Francesc Xavier Mena, conseiller à l’Emploi du gouvernement autonome de Catalogne a accusé, jeudi 18 août, «plusieurs» des 9 000 Marocains touchant le RMI en Catalogne, d’être des fraudeurs. Une attaque en règle contre les Marocains immigrés dans le plus pur esprit de l'extrême droite française. Pour le conseiller catalan à l’Emploi, ces derniers continueraient à percevoir les allocations, même après être revenus au Maroc. «Nous le savons car nous nous sommes aperçus qu’ils effectuaient des transferts à des entités bancaires du monde entier», a-t-il déclaré.
Francesc Xavier Mena a également dénoncé, jeudi, selon El Pais, la tendance que certains ont à tirer la majorité de leurs revenus des prestations sociales qui leur sont accordées. Le conseiller catalan va plus loin encore dans ses attaques. Selon lui, la gestion actuelle du système d’octroi de ces allocations aides vide de son sens le concept d'aide : «encourager l’insertion professionnelle et sociale des personnes en risque d’exclusion». Il a critiqué l’action du précédent gouvernement qui, selon lui, n’a pas assuré le suivi nécessaire pour éviter les fraudes.
Objections
Les accusations de Mena ont fait réagir. Les premiers à manifester leur mécontentement ont été les travailleurs sociaux qui ont manifesté, hier, devant le siège du gouvernement autonome catalan. Ils réfutent les arguments de Mena au sujet du suivi des fraudes. Ils avancent, notamment, que chaque dossier est vérifié deux fois par an et qu’en cas de soupçon les agents demandent les passeports des immigrés pour vérifier leurs voyages à l’étranger. Des séjours trop fréquents au Maroc peuvent faire perdre leurs allocations aux Marocains de Catalogne. Une situation qui rappelle celle des chibanis en France.
Les déclarations de Francesc Xavier Mena ont également alarmé d'autres acteurs de la société civile catalane qui craignent que les arguments du conseiller à l’Emploi ne renforcent ceux des partis d’extrême droite. Josep Maria Álvarez, responsable syndical, accuse le conseiller d’adopter un discours proche de celui du parti xénophobe Plateforme pour la Catalogne (PxC), en stigmatisant les immigrés. Il estime que les arguments du conseiller à l’Emploi étaient des «excuses de mauvais payeur».