Après Ruby, une autre Marocaine fait parler d’elle en Italie, mais sur le plan purement politique cette fois. Souad Sbaï, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est l’auteure d’un texte de loi qui risque de faire pas mal de bruit en Italie, notamment au sein de la Communauté musulmane. Cette députée du parti du Peuple de la liberté, la formation conservatrice du président du Conseil Silvio Berlusconi, a initié une proposition de loi qui vise à interdire le port de la burqa ou tout autre vêtement «d’origine ethnique» qui masque le visage. Ce texte est inspiré des exemples français et belge.
Ce mardi 2 août, grâce aux voix de sa formation et de celles de leurs alliés populistes de la Ligue du Nord, cette proposition a été adoptée par la Commission des affaires constitutionnelles de la Chambre des députés. Les autres groupes parlementaires se sont pour la plupart abstenus alors que le Parti démocrate, principale force d'opposition, a voté contre. Toutefois, le parlement devra se prononcer en plénière pour l’adoption de la loi au mois de septembre prochain.
«Dramatisation»
Une fois adoptée, cette loi punira de 100 à 300 euros d’amende toute femme qui portera la burqa dans les lieux publics. Quant aux personnes qui obligeront leurs proches à se voiler intégralement, des peines allant jusqu’à 30 000 euros d’amende et 12 mois de prison sont prévues.
«Je veux parler au nom de celles qui n’ont pas de voix, qui n’ont pas la force de crier et de dire ce que je fais, ce n’est pas bien», a déclaré la députée d’origine marocaine Souad Sbaï, qui ajoute qu’«Il y a cinq ans, personne ne portait la burqa (en Italie). Aujourd'hui, on en voit toujours plus. Nous devons aider les femmes à sortir de cette ségrégation... et de cette soumission». Un point de vue qui irrite les associations musulmanes.
L’interdiction «du port du voile est injuste et constitue une atteinte aux libertés individuelles», proteste Roberto Hamza Piccard, porte parole de l’Union des communautés islamiques d’Italie. «Il n’y a même pas 100 femmes qui portent le niqab en Italie et personne ne porte la burqa», fait-il savoir, tout en se désolant que ce sujet puisse faire l’objet d’une telle «dramatisation».