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Grand Angle  

Addis-Abeba : Les grandes lignes du discours du roi Mohammed VI

Le Maroc est officiellement, depuis lundi, le 55e membre de l’Union africaine, à l’issue de la réunion des chefs d’Etat lors du 28e sommet de l’organisation continentale. Ce mardi, le roi Mohammed VI a prononcé un discours historique devant les chefs d’Etat, les représentants diplomatiques et les différents membres de l’UA. 

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Le roi Mohammed VI, mardi à Addis-Abeba. / Ph. MAP
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«Il est beau, le jour où l’on rentre chez soi, après une trop longue absence. Il est beau, le jour où l’on porte son cœur vers le foyer aimé. L’Afrique est mon continent, et ma maison. Je rentre enfin chez moi, et vous retrouve avec bonheur. Vous m’avez tous manqué.» C’est avec ces mots que le roi Mohammed VI a débuté son discours prononcé devant les chefs d’Etat, les représentants diplomatiques et les différents membres de l’Union africaine ce mardi à Addis-Abeba.

Malgré les années d’absence du Maroc des instances de l’Union africaine, ses liens, «jamais rompus, sont restés puissants, et les pays africains frères ont toujours pu compter sur nous», a affirmé le souverain, remerciant le soutien «franc et massif» que le Maroc a recueilli et qui «témoigne de la vigueur des liens» qui l’unissent à d’autres pays.

Plusieurs projets à l'initiative du Maroc et à destination de l'Afrique

L’occasion pour lui de citer ses 46 visites effectuées dans 25 pays africains et les nombreux accords signés dans les secteurs public et privé. Le roi a également comparé les 515 accords signés entre le Maroc et les pays du continent entre 1956 et 1999 à ceux paraphés depuis 2000, atteignant près d’un millier d’accords.

«Par ailleurs, des projets stratégiques d’envergure ont été mis en place lors de mes visites dans ces pays. En premier lieu, j’ai eu le plaisir d’initier le projet de Gazoduc Africain Atlantique avec mon frère son excellence Monsieur Muhammadu Buhari, président de la République fédérale du Nigéria. Ce projet permettra naturellement l’acheminement du gaz des pays producteurs vers l’Europe. Mais, au-delà, il bénéficiera à toute l’Afrique de l’Ouest.»

Dans son discours, le roi Mohammed VI a également évoqué les autres projets visant la productivité agricole, la sécurité alimentaire, le développement rural et la contribution du royaume pour défendre la stabilité de l’Afrique. «Ni le pétrole ni le gaz ne pourront satisfaire les besoins alimentaires de l'Afrique», a-t-il déclaré, en clin d'œil au voisin de l'Est.

Le Maroc entre dans l’UA par «la grande porte»

Le monarque a rappelé l’accueil «chaleureux» dont bénéficient les Subsahariens, citant les opérations de régularisation que le royaume a lancées, avant de répondre aux critiques formulées par certains pays quant au retour du Maroc au sein de l’UA.

«Nous n’ignorons pas que nous ne faisons pas l’unanimité au sein de cette noble assemblée. Loin de nous, l’idée de susciter un débat stérile. Nous ne voulons nullement diviser, comme certains voudraient l’insinuer. Vous le constaterez : dès que le Royaume siègera de manière effective, et qu’il pourra apporter sa contribution à l’agenda des activités, son action concourra, au contraire, à fédérer et à aller de l’avant.»

Plus loin, le roi a évoqué l’Union du Maghreb arabe (UMA), première organisation régionale où il a tenté de «puiser sa force», faisant savoir que sa «flamme (…) s’est éteinte, parce que la foi dans un intérêt commun a disparu» et que le constat, aujourd’hui, est que «l’UMA est la région la moins intégrée du continent africain». Un bilan qui «conforte (…) le choix de l’Afrique pour un Maroc qui opte pour le partage et le transfert de son savoir-faire [et qui] propose de bâtir concrètement un avenir solidaire et sûr», a souligné le souverain.

«Nous enregistrons, avec fierté, que l’histoire nous donne raison. Le Maroc ne rentre pas dans l’Union africaine par la petite, mais par la grande porte. L’accueil chaleureux que nos frères africains nous réservent aujourd’hui en témoigne. Nous invitons, avec enthousiasme, les nations africaines à s’associer au dynamisme de notre pays, à donner un élan nouveau à notre continent tout entier.»

Nkosazana Dlamini-Zuma évoque un «retour historique du Royaume du Maroc»

Vers la fin de son discours, le monarque a estimé qu’il «est temps que les richesses de l’Afrique profitent à l’Afrique». «Nous devons œuvrer afin que notre terre, après avoir subi des décennies de pillages, entre dans une ère de prospérité. C’est la voie de la solidarité, de la paix et de l’union que mon pays a choisie», a-t-il déclaré. Et de conclure en réaffirmant l’engagement du royaume en faveur du développement et de la prospérité du citoyen africain.

Reprenant la parole, le président de l’UA pour l’année en cours et président guinéen, Alpha Condé a rappelé que «certains s’attendaient à ce que le retour du Maroc divise». Il a également évoqué que feu le roi Mohammed V est l’un des pères fondateurs de l’OUA, soulignant que l’UA doit son existence notamment au groupe de la Conférence de Casablanca en janvier 1961.

De son côté et contrairement aux attentes de l’auditoire, Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente sortante de la Commission de l’UA a fait contre mauvaise fortune, bon cœur. Elle a en effet salué le «retour historique du Royaume du Maroc qui permet de réunir enfin tout le continent africain». «Bienvenue à nos frères et sœurs et au 55e membre de notre union», a-t-elle insisté, faisait un petit clin d'œil à la «RASD», considérée en tant qu’Etat par l’organisation panafricaine. La présidente de la Commission de l'UA a conclu son discours en appelant les Etats africains à «coordonner les positions et continuer à renforcer l’UA et l’Afrique».

Article modifié le 2017/01/31 à 17h22

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