Le quotidien marocain Libération, a annoncé jeudi dernier, que plusieurs ONG de Marocains résidant à l’étranger, réunis au sein de la «Coalition des MRE» ont récemment déposé un recours auprès de la Cour constitutionnelle du Royaume. Le motif de leur grief, l’article 72 de la nouvelle loi organique relative à la Chambre des représentants, qui instaure un vote par procuration pour les Marocains résidents à l’étranger.
«Conformément à cet article, les MRE devront désigner un délégataire qui procédera au vote à leur place. Chaque délégataire n’a le droit de voter que pour un seul électeur MRE», rapporte Libération. Dans un récent communiqué, la Coalition a dénoncé le fait que l’article en question «n’apporte pas de garanties assurant le respect du choix politique du procurateur par son délégataire résidant au Maroc au cas où leurs positions politiques seraient divergentes. De même qu’il n’édicte pas de garanties contre la falsification du vote.»
Pour les membres de la Coalition, le vote par procuration «barre la route à une participation politique active des MRE à partir de leurs pays d’accueil». Ils estiment à ce propos, que l’article 72 de la loi organique va à l’encontre de l’article 30 de la nouvelle constitution, qui dit : «sont électeurs et éligibles tous les citoyennes et les citoyens majeurs jouissant de leurs droits civils et politiques (…) Le vote est un droit personnel et un devoir national».
«Des citoyens à part entière»
Avant la Coalition des MRE, c’est un autre mouvement de résidents marocains à l’étranger, le Comité de suivi du rassemblement des Marocains en Europe, qui estime que la participation par procuration est «un détournement du sens profond du texte constitutionnel».
La question de la participation politique des MRE a également été portée sur les réseaux sociaux. Sur Facebook en l’occurrence, L’Union nationale de l'initiative syndicale libre – Unis Libres, a créé une page. Plusieurs de ses revendications y sont inscrites. Sur une entrée postée le 26 septembre dernier, le collectif s’indigne contre ce qu’il qualifie de «politique incompréhensible», qui veut faire passer «les Citoyens Marocains de l'Etranger comme des demi-citoyens».
L’Union rappelle que lors du référendum du 1er juillet dernier, «à l'inverse de leurs concitoyens de l'intérieur, ils (les MRE, ndlr) ont eu le droit de voter pendant trois jours, dans les consulats, les aéroports, les ports et même sur certaines autoroutes (…)». Les membres du collectif déplorent que les MRE soient à présent considérés comme des «citoyens de seconde zone», et estiment «illogique (…) la décision d'exclure les quelques cinq millions de citoyens marocains de l'étranger de leurs droits constitutionnels».