Menu

Grand Angle

Le Polisario compte saisir l’UE contre un navire transportant de l’huile de poisson du Sahara

Le verdict de la Cour de justice de l’Union européenne est du pain bénit pour le Polisario. Le Front compte saisir la Commission européenne et la douane française contre un navire transportant de l’huile de poisson de Laâyoune vers le port de Fécamp.

Publié
Il s’agirait du navire Key Bay, actif au niveau de la ville de Laâyoune. / Ph. J. Smit - ShipSpotting
Temps de lecture: 2'

Le Polisario entend passer à l’acte contre les sociétés de l’Union européenne (UE) qui entretiennent des liens commerciaux avec le Sahara. Sa première cible est un navire, le «Key Bay», qui transporte une cargaison d’huile de poisson. Parti de Laâyoune, le bateau devrait atteindre le port de Fécamp, en France, d’ici la fin de cette semaine.

Le «Key Bay» a fait l’objet d’une question orale au Parlement européen. Trois eurodéputés du groupe des Verts ont saisi à la fois trois commissaires de l’UE sur «des violations du droit européen qui seraient commises si le Key Bay pouvait procéder au débarquement d’une cargaison provenant des eaux sahraouies et d’un port sahraoui». Il s’agit de Federica Mogherini, Haute-représentante de l’Union européenne, Cécilia Malmström, commissaire européenne au Commerce et Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques et financières.

L'UE analyse encore les conséquences de la décision de la CJUE

Dans sa réponse, Federica Mogherini a souligné que les «services juridiques analysent encore toutes les conséquences» du verdict de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) du 21 décembre. C’est d’ailleurs la même position exprimée la semaine dernière par Nicholas Westcott, le directeur de la branche Afrique du Nord et Moyen-Orient (MENA) au sein du Service européen d’action extérieur devant les membres de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen.

Le Polisario ne compte pas s’arrêter là. Il prévoit de déposer des plaintes contre les propriétaires du navire «Key Bay» auprès de la Commission européenne et des autorités douanières en France. «Nous espérons dialoguer, mais nous sommes déterminés à faire appliquer l’arrêt de la Cour de justice», a mis en garde M’Hamed Khadad, le coordinateur avec la mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO).

Pour rappel, dans sa décision du 21 décembre, la CJUE a déclaré que le mouvement séparatiste ne représente pas le «peuple du Sahara occidental». De ce fait, il n’a aucune légitimité pour saisir les juridictions des pays de l’UE.

La polémique autour du «Key Bay» devrait sans doute être suivie par d’autres affaires similaires. Le Polisario a mobilisé ses réseaux aux Iles Canaries et au Sahara pour identifier les navires marchands à destination des ports de Laâyoune et Dakhla.

Si la sortie du Polisario est récente, reste que le dossier, lui, n’est pas nouveau. Le quotidien Libération rappelle que l'association Western Sahara Resource Watch (WSRW), favorable aux thèses du Polisario, avait déjà pointé du doigt le «Key Bay» il y a quelques mois. «Le droit international dit que l’exploitation des ressources d’un territoire non-autonome est possible sous deux conditions : le peuple doit être consulté et approuver cette exploitation, et il doit en bénéficier», expliquait en décembre 2016 une militante, membre du réseau WSRW. «Cela n’a clairement pas été le cas au Sahara-Occidental : il n’y a pas eu de consultation et les entreprises concernées sont marocaines», ajoutait-elle.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com