Menu

Grand Angle

La prévalence du Sida de plus en plus élevée chez les homosexuels du monde arabe ?

L’homosexualité masculine et les tabous qui l’entourent seraient parmi les principales causes de l’épidémie grandissante de Sida dans plusieurs pays de la région Afrique du Nord/Moyen-Orient (MENA). C’est ce qui est établi par une étude publiée ce mardi, la première du genre dans le monde arabe.

Publié
DR
Temps de lecture: 2'

Les hommes entretenant des relations homosexuelles sont les plus exposés au virus du Sida. Plus du quart des nouvelles infections dues au VIH dans certains pays de la région MENA concerneraient des homosexuels mâles. C'est ce qu'on retiendra, entre autres, de l’étude menée par les chercheurs du Weill Cornell Medical College du Qatar. Cette étude montre que l’épidémie de Sida a progressé de façon inquiétante dans la région. 75 000 cas auraient été déclarés en 2009, contre 36 000 en 2001, rapporte le site du quotidien américain San Francisco Chronicle.

Les pratiques homosexuelles auraient pris une part importante dans l’évolution de l’épidémie. L’étude considère à ce propos que les rapports sexuels entre hommes, les pratiques bisexuelles, et la prostitution masculine sont des «pratiques à risque».

2 à 3% des hommes dans la région MENA auraient des rapports sexuels avec d’autres hommes. Au Maroc, le taux d'homosexualité parmi les jeunes hommes est de 3,7 %. Une enquête menée sur 90 homosexuels à Agadir et Marrakech en 2008 a montré que le taux de prévalence du Sida était de 4,4% au sein de cette population. Cette enquête était réalisée dans le cadre du Programme national de lutte contre le Sida. Les rapports d'autres pays d'Afrique du Nord montrent des taux de prévalence plus importants : 6,2% pour l'Egypte en 2006, et 4,9% pour la Tunisie en 2009.

En général, dans la région MENA, le nombre de partenaires des homosexuels varierait entre 4 et 14 au cours des 6 derniers mois. Moins du quart d’entre eux auraient eu des rapports protégés. De tels comportements expliquent une épidémie galopante, et fait craindre un risque de contamination accru pour les années à venir. «Ce n’est pas l’homosexualité en soi qui aggrave le risque de propagation, ce sont les relations non protégées», insiste le docteur Hakima Himmich, présidente de l'Association de Lutte Contre le Sida (ALCS).

Le tabou, le grand obstacle

L’étude menée par les chercheurs du Weill Cornell Medical College est la première à s’intéresser à l’état de la maladie au sein de la communauté homosexuelle des pays arabes. Ce constat ne surprend guère quand on sait qu’il s’agit de sociétés conservatrices, où les pratiques homosexuelles sont sévèrement réprimées. L’article 489 du code pénal marocain condamne ainsi les homosexuels à des peines de prison allant de 6 mois à trois ans ou à des amendes allant de 120 à 1200 DH.

La forte stigmatisation dont les homosexuels font l’objet les contraint à la clandestinité. Ceci gêne considérablement les efforts menés pour endiguer la propagation du Sida parmi ces personnes. «Cette population a été complètement oubliée des programmes de prévention», déplore Hakima Himmich.

Les chercheurs espèrent que les découvertes exposées dans l’étude pousseront les dirigeants arabes à agir en conséquence. «Certains pays ont su trouver des moyens créatifs pour faire face au problème tout en échappant aux sensibilités sociales, culturelles ou politiques», indique Ghina Mumtaz, coordinatrice de l’étude. Plusieurs pays dont le Maroc, soutiennent dans ce sens, des ONG qui assistent ces personnes, notamment à travers le conseil et le suivi. L'ALCS, en l'occurence, dispose d'un programme de prévention destiné aux homosexuels. Ledit programme couvre 12 villes du territoire, et a bénéficié à  27 554 personnes en 2010. 

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com