Menu

Grand Angle

France : Dalil Boubakeur boycotte la Fondation de l'islam

La Fondation de l’islam de France devra se passer des services de la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris. Celle-ci dit fustige une intervention qu’elle juge trop intrusive dans la gestion de l’islam de France.

Publié
Le président François Hollande et le recteur de la Grande Mosquée de Paris Dalil Boubakeur. / Ph. Philippe Wojazer - AFP
Temps de lecture: 2'

La Grande Mosquée de Paris fait volte-face. L’une des principales fédérations de mosquées a annoncé lundi 23 janvier son refus de prendre part aux nouveaux chantiers de «l’islam de France», rapporte le Monde. Un vaste projet qui fait référence à la mise en place d’une Fondation à visée culturelle et une autre à visée cultuelle. La Grande Mosquée de Paris dénonce «toute forme d’ingérence dans la gestion du culte musulman».

La Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris «décide de ne pas participer aux travaux de mise en place de la Fondation de l’islam de France et de son conseil d’orientation ainsi qu’à ceux de la mise en place de l’association cultuelle», fait-elle savoir dans un communiqué.

Une décision qui a suscité la grogne au sein du ministère de l’Intérieur. «Le pire danger est la division des acteurs» de l’islam, a commenté une source proche du département. «Le gouvernement ne se satisfait pas de cette volonté de ne pas participer» aux chantiers en cours.

Des fédérations opposées les unes aux autres

Hormis la Fondation de l’islam de France, désormais opérationnelle sous la présidence de Jean-Pierre Chevènement, une association cultuelle nationale doit voir le jour pour financer de manière transparente des projets en matière religieuse, comme la formation théologique des imams et la construction de mosquées, poursuit le quotidien français. Sauf que la création de cette structure, qui pourrait être dotée d’une «contribution volontaire sur le halal», est freinée par des rivalités entre fédérations.

En outre, la présidence du «conseil d’orientation» de la Fondation, chargé de sélectionner les projets à financer, a été confiée à Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris. Cette dernière, dont la fédération - liée à l’Algérie - rassemble 250 à 2 5000 mosquées de France, estime que ce fauteuil est insuffisant.

C’est que le sexagénaire, à défaut d’avoir perdu la main sur le Conseil français du culte musulman (CFCM), veut garder le cap. Il s’est ainsi allié à Amar Lasfar, président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF, proche des Frères musulmans) et à Mohammed Moussaoui, président d’honneur du CFCM, pour appeler à une concertation, ce mardi, sur la «charte de l’imam» en cours de finalisation et l’association cultuelle de financement.

La réussite sociale antagonique avec la foi ?

Des accointances qui trahissent une gestion administrative des lieux de cultes musulmans dans l’Hexagone et des intérêts personnels qui prennent le pas sur les responsabilités qui incombent aux leaders religieux de la deuxième religion de France.

En témoigne le chantage de Dalil Boubakeur au Premier ministère : début janvier, le quotidien algérien El Watan révélait les pressions exercées par le recteur sur les services de Matignon, celui-ci réclamant que son fils soit promu au rang de conseiller technique au sein de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII).

Dans la foulée, le préfet Didier Leschi, chevronné sur le terrain de la gestion de l’islam en France, a publié un essai intitulé «Misère(s) de l'islam de France» (éditions du Cerf) dans lequel il épingle tour à tour les convoitises peu «cultuelles» des responsables musulmans, les mosquées qui marchent à la manière de petites bureaucraties et des intellectuels aux abonnés absents. «Des personnes se présentent comme intellectuels musulmans alors qu'elles semblent ne pas s'intéresser au peuple des mosquées, et ne prennent pas assez au sérieux la question de la foi (…) Il y a trop peu de gens qui à la fois réussissent socialement, gardent la foi et s'investissent dans les questions cultuelles», écrit ainsi Didier Leschi.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com