La Grande Bretagne surveille de très près ses étudiants musulmans. Quarante universités considérées comme «à risque» par le ministère de l’Intérieur intéressent particulièrement les services de renseignements britanniques. Dans ces temples du savoir, les autorités académiques ont reçu des instructions officielles : signaler à la police tout étudiant musulman se montrant déprimé, isolé de sa famille, politiquement agressif ou suspecté de se rendre sur des sites internet considérés comme extrémistes.
Cette mesure entre dans le cadre de la «Strategie Prevent», mise en place en 2007 pour déjouer les attentats, et étendue à l’université par l’actuel gouvernement conservateur après l’attentat manqué d’Umar Faouk Abdulmutallab, le 25 décembre 2009, dans un vol à destination de Détroit, aux Etats-Unis. Pour l’actuelle ministre de l’Intérieur, Theresa May, ce tour de vis se justifie par le laxisme du gouvernement travailliste qui avait refusé de «reconnaitre ce qui peut vraiment se passer sur les campus».
Les services de Scotland Yard seraient ainsi en train de former des agents de l’administration, des enseignants, des surveillants et même des aumôniers de différentes universités, afin de repérer les étudiants musulmans susceptibles de se radicaliser. Les suspects signalés seront par la suite suivis par la police pour savoir s’ils constituent ou non une menace.
Opposition des syndicats
Les membres du personnel de plusieurs universités de Londres et du Lancashire ont été contactés par le ministère de l'Intérieur, rapporte The Guardian. Certaines personnes contactées n’ont toutefois pas apprécié ce qu’elles considèrent comme une atteinte aux droits civils des étudiants musulmans. «Le personnel a clairement fait savoir qu'il ne souhaitait pas surveiller les élèves ou s'engager dans toute activité qui pourrait nuire à sa relation de confiance avec les étudiants», a indiqué le Syndicat des personnels universitaires britanniques (University and College Union).
De son côté, le syndicat étudiant de l'université londonienne Goldsmiths se dit «profondément choqué par le fait que les responsables en charge de cette stratégie [leur] demandent d'espionner [les] étudiants musulmans». Compte tenu de la montée de groupes extrémistes comme la Ligue de défense anglaise et le récent massacre en Norvège, James Haywood, président de ce syndicat, se demande «pourquoi cette stratégie ne s'applique-t-elle pas aux étudiants qui démontrent une haine irrationnelle envers l'islam ?»