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Grand Angle

Samir Azzimani : Les JO de Sotchi en ligne de mire [Magazine]

Même s’il s’y pratique depuis de nombreuses années, le ski reste aujourd’hui très peu médiatisé au Maroc. On oublierait presque qu’en 2010, Samir Azzimani, était l’unique représentant marocain aux Jeux Olympiques d’hiver à Vancouver. Même s’il n’a pas connu la gloire au Canada, l’homme vise une nouvelle participation olympique à Sotchi en Russie, en 2014. Retour sur un parcours atypique.

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é de parents marocains à Colombes, en région parisienne, le 22 octobre 1977, Samir Azzimani est l’un de ces sportifs dont les débuts sont guidés par la providence. Il découvre le ski lors de vacances scolaires à l’âge de 5 ans. A l’époque, ce sport ne suscite guère son enthousiasme. «Il faisait froid, les combinaisons n’étaient pas pratiques ... Les deux premières années, j’ai détesté le ski», reconnaissait-il récemment dans une interview à un  magazine sportif français.

Il apprendra à apprécier ce sport plus tard, en domptant la neige avec les mêmes  chaussures qu’il trouvait encombrantes quelques années auparavant. Le ski prendra une nouvelle dimension lorsque le jeune Samir assiste, pour la première fois, à une compétition de ski... du haut d’un télésiège. Le vrai déclic : les Jeux Olympiques d’hiver d’Albertville en 1992. Cette année-là, il assiste derrière sa télévision, à la triste prestation des skieurs marocains. L’un d’eux, Brahim Izdag, s’était distingué en arrivant dernier de l’épreuve du slalom super géant.

Représenter le Maroc : le défi de sa vie

Déçu comme tous les Marocains qui ont  suivi les JO, Samir commence cependant à envisager une carrière dans le ski. Il est persuadé de pouvoir faire mieux que ce qui a été vu à Albertville. Défendre le Maroc lors des jeux Olympiques devient le rêve de sa vie. «Juste le fait de représenter le Royaume autour du globe était un honneur pour moi», explique Samir.

En plus d’une ardente envie de représenter son pays d’origine, Samir Azzimani voulait aussi se battre contre des clichés. Il fallait briser tous les stéréotypes négatifs que les gens avaient du ski marocain. Il était aussi question de prouver que lui, issu d’un milieu modeste, pouvait s’imposer dans un sport de «bourgeois».

Les difficultés financières auront longtemps miné la carrière de l’athlète sans jamais entamer sa détermination. Pour financer ses participationsaux différentes compétitions, il doit régulièrement effectuer des petits boulots. Par ailleurs,  plusieurs mécènes, dont le roi Mohamed VI, l’ont souvent soutenu.

Sous le drapeau marocain, Azzimani a  participé en tout, à quatre championnats du monde de ski alpin : en 2001 à Sankt Anton (Autriche), en 2003 à  Saint-Moritz (Suisse), en 2005 à Bormio (Italie) et en 2009 à Val d’Isère (France). En 2011, alors qu’il se  préparait à participer aux mondiaux de ski alpin de Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), tenus du 7 au 20  février, une fracture à l’un de ses orteils le pousse à renoncer.

Les Jeux Olympiques, son rêve de toujours

Les difficultés financières, le manque de sponsors, des résultats pas toujours au rendez-vous n’ont visiblement jamais eu raison de la détermination de Samir Azzimani. Son objectif premier était bien au-dessus de tout cela :  représenter le Maroc pendant les JO d’hiver.

A Salt Lake, aux Etats Unis, en 2002, il manque de peu sa  qualification. A Turin, en Italie, en 2006, il se qualifie mais doit renoncer à cause d’une blessure. Sa déception est  elle qu’il envisage même d’arrêter. Le soutien de son entourage lui redonne la force de reprendre la  compétition.

Il finit par réaliser son rêve en 2010, à Vancouver. Ironie du sort, il sera l’unique représentant marocain à cette manifestation. A 33 ans, il atteint enfin l’objectif qui a inspiré sa carrière. Il se classe 44e dans  l’épreuve du slalom et 74e dans l’épreuve du slalom géant. Des résultats encourageants. «Mon comité olympique été agréablement surpris. Ils étaient fiers car j’ai battu pas mal de skieurs d’autres pays. Je n’étais  pas ridicule. Je les ai sentis heureux» Même après avoir touché son rêve du doigt, Azzimani se montre toujours aussi insatiable. Aujourd’hui, l’homme espère pouvoir se qualifier pour les JO d’hiver de 2014, à Sotchi, en Russie.

L’après ski

A bientôt 34 ans, Samir Azzimani a déjà commencé à assurer son après-carrière. Il a mis sur pieds une structure pour encadrer les athlètes marocains du monde qui connaissent les mêmes difficultés que lui. L’Entente Sportive Marocaine Internationale aide ces athlètes au niveau de leurs démarches  administratives mais aussi du matériel et de la communication pour que leurs exploits soient reconnus et  puissent être soutenus.

En parallèle, Samir Azzimani travaille sur son autobiographie. Il reviendra sur les grands moments de sa carrière. Une carrière riche en aventures, un parcours très atypique qui, même s’il n’a pas connu le succès qu’il aurait mérité, a au moins un enseignement à donner : toujours croire en ses rêves.           

Cet article a été précédemment publié dans Yabiladi Mag n°5

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