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Grand Angle

Figuig : Une oasis unique au monde [Magazine]

A l’extrême est du Maroc, dans un cirque montagneux du Haut Atlas oriental, au nord du Sahara, se niche l’une des plus anciennes villes du Maroc : Figuig. Une oasis aux paysages merveilleux qui revendique une aura planétaire : l’inscription au patrimoine mondial de l’humanité.

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Située à 368 km au sud d’Oujda et à quelque 7 km de la ville algérienne de Beni Ounif, Figuig appartient à la  partie la plus orientale du royaume. Pour les historiens arabes, elle tire son nom de «fej» ou col, alors que, pour  les Amazighs, on ne doit même pas parler de Figuig, mais plutôt d’Ifiyyey (falaise) qui provient du verbe  amazigh afey (courir) pour indiquer le pas cadencé du marcheur qui descend d’une falaise. Les deux expressions  (fej et Ifiyyey) renvoient en tout cas à un relief montagneux.

En effet, Figuig est un endroit perdu au milieu des  montagnes qui en constituent la «ceinture de sécurité». Un rempart contre les ennemis envahisseurs mais  également contre l’avancée du désert, sans oublier «le réservoir» d’eaux pluviales que constituent les  montagnes du Haut Atlas. Au nord-ouest de Figuig, se dressent les Jbel Himour (1168 m) et Krouz (1647 m), alors qu’au Sud, se positionnent les Jbel Jermane (1047 m) et Sidi Youssef (1065 m), entre autres.

Ce milieu montagneux suffit, à lui seul, à donner une idée du climat de Figuig. Le mercure y varie entre 3 et 5°C l’hiver et  de 41 à 42°C l’été. C’est un climat semi-aride méditerranéen à aride, mais qui, dans l’oasis que constitue Figuig, peut surprendre par sa fraicheur et sa douceur. Qui dit oasis, dans un environnement marqué par une forte  désertification, pense également aux palmeraies de la région. Les quelques 190 000 palmiers dattiers de Figuig en font l’un des plus beaux sites du Maroc, habité depuis le néolithique.

Tout au long de l’histoire, juifs et, notamment, chrétiens et musulmans se sont succédés dans la localité. Après sa conquête par les Vandales, en 429 après J.C, Figuig entrait dans une période de prédominance du christianisme jusqu’à la fameuse bataille de Yarmouk (vers 636) qui vit les armées musulmanes prendre le dessus sur l’empire byzantin, ouvrant la porte à la conquête de l’Afrique du nord. Figuig deviendra donc musulmane, grâce, en particulier, au pèlerinage de ses chrétiens à Al Qods, où iles embrassent l’Islam.

Figuig, musulmane, évoluera sous le contrôle des différentes dynasties. Les Almohades, dirigés par Yacoub El Mansour Al Mouahidi, s’emparent de la cité au VIème siècle de l’Hégire, vers 1200. En l’an 1061 de l’Hégire, (1651), sous le règne des Alaouites, le Sultan Mohammed Ben  Sherif, s’engage dans une bataille féroce pour conquérir l’oasis. Une oasis prise d’assaut par les troupes du général Ferdinand Marie O’Connor qui tirent 600 coups de canon sur ksar Zenaga, détruisant maisons et dattiers : nous sommes le 9 juin en 1903, en pleine période de colonisation française.

Après l’indépendance du Maroc, en 1956, et de l’Algérie, en 1962, les deux voisins se lancent dans une guerre des sables» qui coutera d’immenses superficies de terres et de dattiers aux Figuiguis.

Ces habitants de Figuig sont majoritairement amazighs aujourd’hui : tribus des Zenata et Sanhaja. Les juifs, très actifs dans les activités économiques, ont quitté la région dans les années 1950, à destination de l’Amérique du Nord, de l’Europe ou bien d’Israël. Parmi les arabophones de Figuig, arrivés au XVIIIème siècle, on compte des descendants de Chourafa et des Almoravides qui ont embrassé la culture locale. Des Harratines, anciens esclaves affranchis, ainsi que des Garamantes, des noirs non esclaves vivant en Afrique du nord, vivent toujours à Figuig.

Peut-être jusqu’à présent, mais surtout par le passé, la famille et le lignage déterminaient le rôle et la place de chacun dans la société, de même que les institutions traditionnelles comme la Zaouia et la Jmaâ. La Zaouia regroupait les adeptes d’une tendance religieuse et constituait une sorte d’université qui dispensait un  enseignement aux fidèles. De grandes zaouias maghrébines, telles la Tijania, la Qadiria ou encore la Boutchichia, ont présentes à Figuig. D’autres zaouias locales sont très influentes : Sidi Abdel Jabbar, Sidi Abdel  Ouafi ou encore Sekkounia.

La Jmaâ est, elle, constituée des représentants de chaque lignage, dans un Ksar (palais ou château, dont le pluriel est ksour). Le Ksour désigne une agglomération d’habitats groupés dans un espace clos, entouré de murs d’enceintes flanqués de tours de guet et généralement munis d’entrées fortifiées.

Figuig compte sept grands ksour : Laâbidate, Lamaïz, Hammam Foukani, Hammam Tahtani, Loudaghir, Ouled  Slimane et Zenaga, le plus grand. Ces espaces accompagnent toujours la vie économique de Figuig, qui est  devenue une province - la plus vaste de la région de l’Oriental. L’agriculture, notamment la culture du palmier et  de l’olivier, constitue le poumon économique de Figuig avec le tourisme, ainsi que l’artisanat et l’élevage.

Figuig,  très affectée par la fermeture des frontières entre le Maroc et l’Algérie, espère néanmoins se rattraper sur le plan touristique et patrimonial : faire partie des  sites classés au patrimoine culturel mondial de l’humanité par l’UNESCO.

Cet article a été précédemment publié dans Yabiladi Mag n°6

Figuig sur la liste du patrimoine mondial ?

Le 15 mars dernier, la ville de Figuig faisait son show au siège de l’UNESCO à Paris. Objectif : baliser le terrain pour être inscrite sur la liste des sites classés patrimoine mondial de l’humanité. Figuigcompte, notamment, sur  l’architecture des oasis présahariens qui la caractérisent et dont on ne trouve « de semblables nul part ailleurs au Maroc », assure Abderrahim Kassou, président de l’association culturelle Casamémoire.

Cependant, Figuig doit  d’abord être classée au niveau national avant d’espérer l’être sur le plan international. Ce n’est pas encore le cas.  e président de Casamémoire, impliqué dans le dossier, indique que les démarches sont en cours. Elles  permettront à Figuig de se lancer dans sa conquête mondiale et d’être peut-être le neuvième site marocain à figurer sur la prestigieuse liste des sites classés patrimoine mondial de l’UNESCO.

Les huit sites marocains qui y figurent sont : la  Médina de Fès (depuis 1981), la Médina de Marrakech (1985), Ksar d’Aït-Ben-Haddou (1987), la ville historique de  Meknès (1996), le site archéologique de Volubilis (à une vingtaine de Km de Meknès, 1997), la Médina de Tétouan  (1997), la Médina d’Essaouira (2001), la ville portugaise de Mazagan (El Jadida, 2004).

La place Jamaâ El Fna de  Marrakech (2001), et le Moussem de Tan-Tan (2005) figurent aussi sur la liste des biens marocains classés par  l’UNESCO au titre de « patrimoine oral et immatériel ». Le Maroc a également soumis d’autres biens à l’UNESCO dont  la Tour Hassan, Taza et la Grande Mosquée, la Mosquée de Tinmel, le Site de Chellah, le Parc naturel de   Talassemtane et le Parc national de Dakhla.

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