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Grand Angle

Désintox : Il n’y a pas eu de «tentative d'immolation par le feu après la libération d’un violeur à Marrakech»

Depuis mercredi soir, une «tentative d'immolation par le feu après la libération d’un violeur à Marrakech» suscite un emballement médiatique. Or, l’information a été démentie ce jeudi par des sources judiciaires et locales de la ville ocre. Détails.

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Photo d'illustration. / DR
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L’information circule depuis ce matin. «Devant le tribunal de première instance de Marrakech, un homme et sa femme se sont immolés par le feu pour protester contre la libération du violeur de leur fille âgée de 12 ans», rapportent plusieurs médias arabophones. D’abord parue sur Rue 20, l’information a été reprise juste après par Nejma-TV et Akhbarona, puis ce jeudi par Qushq.

Ne citant aucune source, les médias insistent : «Le juge du tribunal de première instance de Marrakech a décidé de libérer le fils d’une personnalité connue dans la ville ocre, propriétaire d’une entreprise privée.» «Le fils aurait violé la fille âgée de 12 ans», poursuivent ces sources. Mercredi, elles ont indiqué que les parents de la victime ont tenté de s’immoler par le feu pour protester contre la libération du violeur de leur enfant.

Rue 20, comme les autres médias, rapportent que la défense a déposé une attestation médicale attestant que le suspect serait «psychologiquement malade et sous traitement».

Les médias arabophones ont utilisé une ancienne image d'une tentative d'immolation par le feu, sans souligner qu'il ne s'agit que d'une photo d'illustration. / DRLes médias arabophones ont utilisé une ancienne image d'une tentative d'immolation par le feu, sans souligner qu'il ne s'agit que d'une photo d'illustration. / DR

L’AMDH et «Touche pas à mon enfant» ne sont pas au courant

Contacté par Yabiladi ce jeudi, Omar Arbib, responsable de l'Association marocaine des droits de l’homme à Marrakech, fait savoir que la section marrakchie n’est pas au courant de cette affaire : «Je peux vous assurer qu’aucun membre de notre section n’est au courant de cet indicent. Nous avons dépêché une personne sur place mercredi pour constater ces faits, mais notre militant nous a dit qu’il n’avait rien trouvé», nous confie-t-il. Dans un deuxième temps, Omar Arbib assure, citant une source judiciaire à Marrakech, que l’information «serait une rumeur». Il souligne aussi que le «sit-in» devant le tribunal de Marrakech, rapporté par les médias et censé se tenir à 11 heures, «n’a pas non plus eu lieu».

Selon une autre source de l’AMDH Marrakech contactée par Yabiladi, l’ONG compte enquêter sur ce viol. «Nous avons appris l’information par le biais des médias mais n’avons aucune source pour la confirmer. Nous n’avons pas non plus été approchés par cette famille», nous dit-elle.

Même son de cloche chez l’avocat de l’association «Touche pas à mon enfant», Mostafa Errachdi, établi à Marrakech : «Je ne suis pas au courant d’une quelconque affaire de ce genre.»

Une rumeur, selon des sources judiciaires

Yabiladi a également contacté le tribunal de première instance de Marrakech, cité par les quatre médias. Une source au sein du secrétariat du procureur du roi révoque en doute l’information. «D’abord, le tribunal de première instance ne se charge plus des dossiers de viol sur mineur. C’est la Chambre criminelle près la cour d’appel qui s’en occupe», précise-t-elle. De ce fait, elle affirme que le tribunal marrakchi ne s’est pas prononcé sur une affaire de viol au cours des trois derniers jours.

Cet après-midi, le média local Marrakech Alaan a démenti l’information. «Il ne s'agit que d'une rumeur qui a mobilisé les autorités de Marrakech», indique-t-il en citant une source judiciaire. Les autorités marrakchies comptent, selon la même source, «ouvrir une enquête pour déterminer la source de cette rumeur et les raisons de sa diffusion».

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