Ce matin, cette jeune marocaine âgée de 27 ans victime de viol a été entendue par un tribunal pénal de Dubaï. Elle est revenue sur les circonstances de son kidnapping et de son agression commis par un policier originaire d’Oman exerçant à Dubaï.
Les faits remontent à juin dernier. Cela fait 18 mois que la jeune femme est installée dans les Emirats Arabes Unis. Elle travaille au Montréal Hotel. Le soir du 7 juin, vers les deux heures du matin, elle termine son travail et rejoint deux amies, autour d’un narguilé, dans un autre hôtel. Puis à 3h30, elle rentre chez elle en taxi, accompagnée d’une de ces amies. Quelques mètres plus loin, le taxi est arrêté par trois hommes, qui étaient en fait des policiers. Selon les déclarations de la jeune femme, l'un d'eux montre sa carte de policier au taxi. Ils accusent le chauffeur de bloquer la circulation, et lui ordonnent de leur montrer ses papiers de taxi et son permis de conduire. Les deux femmes descendent du taxi. L’amie de la Marocaine décide de prendre un autre taxi pour rentrer chez elle et la laisse seule dans la rue à attendre le sien.
«Comme toutes les Marocaines, tu manques de manière !»
Cependant, à chaque fois que la Marocaine arrête un taxi, l’un des trois policiers nommé S.A le fait repartir sur le champ, explique la jeune femme au tribunal. Une dispute finit par éclater. Au final, S.A lui propose de l’accompagner chez elle. La jeune femme accepte pensant qu’elle est en sécurité avec un policier. Elle explique au tribunal qu’elle a vu le policier montrer sa carte militaire au chauffeur de taxi. Elle décide de monter avec S.A dans sa Land Cruiser. A l’intérieur du véhicule, le policier lui dit : “comme toutes les Marocaines, tu manques de manière, tu vas voir je vais t’apprendre les bonnes manières”. S.A quitte la route principale et fait du hors piste, puis arrête la voiture. Il tire la jeune femme par les cheveux et l’amène vers lui. Il l’oblige à pratiquer sur lui du sexe oral, puis l'agresse sexuellement. Il finit par l’abandonner en plein désert, après lui avoir confisqué son téléphone portable.
C’est la cinquième marocaine qu’il viole
15 minutes plus tard, S.A revient chercher la jeune femme et la conduit chez une de ses amies à Sharjah. En descendant du véhicule, S.A lui lance qu’elle est la cinquième marocaine qu’il viole. Il insiste sur le fait qu’il est intouchable parce que son père est un officier supérieur de police. Les dossiers de la police montrent que juste après le départ du policier, la Marocaine et son amie vont immédiatement porter plainte au commissariat de police.
Le policier nie en bloc
Le tribunal a également interrogé ce matin un policier qui a visionné une vidéo d’une caméra de surveillance située à l’extérieur de l’hôtel où les jeunes femmes fumaient un narguilé. Il explique qu’effectivement, il les a vu monter dans un taxi qui a été ensuite arrêté par S.A et deux autres hommes. Il ajoute que les deux femmes sont ensuite descendues du taxi. Par contre, le policier précise qu’il n’a pas pu voir le reste de la scène parce que la vidéo de la caméra avait un champ de vision limité.
De son côté, S.A nie catégoriquement les faits de viol qui lui sont reprochés. Il avance que la jeune marocaine était consentante et qu’elle a commencé à le tenter et le toucher dès sa montée dans la voiture. La prochaine audience est fixée au 21 Novembre prochain.
En attendant, ce fait divers témoigne parfaitement de la mauvaise réputation dont sont victimes les Marocaines dans le monde arabe notamment. Des étiquettes de prostituées et de femmes faciles leur collent à la peau et écornent l’image d’une grande majorité de Marocaines. Résultat : lorsqu’une Marocaine souhaite par exemple se rendre dans un pays arabe, ou encore obtenir un visa, cela relève très souvent du parcours du combattant. Cependant, lorsqu’elle arrive à en avoir un, elle doit ensuite faire face aux moqueries et au harcèlement des douaniers à l’aéroport qui n’hésitent pas à la retenir des heures afin d’obtenir des informations sur les raisons de sa venue et avoir les détails de son séjour. Une véritable chasse aux sorcières, et pour cause cela arrive même aux Marocaines Résidentes à l’Etranger, bien qu’ayant un passeport européen, elles sont trahies par les tampons de la douane marocaine. Des anecdotes plus que déplorables basées sur des préjugés qui poussent aux crimes les plus atroces.