le tourisme équestre pour faire découvrir les beautés des paysages marocains aux touristes étrangers. Il organise des randonnées à cheval dans différentes régions du Maroc.

C'est durant l'une de ces randonnées et à cheval qu'il rencontrera son épouse, une touriste française passionnée aussi de chevaux. Ensemble, ils achètent un terrain vierge à Dar Bouazza et dessinent de leurs mains les premiers plans de leurs actuelles écuries et vont planter les arbres de la propriété.

«Le cheval, c'est ma vie ! Je vis à travers lui ! J'ai organisé ma cérémonie de mariage et la circoncision de mes deux fils avec des chevaux ! J'ai eu la chance aussi que mes parents voient ma réussite avant leur disparition. Quelques jours avant sa mort, mon père était venu à la ferme monter à cheval et on avait fait une promenade ensemble», se souvient-il.

«J'ai tourné aussi dans pas mal de films étrangères, en tant que figurant à cheval», poursuit-il. Il participe notamment à «Tuer n'est pas jouer», l'un des épisodes de la saga James Bond avec Timothy Dalton. Une partie du film est censée se dérouler en Afghanistan mais, en 1987, au moment du tournage, le pays est en guerre avec la Russie. L'équipe choisit donc de se rendre à Ouarzazate pour filmer des scènes de désert avec des dizaines de figurants marocains barbus et à cheval.

Aujourd'hui, la ferme équestre de Mohamed accueille surtout des enfants des écoles mais aussi des jeunes qui souhaitent apprendre à monter à cheval. L'une des choses qui lui tient le plus à cœur est son étroit travail avec des associations d'enfants handicapés pour les aider à s'exprimer et à avoir confiance en eux. Des randonnées sont organisées au Sahara et dans l'Atlas.

«Aujourd'hui, ce qui me fait le plus plaisir, c'est de voir que de plus en plus de jeunes filles marocaines s'intéressent au cheval, on en a de plus en plus qui partent en randonnée avec nous. Cela montre d'une certaine manière que la mentalité est en train de changer et que le cheval n'a plus cette symbolique de perte de virginité chez les jeunes filles», conclut-il.

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