Pour rappel, alors que l’UMP de Nicolas Sarkozy prévoit de lancer le 5 avril prochain un débat sur islam et laïcité, la proposition est vivement contestée par une grande partie de l’opinion publique. Une pétition émise dans la foulée, appelait le parti au pouvoir à y renoncer. Intitulée «Non au débat-procès sur l’islam», la pétition lancée par Respect Mag et le Nouvel Observateur, la pétition s’insurgeait contre un débat susceptible d’accentuer la stigmatisation de l’islam en France.
Plusieurs personnalités avaient signé ladite pétition. Parmi elles, Martine Aubry, Laurent Fabius… mais également Tariq Ramadan, personnage controversé en France pour ses positions sur l’Islam. Le Figaro dépeint notamment Tariq Ramadan comme «ce sulfureux universitaire qui voudrait rendre l'islamisme acceptable». Les militants UMP ont donc tôt fait d’alimenter une polémique sur le fait que les noms de Martine Aubry, Laurent Fabius et Tariq Ramadan figurent sur la même pétition. Effet immédiat, Aubry et Fabius ont annoncé le retrait de leurs signatures, dans la soirée de jeudi.
Une polémique sans fond ?
Pour Jean-François Copé, porte-parole UMP, «Le Parti socialiste, cosignant un appel avec Tariq Ramadan, montre la réalité de ce qu'il est: un parti irresponsable!». C’est en substance ce qu’il aurait déclaré au quotidien Le Figaro. L’attaque Copé a fait des émules auprès d’autres militants UMP, pour qui «à travers cette opération politicienne, le PS a perdu son âme». Le Figaro, quotidien d’obédience Droite, titre en Une «L'étrange pétition qui a piégé les socialistes».
Plusieurs faits interpellent dans cette polémique. Alors qu’elle est critiquée sur le fond du débat qu’elle veut lancée, l’UMP ne semble avoir trouvé autre réponse que de verser dans la polémique. La présence ou non de Tariq Ramadan parmi les détracteurs d’un débat a priori dirigé contre l’islam rend-t-elle la nature de ce débat plus acceptable ?
D’autre part on est en droit de se demander si des gens partageant des points de vue divergents ne peuvent pas s’unir au nom d’une cause. Même si Tariq Ramadan est un personnage controversé en France, et que les Socialistes ne partagent pas certaines des positions à priori, est-il impossible d’envisager que ces les deux parties s’allient ensemble pour empêcher que l’islam ne soit davantage stigmatisé en France ? Laurent Joffrin, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, répond sans détour : «cette polémique n’a pas lieu d’être». Le journaliste résume la situation à un jeu politique entre l’UMP (Droite) et le PS (Gauche) : le PS s’étant positionné parmi les détracteurs de l’UMP sur le débat sur l’islam et la laïcité, l’UMP réagit et attaque le PS. La réaction des deux partis semble en tout cas mettre autre chose en évidence, le débat actuel sur l’islam ne sert que des buts électoralistes.
Le PS se décrédibilise
La réaction du PS elle aussi pousse à s’interroger. Doit-on adhérer à un mouvement par conviction, ou en fonction de ceux qui y adhèrent ? Si le PS a décidé de dire «Non au débat-procès sur l’islam», pourquoi sa position changerait-elle à cause de l’un des signataires du moment que les Socialistes sont convaincu de leur position ?
Les attaques de l’UMP semblent donc avoir été plus fortes que l’engagement du PS contre la stigmatisation de la religion musulmane. Et si Laurent Joffrin, réagissant au titre du Figaro, estime que la pétition n’a piégé personne, les Socialistes français eux, semblent bien s’être piégés tout seuls.