«Admirateur fervent du nazisme et raciste patenté», selon le parquet de Colmar, Emmanuel Rist aurait froidement tiré une balle dans la nuque de Mohamed Madsini, marchand de tapis et père de cinq enfants, le 22 mai 2001.
Mea culpa
Dénoncé en 2007 par un de ses amis, Laurent Boulanger, Emmanuel Rist, agent de sécurité de 41 ans, avait commencé par admettre son implication dans le crime pour se rétracter ensuite. Hier, au tribunal de Colmar, l'affaire a connu un nouveau soubresaut. Rist se repent. Rongé par la culpabilité, il promet de tout avouer : «Je regrette cet acte. Aujourd'hui, je suis dans la vérité». L’avocat de Rist, Me Renaud Bettcher reconnait la responsabilité de son client, il avoue que «bien entendu, Rist a tiré sur cet homme. Mais il ne l'a pas poursuivi». Me Bettcher semble déterminé à éviter la perpétuité à son client, en écartant la préméditation. Il évoque une altercation entre Emmanuel Rist et la victime, qui aurait mal tourné. Mais l’avocat a du pain sur la planche. L’accusation maintient la préméditation : «Rien que de descendre de sa voiture en pensant à prendre son arme, c'est suffisant» annonçait hier Me Anouk Leven-Edel, avocate de la famille Madsini. Pour cette dernière, la motivation raciste du présumé coupable ne fait aucun doute.
Antisémite et xénophobe
En effet, le casier judiciaire d’Emmanuel Rist n’est pas blanc immaculé, l'accusé semble être un habitué du tribunal de Colmar. Il a déjà été condamné en 2007 pour avoir profané 117 stèles juives, en inscrivant des symboles nazis dessus, en compagnie de Laurent Boulanger, celui-là même qui le dénonce aujourd’hui. Il en avait pris pour 30 mois de prison. En 2009, Emmanuel Rist cette fois-ci écope de dix ans de réclusion criminelle : Il avait grièvement blessé un retraité marocain en piégeant son cabanon à Rouffach…avec des explosifs.
L’analyse psychologique le dépeint comme psychorigide, mais sain d’esprit. Il ne cache pas son admiration pour Hitler, dont il détient un portrait chez lui, en plus d’un exemplaire de Mein Kampf et un drapeau Nazi retrouvés dans sa maison. Il arbore également un tatouage représentant la carte d’Allemagne. Mais Rist tempère aujourd’hui «J'avais un ancrage avec une idéologie d'extrême droite» en s’indignant devant les «absurdités du nazisme» et ses «atrocités». Réel changement ou tentative d’éviter la perpétuité ?
Le verdict sera rendu jeudi 24 juin.