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Grand Angle

Habib El Malki, après avoir plombé notre jeunesse, présidera le Parlement [Edito]

Nous n’allons pas ici nous contenter de ressortir un vieux portrait du nouveau président de la Chambre des représentants, ou publier la dépêche MAP retraçant le CV de Habib El Malki. L’heure est suffisamment délirante pour aller plus profondément dans le décryptage de cette farce politique.

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Une jolie phrase de Abraham Lincoln qui n’aura pas résisté à la réalité. / DR
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Le 16 janvier constituera probablement une date charnière dans le long processus d’accumulation des désillusions. Malgré les nuages qui s'amoncelaient au-dessus de nos têtes, nous gardions espoir. Des débuts prometteurs, et bim, patatra, un Habib El Malki dans les filets. 1-0 contre notre fragile processus électoral qui finit sur les rotules et une classe politique qui n'en finit pas de creuser dans l'indignité.

Comment garder foi en un processus électoral qui donne des gages de respect de la volonté populaire (même s'il ne permet pas de dégager une majorité claire), mais qui défait à la troisième mi-temps tout ce qu'on aura joué pendant le match ? Souvenez-vous des élections de septembre 2015, où les présidences de communes mais surtout des régions, ont connu des retournements de situation incompréhensible pour l'électeur.

Rebelote en octobre 2016 pour ces législatives où un parti qui, dans un premier temps, négocie sa participation au gouvernement, puis de guerre lasse, joue le rôle de variable d'ajustement avec consentement, afin de profiter en cadeau de la présidence de la Chambre des représentants. L'USFP «parti gauche» (le «de» ayant sauté à l’aube des années 2000) est passé de 42 sièges en 2011 à 20 sièges en 2016. Un vote sanction qui n’a été suivi ni d’aucune démission, ni d’aucune remise. Conduit par Driss, le train socialiste est resté en gare, seuls quelques voyageurs habitués se laissent encore berner par la fumée qui s’échappe de sa cheminée.

Si #EducMa avait un papa...

Comme si cette farce ne suffisait pas, qui ont-ils choisi pour «troller» Abdelilah Benkirane ? Un certain Habib El Malki, député depuis 1993, une époque où une partie des électeurs était à peine née. En plus de son rond de serviette au Parlement, Habib - pour les intimes - a géré le ministère de l'Education nationale de 2002 à 2007. Cinq belles années de jachère de l'enseignement pour la génération Y. Normal en quelque sorte pour celui qui venait de diriger le ministère de l'Agriculture de 1998 à 2000.

Si vous pensez que mes propos sont trop durs et qu'il ne faut pas faire porter la ruine de notre système éducatif sur les seules épaules du prof universitaire fan de chocolat, rappelons qu'après lui, rares ont été les ministres de l'Education ayant eu un mandat de cinq ans. D'ailleurs en 2005, le COSEF dirigé par feu Meziane Belfqih avait cloué au pilori le bilan d'El Malki. Notre ministre de l'époque de répliquer que son nouveau modèle d'éducation et de formation devra produire «une nouvelle race d’élèves». Il avait sûrement en tête le mouton Boujaâd, race ovine de sa région natale. Ministre de l'Agriculture je vous disais !

Bulletins chargés à blanc

Pour ne rien arranger, soulignons également que Habib El Malki, né en 1946, a été élu secrétaire général du Conseil national de la Jeunesse et de l'avenir en 1991. Il a quitté ce poste en 2000, soit à l'aube de ses 54 ans. Résumons : première mi-temps ; pendant 9 ans, Habib était à la tête d'un conseil consultatif chargé de faire des recommandations au défunt roi Hassan II dans le domaine de la jeunesse. Deuxième mi-temps ; ministre de l’Education pendant cinq ans. Soit quatorze longues années à saper l’éducation nationale et on se demande encore pourquoi nous perdons tous nos matchs ?

Enfin, après ce rappel du parcours politique, laissons le bien-aimé Habib tranquille et notons une dernière touche d'ironie lors de cette élection. Sur 395 députés, le président a été élu avec 198 voix. Il a certes obtenu la majorité mais ce qui est intéressant, c'est le reste des voix : 7 nuls, 137 votes blancs, le reste est constitué des abstentions de l’Istiqlal.

Aux prochaines élections, qu'on ne vienne plus postillonner sur les électeurs qui décideront, en leur âme et conscience, de s'abstenir ou de voter blanc. Car même lorsqu'on vote pour vous, on a l’impression de tirer à blanc.

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