«Nous sommes là pour un meilleur avenir», «dignité, liberté et justice sociale» ou encore «nous n’avons pas voté [la nouvelle constitution]», tels étaient entre autres les slogans scandés par des milliers de manifestants ce dimanche 3 juillet, dans certaines grandes villes du Maroc. A Casablanca, Rabat, Tanger, Marrakech ou encore El Jadida, les militants du Mouvement du 20 février ont indiqué clairement qu’ils comptent poursuivre leur mobilisation, en dépit de l’approbation à 98,48% de la nouvelle constitution (chiffre encore provisoire, communiqué le 2 juillet par le ministre de l’Intérieur).
Dans la capitale économique, les milliers de manifestants, constitués essentiellement des militants d’Al Adl Wal Ihsane et des autres composantes du 20 février, s’étaient donnés rendez-vous au quartier de Sbata en fin d’après-midi. L’important dispositif sécuritaire qui a encadré la marche a permis d’éviter des échauffourées avec des contre-manifestants, venus crier leur amour à la patrie et au roi.
Les forces de sécurité ont également veillé au bon déroulement des marches organisées à Rabat, Tanger, mais aussi à Marrakech, où des milliers de protestataires ont exprimé leur rejet de la nouvelle constitution et demandé une meilleure justice sociale. Dans la ville d’El Jadida, on fait état de 8 blessés, suite à des accrochages entre militants du 20 février et contre-manifestants.
Marche de Tanger, le 3 juillet 2011
Mobilisation
Au sein du 20 février, la large approbation du nouveau projet constitutionnel n’est pas vue comme un signe de rejet ou d’impopularité du Mouvement : «les manifestations [du dimanche] confirment que le peuple n’est pas d’accord» avec le texte, commente Montassir Sakhi, jeune activiste du Mouvement. «Tout le peuple n’a pas voté «oui» et nous savons comment la campagne a été menée. Cela nous rappelle la figure de Driss Basri (ministre de l’Intérieur sous Hassan II), ajoute-t-il.
A la question de savoir si le Mouvement a encore une raison de maintenir la pression après l’approbation de cette nouvelle constitution, le 20 févrieriste rappelle que «la constitution n’est qu’une des revendications. La principale reste l’instauration d’une monarchie parlementaire». Ce qui n’est pas encore le cas et explique la poursuite de la mobilisation. Chaque coordination locale devra établir son plan d’action qui se traduira par des actions de sensibilisation auprès des populations, en plus des manifestations hebdomadaires. Le ton est donc donné, reste à savoir, si le Mouvement pourra tenir le coup. Mais aussi, si les autorités, avec une nouvelle constitution qui élargit davantage les libertés, parviendront à bannir la matraque et à tolérer les marches, comme ce fut le cas hier.