Farah Abdelmoumni est une jeune marocaine qui étudie à l’université Lille III. Faisant partie du mouvement du 20 février ainsi que du Comité de suivi du mouvement 20 février Nord-France, Farah se trouve être aussi la fille de Fouad Abdelmoumni et Mina Tafnout, tous deux militants au sein de l’Association Marocaine des droit de l’homme (AMDH).
Après avoir passée ses vacances scolaires au Maroc, Farah qui avait notamment participé aux manifestations du 24 avril à Rabat et à Casablanca, était censée embarquer, mardi 3 mai, à bord d’un avion au départ de Casablanca et en direction de Paris. Elle devait ensuite regagner la ville de Lille, pour reprendre ses études. Cependant, une fois à l’aéroport Mohamed V, l’étudiante s’est vue empêchée «indirectement» de quitter le territoire marocain, nous raconte la mère de Farah, contactée par téléphone. Alors qu’elle avait déjà procédé à l’enregistrement des bagages et au contrôle douanier, c’est au niveau de la Police des frontières marocaines qu’elle a été bloquée.
Attitude «inconcevable» ?
«Un policier lui a pris son sac à main. Elle est passée ensuite à l’isoloir avec une dame qui l’a d’abord fouillée, puis soumise à un interrogatoire», précise Mina Tafnout. Plusieurs questions lui ont ainsi été posées, dont «Comment connaissez-vous le mouvement du 20 février ? Qu’est ce que vous faites avec eux ? Qui sont vos parents ?». Ce n’est qu’en récupérant son sac à main que Farah, s’est rendue compte qu’il lui manquait deux pièces indispensables au voyage, sa carte de séjour française et son passeport. Farah a alors réclamé qu’on lui rende ces documents. Mais, le policier lui assuré qu’il n’avait rien pris du sac. «Vous me traitez de voleur ?», lui a-t-il demandé. «Son sac a été fouillé en son absence», ce qui est «inconcevable», considère la mère.
Ce n’est pas la première fois que Farah Abdelmoumni se voit interpellée à l’aéroport de Casablanca. Selon sa mère, «lorsqu’elle est arrivée au Maroc le 19 avril, Farah portait un badge du mouvement du 20 février», elle avait alors subie un «interrogatoire informel» dans lequel elle avait été vivement critiquée par la police.
Mobilisation des associations
Selon la présidente de l’AMDH, Farah a subi une fouille «pas tout à fait légale. «C’est une manœuvre pour intimider Farah et ses parents qui sont également militants à l’AMDH», estime-elle. Pour Khadija Ryadi, il faut lui «restituer ses papiers pour qu’elle puisse regagner son école et passer ses examens». L’AMDH compte rédiger une lettre dans ce sens, qui sera envoyée au ministère de l’Intérieur, afin de dénoncer cette pratique et réclamer l’ouverture d’une enquête.
«Consternée», l’Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF) soutient également la jeune étudiante. «Voulait-on la punir pour son engagement citoyen ou faire taire son père Fouad Abdelmoumni connu pour sa liberté d'esprit ?», s’interroge l’ATMF par le biais d’un communiqué.