L’importance numérique de la communauté musulmane dans certains pays d’Europe impose la prise de mesures pour permettre aux travailleurs de jeuner, sans que cela n’entrave leur productivité. Dans une enquête réalisée par Ifop pour le journal La croix, sur les 3,5 millions de musulmans de France, 71% ont la ferme volonté de jeuner cette année. Des horaires aménagés ou flexibles sont donc préconisés, car pour Dounia Bouzar, directrice du cabinet Consulting Cultes et Cultures (CCC), «Si aucun texte légal n'oblige l'employeur à aménager les horaires pendant cette période (de ramadan, ndlr), il ne faut pas rejeter, par principe, ce type de demande et plutôt rechercher un compromis acceptable par tous».
Un mois fait de compromis
Selon Dounia Bouzar toujours, «Si vous avez un chantier où il y a une majorité de personnes qui ne peuvent pas supporter l’islam ils vont harceler celui qui fait le ramadan […] et au contraire si vous avez un service ou un chantier où il y a une majorité de musulmans, c’est eux qui font la loi» explique-t-elle à Rfi. L’acceptable par tous reste très relatif, et dépend de la représentativité des musulmans dans l’entreprise. En France, dans le milieu ouvrier (le tiers de la communauté musulmane sont ouvriers, soit 33%), il est sans doute plus facile de trouver des compromis.
Dans la catégorie des artisans, commerçants et chefs d’entreprise (7,2%), les équipes de travail réduites, ou la haute fonction, favorisent un milieu de travail clément pendant le mois sacré, et une flexibilité des horaires. «Tout le monde me respecte dans mon boulot. Mes collègues font trop attention, ils n’osent plus ni boire, ni grignoter devant moi, nous raconte Khadija, coiffeuse dans un salon de beauté parisien qui poursuit : pareil pour les horaires, mon boss me permet de partir une heure plus tôt puisque je ne prends pas de pause déjeuner».
En Espagne, les choses s’organisent…
En Espagne, devant l’incapacité des chefs d’entreprise et des 300 000 musulmans à trouver un terrain d’entente concernant les horaires, les syndicats ont décidé de prendre les négociations en main. Pour Ghassane Saliba, secrétaire à l’immigration au CCOO, il s’agit de «distribuer le travail pour répondre aux besoins personnels des employés, tout en respectant, bien sûr, le décompte final des heures (de travail) par an». Selon Samir Kollech, en charge de l'AMIC-UGT syndicales espagnoles, des accords ont été signés avec dix entreprises. La tendance est à la hausse. «Je suis sûr que dans les années à venir, les entreprises signeront de plus en plus» assure-t-il, optimiste, aux confrères du journal El Periodico.